Après l’Accord Politique de Gouvernance du 2 Mai 2019, le Président de la République a proposé un « Dialogue Politique National Inclusif » avec la nomination d’un Triumvirat chargé d’animer la réflexion et la désignation d’un Président du comité d’organisation.
Ce projet présidentiel est salutaire. À une condition : qu’il sorte des sentiers battus. Et, alors que le Dialogue proposé fait la « Une » des journaux, nous ne connaissons toujours pas les bases du dialogue annoncé, le déroulé et son calendrier, les critères de participation.
Cette initiative politique répond aux demandes maintes fois répétées par les forces démocratiques pour un dialogue entre Maliens avec un objectif : dégager des perspectives de sortie de la crise dans laquelle notre pays est plongé depuis 2012.
Chiche ! Que le débat politique et idéologique s’instaure enfin.
Des rencontres tous azimuts se multiplient dans le microcosme de l’intelligentsia bamakoise. Raison de plus pour intervenir dans le débat, afin que ce Dialogue Politique National Inclusif ne soit pas, une fois encore, une grande messe dont nous sommes coutumiers au bord du Djoliba. Des grandes et coûteuses messes qui accouchent généralement d’une souris.
La majorité silencieuse du peuple malien doit se faire entendre. En reprenant une formule célèbre : « Que les bouches s’ouvrent ».
Les sujets à mettre en débat ne manquent pas. Il convient de les
identifier pour ensuite construire les vraies solutions. En voici
quelques-uns :
• Assurer la sécurité des populations, reconstruire la
paix, la cohésion et l’entente séculaire entre tous les Maliens. Sans
paix ni sécurité point de développement.
•Restaurer l’intégrité
territoriale du Mali, en redéployant notamment notre administration sur
toute l’étendue du territoire national.
• Reconquérir notre souveraineté nationale et la dignité des Maliens.
•
Construire une gouvernance démocratique et populaire en revisitant nos
institutions budgétivores, afin de les rendre conformes aux besoins du
peuple et aux moyens du pays.
• Assurer la sécurité des personnes et des biens du Nord au Sud, d’Est en Ouest.
• Moderniser et dynamiser la justice malienne, au seul service (exclusif) de la population en s’assurant de sa probité.
•
Agir avec détermination et sans faiblesse, contre toutes les formes de
corruption, contre les corrupteurs et les corrompus, lutter contre
l’enrichissement illicite, la spéculation foncière, la fraude
électorale, la gabegie et le népotisme.
• Réhabiliter notre processus
démocratique, pour une réelle émancipation politique, sociale,
économique et culturelle du peuple malien.
• Donner la priorité
absolue à l’éducation, la santé, la jeunesse, l’agriculture, en assurant
un développement économique raisonné, utilisant les nouvelles
technologies et protégeant nos richesses nationales.
Telles sont, selon moi, les priorités qui devraient figurer au centre des débats du Dialogue Politique National Inclusif. Aucun sujet concernant la vie de la nation ne peut et ne doit rester tabou.
Enfin, ce débat ne peut pas faire l’économie du bilan des six années de présence des forces étrangères dans notre pays (Serval, Barkhane, Minusma).
Le Mali a besoin d’un sursaut national et patriotique à l’image de celui survenu en 1991.
Le Dialogue Politique National Inclusif sera constructif et aura un caractère véritablement national s’il implique tous les Maliens, leur permettant à cette occasion d’exprimer leurs colères, leurs souffrances, leurs souhaits, leur espérance de construire un grand Mali, en bannissant l’hypocrisie, le double langage et l’opportunisme politique.
Le Dialogue Politique National Inclusif, ne doit surtout pas servir de tremplin pour se donner bonne conscience, après la crise post-électorale qui n’en finit pas de perdurer.
Il est temps que le peuple malien reprenne l’initiative. C’est possible avec une direction politique éclairée et dégagée de tout opportunisme, en s’appuyant sur les valeurs fondatrices de la République du Mali, le 22 septembre 1960.
Dans le respect de la diversité des opinions, des croyances, des philosophies, debout sur les Ramparts, pour construire une alternative favorable aux intérêts du peuple malien.
Bassirou Diarra
Officier de l’Ordre National du Mali
Chevalier de la Légion d’honneur de France
Ancien Secrétaire Général Adjoint
de la Présidence de la République du Mali
Source: Info Matin