Ceux qui sont en prison et ceux qui attendent leur tour d’être convoqués chez le procureur anticorruption joignent leurs forces dans un ultime combat dont on a vu les derniers développements la semaine dernière. Même derrière les barreaux, les délinquants financiers du Mali ne démordent pas, faisant feu de tout bois pour se trouver une porte de sortie. Fake news et désinformations sont leurs armes.
Jeudi dernier, ils ont testé un plan de sabotage du processus de toilettage entamé par Malick Coulibaly, le ministre de la Justice. Le jeu était assez simple : faire circuler un fake news (fausse nouvelle) sur le limogeage possible du garde des sceaux. Très rapidement, les réseaux sociaux ont été inondés de commentaires, la fausse nouvelle ayant tourné en boucles toute la journée et même les jours d’après.
C’était une façon de mesurer l’ampleur des dégâts si le ministre de la Justice qui gêne visiblement des barons du régime était éjecté de son poste. Au moment où la stabilité du pouvoir ne tient qu’à un fil, les personnalités influentes inquiétées par la Justice tentent de préparer l’opinion à une sortie musclée du garde des sceaux de l’exécutif malien, un gouvernement formé à l’issue d’un bras de fer entre les proches du président de la République et d’autres Maliens.
Mais ce n’est pas avec cette fake news que les soutiens des corrompus ont déclenché la résistance à la Justice. Depuis l’arrestation du célèbre paysan Bakary Togola pour détournement de biens publics, des voix se sont levées dans l’entourage du président de la République pour dénoncer le travail du procureur anticorruption. Dans un premier temps, les amis de Bakary Togola ont crié à un acharnement gratuit de la part de la justice en faisant croire que le prévenu est sacrifié sur l’autel politique par le pouvoir.
Puis, ils ont mis en avant une cabale orchestrée par des hommes et des femmes opposés au camp présidentiel. Ainsi, un sbire voulant bien défendre les corrompus a posté sur un réseau social un texte résumant le plan de liquidation de Malick Coulibaly. Sans le savoir, le bonhomme a fait étalage des tractations en cours entre des présumés délinquants financiers dont des ministres et un ancien Premier ministre.
Le ministre de la Justice veut rester droit dans ses bottes, surtout qu’il a fort du soutien populaire à travers plusieurs décisions salutaires. La livraison de quittances aux directeurs régionaux de la police fait partie de ces mesures qui ont fini par donner à Malick Coulibaly une réputation d’un « super ministre » aimé dans les rues. Déloger un tel serveur du peuple serait suicidaire pour un régime qui donne des signes inquiétants depuis une semaine.
Source : La Sirène