Gouvernance IBK dans le creux de la vague : La menaçante levée du bouclier social

La laborieuse réélection d’IBK à Koulouba n’a apparemment pas fini de faire des vagues. Avec pour corollaire, des actes de défiances du Premier ministre, des gouverneurs et d’alliés religieux du pouvoir. Le duo IBK-Boubou Cissé saura-t-il venir à bout de cette nouvelle phase de la crise qui secoue le pays ?  

Maliweb.net Sous une forme menaçante de désapprobation de la gouvernance du pays, des populations ne cessent de se soulever ces derniers jours à divers endroits pour défier l’autorité de l’Etat. Tombouctou, Kati, Kayes, Gao, Bougouni,          Bandiagara etc, des jeunes protestent, bloquent la voie publique, ou menacent de s’en prendre à l’autorité publique pour se faire entendre.

C’est ainsi que les semaines dernières pour plaider en faveur du lancement des travaux de certaines routes, des milliers de jeunes sont montés au créneau pour défier le pouvoir. Certains sont allés jusqu’à demander publiquement la démission du Premier ministre et de son gouvernement. Doit-on pousser le bouchon aussi loin pour une simple histoire de travaux de construction de routes ? N’y a-t-il pas derrière ces manifestations, qui semblent contagieux, des velléités cachées de contestation même du pouvoir, dont on sent la légitimité plutôt fragile ? Aucune hypothèse ne doit être négligée, mais tout semble indiquer qu’il y a une grande soif de dialogue et de discussions entre gouvernés et gouvernants. Comme un besoin de dialogue approfondi sur les insuffisances et les mécontentements au sein des populations. IBK a-t-il cette analyse de la situation ? Rien n’est moins sûr ! Car, interrogé sur le besoin de discussions souveraines entre Maliens, le chef de l’Etat s’est montré plutôt réticent et évasif. « Rien n’interpelle une conférence nationale souveraine comme certains se plaisent encore à le penser. Je crois qu’il faut mettre tout cela en ordre. Et chacun aura fait le constat de la nécessité aujourd’hui d’un dialogue en profondeur entre les Maliens sur toutes les thématiques qui s’offrent à nous dans le domaine politique, dans le domaine économique, dans le domaine social. Et surtout dans le domaine du vivre ensemble, les questions de paix et de sécurité. Voilà des sujets assez importants et assez préoccupants qui suffiraient à nourrir un échange entre Maliens. Donc, c’est un dialogue national inclusif entre Maliens. Si nous arrivons à le conduire sur ce terrain là, nous aurons servi le pays avec beaucoup de foi. C’est ce qui est attendu de nous. Il ne s’agit pas d’une conférence nationale souveraine », a déclaré le locataire du palais de Koulouba dans sa récente interview du 4 septembre.

Pendant ce temps, des voix ne cessent de s’élever pour dénoncer la mauvaise gestion du pays sur plusieurs plans, dont la justice, la sécurité, le transport et les infrastructures routières, la gestion des marchés publics, la vie chère, etc. Et IBK de déclarer que cette histoire de « Sirako » ne l’a pas du tout inquiété. « Je trouve que c’est très sain. L’agenda du chef du gouvernement a été rondement mené. Quand il a dialogué la compréhension est venue. C’est ça la démocratie »

Sauf que le chef de l’Etat semble perdre de vue le fait que ces différents petits débuts de soulèvements peuvent s’exacerber et entraîner une grande colère préjudiciable à la stabilité du pays. Déjà, ce lundi 9 septembre, les milliers de jeunes de Tombouctou n’ont-ils pas réclamé le départ du gouverneur et refuser d’écouter l’appel au calme des imams, au moment ou le Premier ministre s’est rendu à Paris ? Ce sont là des indices à ne pas négliger. Car, ce sont des petits affluents qui font de grands fleuves !

Malgré la communication du ministre Yaya Sangaré, il urge de circonscrire rapidement ce malaise social, qui pourrait être un ingrédient incandescent à la crise politico-sécuritaire déjà exacerbée dans le pays. A bon entendeur…

Boubou SIDIBE

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