L’impasse du régime et le batifolage de l’Opposition

Indelimane. Voici une semaine jour pour jour que cette localité jusqu’ici inconnue de la plupart des Maliens occupe le devant de l’actualité. Par une ignoble stratégie, l’ennemi y perpètre une des tragédies les plus sanglantes de l’histoire de notre armée en voie de reconstitution. 54 soldats maliens, toutes origines ethniques confondues perdent la vie dans une attaque terroriste…


La Nation sous le choc fait bloc derrière son armée. Le Gouvernement condamne, ainsi que tous ses partenaires. Interpellé par l’atrocité de l’attaque terroriste, le Chef suprême des Armées, 4 jours après, s’adresse à la Nation et instruit à la hiérarchie militaire l’élaboration d’un concept opérationnel qui donne une part importante à l’offensive, au niveau de relèvement du commandement opérationnel sur le terrain et à l’amélioration des conditions d’engagement de nos hommes… Accompagné du ministre de la Défense et des anciens combattants, Ibrahima Dahirou DEMBELE, et de la haute hiérarchie de l’armée, le Président IBK devait se recueillir ce jeudi à Indelimane et rendre hommage à ceux qui sont tombés pour la patrie.

Rituel presque rodé. Insuffisant pour l’Opposition qui lui rappelle sa décision de sanctionner à la suite de l’avant-dernière tragédie. Dans sa guerre contre le régime, l’Opposition qui n’a pas tort sur toute la ligne, dégaine et indexe l’absence de vecteur aérien qui aurait pu, selon elle, éviter bien de revers à notre armée. Instruisant un procès en inquisition, elle rend le chef suprême des armées responsable de la dégradation continue et dramatique de la situation sécuritaire du pays.

Le batifolage politique se justifie-t-il à cette heure des grands périls où le Mali agressé a plus que jamais besoin d’une union sacrée de tous ses fils ? En ne prenant pour cible que le seul IBK, et les errements de sa gouvernance, l’Opposition stigmatise et creuse davantage la fracture politique et sociale au moment où ailleurs, juste à côté, la situation n’est pas plus enviable. Comparaison n’est peut-être pas raison face au drame commun. Il n’est toutefois pas malhonnête, de rappeler que ce n’est pas qu’au Mali qu’on déplore malheureusement la perte cyclique de soldats, que les populations se lassent du décompte macabre, des condamnations et des hommages funèbres.

Car, l’interrogation est dès lors : pourquoi ailleurs où il n’y a pas de corruption à ciel ouvert, le terrorisme frappe autant que chez nous ? Pourquoi ailleurs où l’argent des avions n’a pas été détourné, les soldats subissent, comme les nôtres, des revers ?
La vérité est que ce n’est pas qu’au Mali seul que les citoyens commencent à douter sérieusement de la capacité interne à gagner la guerre, qu’ils ne font plus confiance en la sincérité et en l’engagement des forces amies, et qu’ils exigent sursaut et sacrifice de la part de tous les patriotes pour aider et/ou suppléer l’État en vue de gagner la guerre.

Au Burkina voisin, presque autant, sinon plus ensanglanté que le Mali, le Président de la République a appelé, ce 7 novembre 2019, à la mobilisation générale et ordonné le recrutement de volontaires dans les zones sous menace terroriste.
Dès lors, il est temps que nous redescendions de nos grands chevaux pour faire face à la réalité, une réalité qui malheureusement nous dépasse, dépasse nos frontières.
« Peuple fier et digne, issu de grands guerriers (…)», prenons désormais conscience que nous sommes vulnérables par la faute de divisions, de nos errances et de nos ego.

Si nous voulons rester les « dignes héritiers de la longue et héroïque tradition de lutte de nos ancêtres », il nous faut sortir des combats d’arrière-garde et au coude-à-coude faire face à l’ennemi commun : le terrorisme.
Si on se trompe d’ennemi, on est mort. L’ennemi ce n’est ni IBK, ni la France, ni la MINUSMA.

PAR BERTIN DAKOUO

Articles associés