Il suffit parfois de rien du tout pour qu’un petit problème survienne. Et, un petit problème mal réglé peut devenir un grand problème pour tout le monde. Comme ça a été le cas de la rébellion touareg de 2012 au Mali ; Comme ça semble être aussi le cas de la récente sortie très mal inspirée du chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal lors du 4ème congrès du mouvement indépendantiste MNLA.
Nous avons l’habitude de l’écrire : la mauvaise gestion de la crise malienne réside dans le fait que la rébellion armée de 2012 a été légitimée par la communauté internationale à commencer par l’ONU qui, au lieu de sanctionner cette rébellion armée qui avait déjà du sang sur les mains, l’a plutôt soutenue et aidée face à un Etat démocratique, membre signataire de la Charte de l’ONU.
C’est cette rébellion armée qu’est devenue le MNLA puis la CMA (coordination des mouvements de l’Azawad) qui peut tutoyer le gouvernement du Mali avec la bénédiction des membres du Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce mouvement armée qui s’est allié aux groupes djihadistes et terroristes pour déstabiliser l’Etat malien, a commis de nombreuses exactions sur le sol malien mais n’a jamais été condamné par la communauté internationale notamment l’ONU et qui s’érige aujourd’hui en Etat dans un Etat avec armée et institutions politiques.
Le MNLA aujourd’hui est parfois invité par certains membres du conseil de sécurité de l’ONU pour discuter et échanger sur des questions de sécurité au Sahel. Et, c’est fort logiquement que les représentants onusiens présents au Mali, participent aux congrès du MNLA et peuvent se permettre certaines déclarations.
Au 4ème congrès de ce mouvement indépendantiste installé sur un piédestal par les grandes puissances européennes et occidentales, le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal a pris la parole pour qualifier le représentant de l’Etat de « délégation venue du Mali ».
Ce qui sous-entend que Kidal n’est pas ou n’est plus du Mali. Ces propos tenus à l’heure où le « statut » de Kidal est fortement critiqué par l’opinion publique au Mali, devraient être condamnés avec la dernière rigueur et par les Maliens et par l’ONU et des sanctions appropriés pris pour éviter que de pareilles dérives verbales ne se reproduisent.
Seulement si, cette ONU est sincère lorsqu’elle dit par la voix du représentant de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif que « l’ONU respecte bien l’unité du Mali et son intégrité ».
Ce représentant onusien dont les rapports ont toujours été rédigés de sorte à critiquer le gouvernement du Mali sur « sa lenteur » à mettre en œuvre l’aspect politique de l’Accord d’Alger, n’a pas voulu condamner les propos de son travailleur, le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal.
Il parle plutôt d’« interprétation » de ces propos et rappelle simplement que l’ONU respecte bien l’unité du Mali et son intégrité. Ce qui signifie que les propos tenus par le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal, ne sont pas condamnables à ses yeux.
Ce n’est pas l’avis des Maliens qui, non seulement condamnent les propos tenus lors du congrès du MNLA mais exigent également des sanctions exemplaires. En d’autres circonstances et en d’autres lieux, le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal, serait relevé de son poste.
L’autre question est : que va faire l’ONU à ce congrès d’un groupe rebelle non désarmé qui lutte contre un Etat démocratique de surcroit signataire de la Charte de l’ONU ? Voilà la clarification à apporter pour que le conflit malien qui dure depuis des années puisse connaitre son dénouement.
L’ONU et le reste des pays européens et occidentaux doivent clarifier leur position dans le conflit malien qui oppose un groupe armé et un Etat démocratique et souverain.
El Hadj Tiémoko Traoré