Lors de la prière du vendredi 15 février dernier, l’imam de la mosquée de Dravela, en commune II, s’est, disons-le comme cela, égaré dans son sermon. Il a mélangé politique et religion. Le vendredi suivant, c’est la communauté des Imams de la commune qui est venue présenter des excuses aux fidèles, qui n’avaient pas apprécié l’attitude de leur Imam.
On se rappelle l’incident du vendredi 15 février dernier. L’imam a commencé son sermon, pendant son prêche, en parlant de politique et en signifiant publiquement son soutien au Premier ministre, SoumeylouBoubeyeMaïga, qui serait à couteaux tirés avec le Président du Haut conseil islamique. Des fidèles avaient alors quitté la mosquée, certains se jurant de ne plus y revenir prier derrière ledit imam. D’autres étaient allés jusqu’à demander qu’il soit relevé de sa fonction. Pour faire taire cette tension, la communauté musulmane du quartier, conduite par l’Imamat, a effectué le déplacement pour présenter des excuses au nom de l’Iman indexé. Comme quoi, Islam et politique ne font pas bon ménage.
Un sermon sur le pardon
La prêche du vendredi 22 février était bien loin de celui du 15. Comme s’ils y étaient obligés, tour à tour, tous ceux qui ont pris la parole ont orienté leur prêche sur le pardon, avec des exemples ayant trait à la force du pardon dans la religion. Les émissaires envoyés dans la mosquée, s’attardant sur la miséricorde divine, ont essayé de plaider en faveur de leur homologue. « Nous sommes parmi vous aujourd’hui pour vous présenter les excuses de notre confrère, qui s’est égaré la semaine dernière. Cela a provoqué des différents entre les fidèles et l’imam… Mais, lorsque l’on fait appel à la raison, la passion s’écarte. Notre confrère reconnait sa faute et se repent. Il vous demande de lui pardonner et promet que cela ne se reproduira plus jamais. Nous, les membres de l’Imamat, implorons aussi votre pardon pour lui, au nom de Dieu Le Très Miséricordieux », a déclaré le porte-parole de l’Imamat. Au même moment, dans le public, l’on pouvait entendre des chuchotements. Certains se plaignaient de la Commission et d’autres reconnaissaient que la demande de pardon devait être acceptée entre musulmans, au nom de l’Islam.
Propagande, la goutte de trop
Lors de cette prière du vendredi dans cette mosquée, un évènement pas trop habituel était pourtant au rendez-vous. Une caméra filmait les interventions et les fidèles qui y étaient présents. Cet acte a fait réagir bon nombre de personnes, qui l’ont trouvé anormal. « S’il est vrai que nous sommes des musulmans, nous ne devons pas faire de propagande ou de publicité dans l’accomplissement de notre devoir religieux. Pourquoi des caméras dans la mosquée ? C’est encore de la politique, car c’est aux autorités qu’ils vont remettre l’enregistrement », s’était indigné un fidèle du nom d’Abdramane Traoré. Entre protestations et mutisme de certains fidèles, l’Imam, pour clore la prière, a pris la parole pour recadrer son allocution du vendredi dernier et pour ensuite présenter ses excuses aux fidèles. Ces derniers se mirent à quitter la mosquée sans attendre la traditionnelle Fatiha. C’est peut-être le signe qu’ils n’ont pas encore décoléré et que la grogne risque de continuer un bon bout de temps.
Islam et religion ne font pas bon ménage, nous le savons depuis fort longtemps. Seulement, la cohabitation n’est pas interdite, mais, de nos jours, la communauté musulmane du Mali se plaît à faire de la politique son terrain de jeu. Qu’à cela ne tienne, nous devons savoir que le fait que le pays soit à plus de 97% musulman n’en fait point un pays islamique. La preuve, la pratique de la charia a été purement et simplement rejetée.
Source : Nord sud