NICOLAS NORMAND, ancien ambassadeur de France au Mali : «l’armée française doit éviter la substitution »

L’ancien ambassadeur de la France au Mali, au Congo et au Sénégal, ancien directeur adjoint de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), Nicolas Normand, appelle l’armée française à éviter «la substitution et renforcer fortement l’appui matériel à l’armée malienne et le renseignement».

«Au Sahel, l’armée française doit éviter la substitution et renforcer fortement l’appui matériel à l’armée malienne et le renseignement. Il faut absolument aider les Etats sahéliens à assurer le contrôle du territoire et les services, sans aide contournant les Etats». Voilà un message twitté le 5 novembre 2019 par le ministre plénipotentiaire honoraire, ancien ambassadeur de la France au Mali, au Congo et au Sénégal, ancien directeur adjoint de l’IHEDN.

Ces quelques mots résument éloquemment le comportement de la France avec son ancienne colonie. Le pyromane qui joue au pompier ? Les acteurs politiques français et leurs partons des multinationales connaissent les problèmes crées et leurs solutions. Tout ce qui se fait et dit jusqu’ici n’est que pure diversion derrière lesquelles il n’y a qu’un sordide jeu d’intérêts – seule motivation en réalité des Etats qui e ce qu’ils veulent, avec la lâche complicité des traîtres locaux. Full stop !

Nicolas Normand publie des tribunes sur la situation au Sahel en général et au Mali en particulier. Il ne partage pas bien souvent la politique menée par son pays, la France. En juillet 2018, il a publié dans « Le Monde » une réflexion sous le titre « Au Mali, le chaos résulte d’une succession de faux-pas de la diplomatie française ». Le diplomate français affirme, dans une interview accordée à RFI en mars 2019 dans la mouvance de la parution de son livre « Grand livre de l’Afrique », que « la France a donné Kidal aux séparatistes ». Déjà en février 2016, il avait émis de fortes réserves sur l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.  

« L’accord de paix d’Alger [conclu au forceps en juin 2015 entre les autorités de Bamako et une nébuleuse de groupes armés touareg] va-t-il apporter la quiétude ? Je suis plutôt pessimiste. Ce pacte accorde une forme de prime à la violence, au profit des rebelles qui ont pris les armes, ce qui engendre des frustrations chez les autres. En outre, n’oublions pas que les factions jihadistes évoluent en-dehors du périmètre de cet accord. De même, il me semble illusoire de miser sur une décentralisation soutenue pour apaiser les tensions au nord-Mali. Il s’agit d’y mettre plus d’Etat et non moins d’Etat », avait-il souligné au cours de la 7ème édition du Marrakech Security Forum organisée les 12 et 13 février 2016 par le Centre marocain des études stratégiques.

Chiaka Doumbia

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