ROLE DE LA SOCIETE CIVILE POUR LA PAIX ET LA SECURITE AU MALI

Focus sur le livre blanc des OSC du Mali

Depuis 2012, le Mali connait l’une des crises les plus graves de son histoire. Elle remet en cause la force de la cohésion sociale qui a fait la fierté du Mali, et elle continue d’avoir un impact durable sur la  sécurité des différentes communautés qui composent la ‘mosaïque du pays’. Sa résolution est éminemment complexe mais elle conditionne le retour d’une paix durable dans notre pays. Aussi pour jouer  apporter davantage sa contribution à l’apaisement de la situation, les organisations de la  société civile du Mali et certains partenaires étrangers ont conduit une  étude   qui aboutit à l’élaboration d’un document dit ‘’ LIVRE BLANC DE LA SOCIETE CIVILE POUR LA PAIX ET LA SECURITE AU MALI’’

Mme  SIDIBE Mariam KHAIDAMA CISSE, Ancien premier Ministre  a indiqué dans sa note   en  préfaçant ce livre que    grâce au soutien du gouvernement suédois, le Stockholm International PeaceResearch Institute (SIPRI) et son partenaire au Mali, la Coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre la prolifération des armes légères (CONASCIPAL) ont élaboré une approche innovante destinée à mieux cerner, sur l’ensemble du territoire, les besoins des populations en termes de sécurité et e développement.  Le Livre Blanc de la société civile pour la paix et la sécurité au Mali se veut un outil de plaidoyer dont l’objectif est de faire entendre la voix des populations maliennes dans l’élaboration des mesures sécuritaires. Fondé sur des études menées dans le cadre du projet de recherche conduit par le Stockholm International PeaceResearch Institute (SIPRI) et la Coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre la prolifération des armes légères (CONASCIPAL), ce livre présente une analyse inclusive et approfondie de la réalité des défis sécuritaires auxquels sont confrontées les populations dans leur vie quotidienne. Il contient en outre des recommandations destinées à accompagner la réflexion des décideurs politiques et partenaires techniques et financiers. La rédaction du livre a été pilotée par une Commission réunissant cinq organisations nationales de la société civile, cinq centres de recherche maliens, des représentants des organes de presse, ainsi que des représentants des hautes autorités (trois anciens Premiers ministres). Les études ont notamment mis en lumière le fait qu’il n’existe pas de conflit unique au Mali. La crise sécuritaire est en réalité constituée de nombreux conflits locaux, voire micro-locaux. Les besoins et les attentes des populations varient selon les zones géographiques, le sexe, l’âge ou le caractère rural ou urbain des populations. La première recommandation faite aux décideurs nationaux et internationaux est de reconnaître que les priorités sécuritaires des populations ne sont pas les mêmes dans toutes les régions et que ces disparités rendent les politiques globales  adaptées. Afin d’accompagner la réflexion, Les OSC se proposent de participer à la formulation de réponses politiques concrètes, adaptées aux préoccupations sécuritaires locales, en réalisant des études socioanthropologiques qui permettraient de mieux cerner les réalités locales. Deuxièmement, les OSC constatent un fossé grandissant entre, d’un côté, les priorités quotidiennes des populations locales en matière de sécurité et de développement et, de l’autre, les réponses politiques nationales et internationales. Dans les régions du Nord et du Centre en particulier, les autorités semblent apporter essentiellement des réponses militaires (menées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Mali, la MINUSMA, Barkhane ou la FC-G5 Sahel), alors que les populations sont plutôt en demande d’aide humanitaire, de développement économique local, de services de base et de cohésion sociale. Les OSC recommandent l’adoption d’une approche genrée et générationnelle de la sécurité humaine, qui soit fondée en particulier sur la participation des jeunes et des femmes, conformément aux Résolutions 2250 et 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies. La troisième recommandation aux décideurs nationaux consiste à privilégier des solutions structurelles plutôt que les projets à impact rapide. Le Mali et ses partenaires doivent concentrer leurs actions sur les causes profondes et chroniques des frustrations des populations, plutôt que sur les seuls symptômes de la crise. Les solutions rapides n’aideront pas le Mali qui a besoin d’un nouveau ‘contrat social’ entre le gouvernement et la population afin de bâtir un modèle d’État que toutes les populations pourront accepter et dans lequel elles pourront se reconnaître. Afin d’améliorer les relations avec la population, les OSC soulignent que la gouvernance du secteur de la sécurité doit inculquer une culture du ‘service à la population’ et du respect des droits de l’homme au sein des FDS. Il faudrait également améliorer la compréhension et la connaissance du mandat des FDS, ainsi que leurs responsabilités vis-à-vis des civils. Les OSC, pour leur part, sont en mesure d’appuyer ce processus de changement de culture et de faire valoir les perceptions de leurs relations avec les FDS par les populations. Étant donné la grande diversité du pays, le Livre Blanc formule les recommandations adaptées à la complexité des réalités quotidiennes des habitants. Pour le Nord, les OSC souhaitent l’amélioration de la mobilité des FDS pour faciliter l’accès de l’aide humanitaire. Les FDS devraient aussi être déployées au plus près des populations et pas uniquement dans les centres urbains. Dans ce contexte, les OSC estiment que l’une des priorités serait de réduire la menace liée aux engins explosifs improvisés afin de favoriser la mobilité, l’activité socio-économique et la création d’emplois. Les organisations recommandent également de renforcer le dispositif de prise en charge des victimes de violences basées sur le genre. En vue de diminuer les tensions entre les différents groupes dans le Centre, les OSC recommandent certaines opérations concrètes. Afin de ne pas compromettre le vivre-ensemble, les OSC insistent sur les risques d’une interprétation ethnique des conflits et d’une polarisation autour des identités locales. Elles proposent notamment de contribuer à une meilleure compréhension entre communautés, par l’organisation d’activités récréatives. D’un point de vue culturel, les femmes ont un rôle majeur à jouer dans ce sens. Enfin, les OSC recommandent aux décideurs de tenir compte, dans les programmes nationaux ou régionaux de sécurité, de l’existence des initiatives de sécurité locales, comme les groupes d’autodéfense, qui ont connu une croissance exponentielle et qui devront nécessairement être pris en compte lors de formulation de réponses à la crise sécuritaire que connait la région. Pour les habitants du Sud, région moins touchée par l’extension de la crise de 2012, l’urgence porte sur les besoins socio-économiques. C’est dans cette région que la confiance dans les institutions étatiques est la plus forte. Les OSC recommandent par conséquent une approche fondée sur le développement économique de la région. Investir dans les infrastructures routières et socio-économiques comme de l’eau et de l’électricité, et améliorer la qualité des services sociaux de base, tels que l’éducation et les soins médicaux, équivaudra à investir dans la sécurité humaine et permettra de prévenir les conflits.

Source : Radar

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