Une délégation gouvernementale a fait le déplacement hier dans le village endeuillé pour apporter le soutien des autorités et du peuple tout entier aux familles éplorées.
Une centaine de civils tués, des maisons et des vivres incendiés, du bétail décimé, c’est le triste bilan de l’attaque du village d’Ogossagou (cercle de Bankass) perpétrée dans la matinée du samedi 23 mars 2019, par des éléments armés non encore identifiés. Cette barbarie d’une autre époque a plongé tout le pays dans la consternation. Certains compatriotes, dans la stupeur, ne comprennent pas comment des communautés qui vivaient ensemble paisiblement en sont arrivées à ce niveau de violence inqualifiable.
Les groupes terroristes ont prospéré dans cette zone et attisé les tensions entre les communautés en perpétrant des assassinats ciblés. Devant la multiplication de ces actes qui restaient impunis, les populations ont organisé l’autodéfense. Et on s’est retrouvé dans un engrenage où aux actions des terroristes répondent des actes de représailles des groupes d’autodéfense. Et ce sont les paisibles civils qui en paient le plus lourd tribut.
Après les événements du week-end, il est urgent de tout mettre en œuvre pour stopper cette spirale de violences. C’est à cela que le gouvernement s’est engagé en prenant rapidement des mesures fortes. Dans un communiqué, il a condamné cette «lâche attaque», «cet acte odieux» et exprimé sa «compassion aux familles des victimes innocentes». Il a aussi décidé d’ouvrir une «enquête pour déterminer les circonstances de ces crimes», de «traquer les auteurs de cette barbarie d’un autre âge et de les punir ». Par ailleurs, l’exécutif a dit sa détermination à continuer d’assurer la protection des populations, de recréer les conditions d’une véritable cohésion sociale et de promouvoir la réconciliation nationale.
C’est dans ce cadre qu’hier, une délégation gouvernementale s’est rendue dans le village d’Ogossagou. Comprenant le ministre de la Justice, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Porte-parole du gouvernement, la délégation a fait le constat de l’horreur et apporté le soutien des autorités et du peuple tout entier aux familles éplorées. Une aide médicale a été également apportée aux blessés.
Compte tenu de la gravité de la situation, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a présidé, dimanche à Koulouba, un conseil des ministres extraordinaire à l’issue duquel l’Association DAN NA AMBASSAGOU a été dissoute. Aussi, des changements importants ont été opérés à la tête de l’Armée (lire le compte-rendu du Conseil des ministres).
A l’issue du conseil des ministres extraordinaire, le chef du gouvernement a précisé que la dissolution de l’Association DAN NA AMBASSAGOU est une décision qui vise à «indiquer clairement aux uns et autres que la protection des populations reste et restera le monopole de l’Etat». Il a invité les forces de sécurité à faire respecter de manière vigoureuse les différentes directives qui ont été données à savoir l’interdiction de circulation des engins à deux roues et des véhicules sur un certain nombre d’axes qui avaient été déterminés. Aussi, toute personne qui ne devrait pas être armée doit être désarmée.
Le Premier ministre a également expliqué : «Le président de la République a rendu hommage bien sûr à tout ce qui a été fait jusque-là, mais les derniers développements nous ont aussi conduits à opérer les ajustements qui s’imposent afin de consolider les acquis qui ont été déjà enregistrés et de donner un second souffle à nos forces pour qu’elles soient davantage à la hauteur des attentes des populations».
Le massacre des habitants d’Ogossagou a suscité une vague d’indignation et de condamnation aussi bien sur le plan national qu’international. Ce disant « choqué et outré » par cette atrocité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « condamné fermement cet acte odieux et appelé les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice».
Des mouvements impliqués dans le processus de paix, à savoir la Plateforme, le MSA, la CME, Ganda Izo, la CMFPR3 et le CJA, ont, dans un communiqué, condamné «ce crime de masse» et présenté leurs condoléances aux familles des disparus. Ils ont souhaité prompt rétablissement aux blessés et exigé des mesures urgentes pour «la cessation immédiate et définitive des crimes de masse». Les signataires du communiqué ont également demandé la mise en place d’une «commission d’enquête indépendante afin que les responsables de ces massacres puissent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes».
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a, elle aussi, rendu public un communiqué dimanche pour appeler « à la cessation immédiate de ces massacres qui s’apparentent à un véritable pogrom orchestré».Madiba KEITA Copyright Malijet © 2008 – 2019.
Source: Essor