Sans Tabou: les experts onusiens enfoncent Ould Mataly

Très loquace ces derniers temps dans ses sorties contre l’ONU qu’il accuse de lui faire un faux procès, à travers ses sanctions pour son implication supposée dans le trafic de drogue au nord du Mali, l’honorable Mohamed Ould MATALY semble désormais être dos au mur. Du moins si l’on s’en tient au dernier rapport rédigé par les experts de l’ONU. La précision des liens entre le député et les accusations lui laisse très peu de place pour une sortie honorable à l’honorable Ould MATALY, dans cette affaire.

Dans un rapport communiqué, le 15 juillet 2019, au Comité du Conseil de sécurité, et dans le chapitre consacré aux questions relatives au trafic de stupéfiants, le groupe d’experts sur le Mali a fait des révélations qui sont visiblement très compromettantes pour l’élu de Bourem, jusqu’à preuve du contraire. Cependant avant la publication de ce rapport, le député du nord, élu sur la liste du parti majoritaire (RPM) avait usé de tous les moyens de communication de bord pour se blanchir des accusations à lui reprochées par l’ONU.

Ainsi, on se rappelle, ce mardi 9 juillet 2019, à la surprise générale, le nom de l’honorable Ould MATALY était apparu parmi les personnes accusées par l’ONU d’entrave à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issue du processus d’Alger. Suite à cette annonce, l’honorable avait vivement protesté en accusant l’ONU de rouler pour l’ex-puissance coloniale.

« La France nous en veut pour notre engagement pour le Mali. Car, nous avons mis en échec son projet de partition du pays », disait-il. Mais, le dernier rapport des experts de l’ONU sur le Mali semble prouver le contraire en établissant clairement les liens de connexion entre le parlementaire malien et des réseaux narcoterroristes dans plusieurs affaires.

Dans son rapport à mi-parcours de 2019, le Groupe d’experts a indiqué qu’Hanoune Ould Ali Mahari, figure de proue du MAA-Plateforme, avait cherché à obtenir la libération de ressortissants maliens, notamment Sid’Ahmed Ben Kazou Moulati, alias Zaneylou, arrêté à Niamey dans une affaire d’expédition de 10 tonnes de résine de cannabis (haschich) entre avril et juin 2018.

« Selon plusieurs sources de renseignement, Hanoune Ould Ali agissait pour le compte de Mohamed Ben Ahmed Mahri alias Mohamed Rouggy, auteur intellectuel de cette opération avec Ben Kazou Moulati. Les deux hommes ont été vus ensemble à Niamey en décembre 2017. Par ailleurs, Ben Ahmed Mahri et Ben Kazou Moulati dirigent la société Tilemsi Distribution et Transport établie à Niamey, filiale d’une société éponyme de Gao, dont le nom est également abrégé en « Tildis SA » », indique le rapport.

Selon des sources de renseignement citées par les experts de l’ONU, Mohamed Ould Mataly détient également des parts de la société Tilemsi Distribution et Transport.

« Ses liens avec Tilemsi Transport ont été confirmés par un billet posté sur un blog et une réaction à un article sur le trafic de drogues au Mali », précisent les experts. Ould MATALY a dit au Groupe d’experts avoir créé cette société, mais ne plus en détenir de parts, celle-ci étant maintenant gérée par ses proches. Or, il se trouve que Ben Ahmed Mahri est le gendre d’Ould Mataly.

Le rapport ajoute : « Ce dernier a également défendu certaines des 12 personnes arrêtées à Niamey, dont Ben Ahmed Moulati, arguant qu’elles n’avaient à voir avec l’affaire et qu’elles se rendaient à Gao pour d’autres raisons au moment de leur arrestation ».

Selon les informations communiquées par un État membre à l’ONU, « Mohamed Ould Mataly sert de relais politique à des trafiquants de drogues dont Mohamed Rouggy en les protégeant contre toute intervention des autorités étatiques, en subornant les services de sécurité et en avertissant les trafiquants de la tribu arabe des Lehmar des éventuelles opérations de lutte contre les stupéfiants ».

Rappelons que ce Groupe d’experts onusien a été créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité.

Par Sidi DAO

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