CENTRE DE TRAITEMENT DES DONNÉES DE L’ÉTAT CIVIL (CTDEC)

Attention, on fait des apatrides
Un apatride par définition est selon la convention de New York du 28 Septembre 1954 ‘’ toute personne qu’aucun État ne considère comme son ressortissant ‘’. Il se trouve malheureusement que c’est ce sentiment qu’animent des maliens qui trainent depuis des années à la recherche de leur carte Nina sans trouver gain de cause. ‘’Ça me fait 2 ans que je ne suis pas Malien car je ne peux rien faire sans la carte Nina c’est ce qu’ont décidé les autorités’’ pensent un ressortissant de la région de Kidal qui estime ‘’ qu’à l’heure où certains tentent de diviser le pays, il ne faut pas frustrer ceux qui se sentent Maliens’’.
A titre de rappel et dans le cadre de l’application de la loi N°0040 de 2006, tout citoyen malien doit être identifier par une numéro unique NINA. Toute chose qui a suscité le démarrage du RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil) lancé par le gouvernement en 2009 pour les élections futures, l’État du Mali entendait enrôler tous ses fils et filles pour se doter d’un fichier fiable et sécurisé. Ainsi en 2009, le Ministère de l’Administration Territoriale a engagé plusieurs centaines d’agents recenseurs à travers le pays. A la grande surprise, cette action salvatrice qui a coûté une fortune sur le dos du trésor fut sabotée et bâclée par le manque de niveau des agents recrutés. Au nord ce sont des jeunes chômeurs, des expulsés des bancs proches des cadres du ministère dans leur majorité qui ont été recrutés pour enrôler les populations. Certains ne savaient même pas lire les renseignements sur la carte d’identité présentée par le citoyen à enrôler. Du coup on assiste à des omissions des erreurs sur les dates de naissances, certains même ont vu leur nom et prénom inversés ou changés. Comment peut on recruter et envoyer des jeunes qui ne disposent d’aucun niveau et qui sont pas familiers avec les patronymes rencontrés à Kidal ou à Menaka ? Autrement dit, notre administration souffre de népotisme et de favoritisme et ce constat est visible malheureusement à tous les niveaux comme dans les rangs de nos forces de défense et de sécurité. Alors pour notre cas d’aujourd’hui , il est bon de noter que depuis un certain temps , la carte Nina à été recommandée pour avoir accès aux documents administratifs ( passeports , permis d’occuper, titre foncier et actes de mariage) le droit minimum est devenu le sésame le plus rare . Au Centre de Traitement des Données de l’Etat CIVIL (CTDEC) sis à Korofina en commune I du District de Bamako, même le planton est inaccessible. Plusieurs réseaux y sont installés et c’est le plus offrant qui est mieux servi. Les agents en uniformes chargés de sécuriser les lieux ont préféré se transformer en businessman, ils interceptent le client à 150m en proposant leur service, moyennant un pourcentage.
Même les déplacés et réfugiés ne sont pas épargnés par cette situation. Pourtant personne n’ignore le fait que ces couches ont tout perdu à cause des attaques et pillages de plusieurs villages au Nord.
‘’ Je suis malien et j’ai été enrôlé à Kidal, mais mal enrôlé car l’agent qui l’a fait a passé totalement à côté par rapport aux renseignements qui figuraient sur ma pièce que j’avais présentée. Je m’appelle Issouf ag Houssa et lui avait mentionné Youssouf Hassane ‘’. Et de regretter que ces agents se prennent pas la peine de s’assurer du bienfait du travail.’’ Une fois terminé, ils te retournent ta pièce tout en invitant le suivant. Alors ce n’est qu’au retrait de la carte Nina que je me suis rendu compte des erreurs survenues. Aussitôt connues, j’ai fait des réclamations et c’est le début d’un calvaire. Difficile de trouver un interlocuteur qui puisse prendre en charge ma préoccupation et ça me fait 2 ans que je ne suis pas malien car je ne peux rien faire sans la carte Nina, c’est ce qu’ont décidé les autorités’’ indiquent M . Issouf ag Houssa. Et d’ajouter que de tels actes sont regrettables, Nous sommes tous maliens et c’est un autre malien qui décide que moi je sois malien ou non. Nous sommes dans quelle république s’interroge-t-il ? On nous oblige à abandonner la nationalité malienne au nord et à Bamako, certains agents par leurs actes encouragent la partition du pays’’ regrettent M. Issouf ag Houssa. Par ailleurs, il est bon de noter que la corruption autour de la délivrance de la carte Nina a occasionné plusieurs manifestations de la plateforme pour le changement et la lutte contre la corruption. Pour cette plateforme avoir la carte Nina est un droit propre à chaque Malien’’.

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