La jeunesse de Kabara a marché hier pour protester : une partie de la route qui la relie à Tombouctou n’arrive pas jusqu’à Kabara. Le quartier « crie à l’injustice », se sent exclu.
Il est 8 heures, ce mercredi 21 août. La porte d’entrée de la ville de Tombouctou est prise d’assaut par des centaines de manifestants quittant le quartier Kabara. D’autres marcheurs de Tombouctou, une centaine, les attendent devant la mairie pour la déclaration finale. Une trentaine de policiers encadrent la marche. Non loin, quelques blindés de la Minusma se positionnent entre la mairie et le gouvernorat. Le quartier général de la Minusma se trouve à 4 kilomètres de la ville de Tombouctou, sur le même site que l’aéroport de la ville
Initiée par le collectif « Action citoyenne des jeunes » de Kabara, la marche a démarré à la porte d’entrée de la ville pour finir devant l’hôtel de ville. Pour le collectif, Kabara est exclu des initiatives de développement.
Bonheur des « bourgeois dirigeants »
Sur les 7 kilomètres qui séparent Kabara de Tombouctou, on pouvait lire ou entendre « À bas l’injustice ! », « Exclusion, à bas ! ». « Minusma destructrice ou constructrice ? La Minusma doit corriger ses erreurs », scandaient certains jeunes. D’autres arboraient une banderole sur laquelle on pouvait lire « Non à l’exclusion de Kabara ! Élus communaux, prenez vos responsabilités en exigeant la construction de l’intégralité du tronçon Tombouctou – Kabara -Koriomé ».
La marche des jeunes de Kabara fait suite au démarrage des travaux de construction de la route qui relie la ville de Tombouctou à l’aéroport. Les manifestants de Kabara dénoncent les travaux sur une partie du goudron (aéroport- centre-ville), alors que celle qui mène à Kabara, porte d’entrée même de la « ville des 333 saints », est complètement délabrée. « Ces travaux ne sont réalisés que pour le bonheur des bourgeois dirigeants, qui voyagent à travers les vols de la Minusma et de ceux qui travaillent à l’aéroport. Ce n’est pas construit pour la population. Pas du tout ! », s’indigne Mahamane Abdoulaye, porte-parole des manifestants.
Injustice
Alors que les travaux des 4 kilomètres ont été lancés au mois de mai 2019, les habitants de Kabara se disent victimes « d’injustice » de la part de la mission onusienne et des autorités locales : « Les pauvres populations, qui voyagent, passent par la route qui va à Kabara. Les agriculteurs, les pêcheurs de même. C’est aussi la première porte d’entrée de la ville. Délaisser cette partie du tronçon, c’est laisser nos populations dans leur souffrance », dénonce Hamsetou Haïdara, habitante de Kabara.
Sur toutes les banderoles et dans les revendications, un doigt accusateur est pointé à l’encontre de la Minusma pour avoir initié « une construction partielle » dans son propre intérêt. Pourtant, la demande de construction a été faite par la société civile appuyée par les autorités régionales et acceptée par la mission pour financement, selon une source locale.
Ultimatum
« Nous avons accepté de financer 4 kilomètres à la demande de la société civile. C’est ce que nous pouvons. Les autorités locales ont expliqué plusieurs fois aux populations qu’il s’agit d’une première tranche et qu’un financement sera cherché pour la deuxième tranche du goudron. On ne décide jamais de la construction d’une infrastructure sans la demande des populations. Elles demandent et nous, nous finançons dans la mesure du possible », explique un responsable de la Minusma.
Le collectif, qui a remis une lettre aux autorités municipales, leur donne une semaine pour donner suite à leur demande. Il a même menacé de tout faire pour arrêter les travaux déjà en cours si rien n’est fait pour Kabara : « Si on ne commence pas la route de Kabara, celle qui est en cours ne va pas s’achever », prévient Mahamane Abdoulaye, porte-parole du collectif.
Recherche de fonds
Pour le président de l’Autorité intérimaire de Tombouctou, il ne sert à rien de s’attaquer aux bailleurs qui aident la région : « la Minusma n’est pas obligée de financer le reste du tronçon. Nous sommes en train de chercher des partenaires pour financer le reste. Nous avons rencontré plusieurs partenaires pour ça, même en dehors du Mali », explique Boubacar Ould Hamady.
Les 4 kilomètres reliant la place de l’indépendance à l’aéroport sont financés par le royaume du Danemark et le fonds fciduciaire des Nations unies, à hauteur de plus d’un milliard deux-cents millions…Lire la suite sur aumali
Source : L’Indicateur du Renouveau