Ouverture « anticipée» de la prison de Kéniéroba : Les surveillants de prison dénoncent le transfert d’un nombre important de détenus dans « l’établissement inachevé »

Le syndicat des surveillants de prison du Mali a organisé un point de presse, hier, jeudi, 24 octobre 2019 à son siège à la CDTM, à l’hippodrome, pour dénoncer l’ouverture anticipée de la nouvelle maison d’arrêt et de correction de Kéniéroba, une prison qui n’offre pas, selon le syndicat, les conditions requises pour l’instant.

Situé à 77 km de Bamako, Kéniéroba est dans la commune du Mandé. Cette fois-ci, le ministre Malick Coulibaly a ouvert la boite au pandore. Il a envoyé des bandits de grands chemins, de tout acabit, des terroristes dans une zone où les structures élémentaires n’ont été encore installées, a déclaré le secrétaire général du syndicat des surveillants de prison, le lieutenant Konaté. Selon lui, il y a lieu de se demander si toutefois le ministre de la justice a approché les spécialistes de la sécurité pour s’apercevoir des conséquences incalculables que peut engendrer cette structure dans cet état. Dans cette zone, a-t-il fait savoir, il n’y a pas de poste de sécurité, pas d’eau, ni de toilette pour les surveillants de prison à forte raison une structure sanitaire en cas de besoin urgent. Le secrétaire général s’est interrogé comment celui qui fut le président des Droits de l’homme puisse prendre de telles décisions. Selon lui, même les portes de la prison n’offrent pas la sécurité requise. Pour le lieutenant Konaté, il s’agit d’alerter les autorités judiciaires du danger que peut encourir aujourd’hui une telle décision. Selon lui, ces 200 prisonniers qui ont été transférés constituent un danger pour les populations de la zone mais aussi pour les surveillants de prison, mal dotés et en nombre insuffisant pour contenir ces malfrats en cas de problème. « Kéniéroba n’est pas fini ». C’est pourquoi, le secrétaire général du syndicat est revenu encore pour réclamer leur rattachement au ministère de la sécurité qui n’aurait pas dû prendre de telles décisions sachant bien les enjeux de la sécurité. Selon lui, il n’y a pas plus de 20 surveillants aujourd’hui à Kéniéroba. Il a aussi explique que Kéniéroba manque de structure sanitaire. « Les surveillants de prison n’ont même pas de dortoir», a indiqué le secrétaire général. Il dira que le ministre de la justice a pris un gros risque en transférant des prisonniers dans ces conditions. «  Le ministre de la justice, ne disposant d’aucun conseiller spécialisé de la question et avec la bénédiction d’un Directeur étranger à la chose pénitentiaire ne se souciant que de sa carrière, pense améliorer les conditions de détention des détenus en transférant un nombre important de la MCA dans cet établissement inachevé dans un contexte d’insécurité connu de tous », selon le syndicat des surveillants de prison. Pour le syndicat, sans l’achèvement des travaux relatifs à la sécurité de base d’un établissement pénitentiaire et d’un recrutement de taille du personnel pénitentiaire dans le contexte malien, les résultats attendus de cette incitative ne pourront être qu’une détérioration des conditions de vie des détenus transférés vue le niveau de risque élevé et le nombre du personnel affecté qui imposeront à ce personnel les mesures de sécurité renforcée, et une démotivation du personnel au regard de leurs conditions de travail et le niveau élevé de l’insécurité.

 Fakara Fainké

Source : Le Républicain 26 Oct 2019

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