Dialogue national inclusif : Tous d’accord pour crever l’abcès

Le Dialogue national inclusif bat son plein. Avec son corollaire de débats houleux, de prises de positions radicales et même quelques incidents

Au Centre international de conférences, où respire le Mali dans sa diversité pour quelques jours de débats déjà, toutes les idées sont recevables et portées par des personnes ressources. Elus locaux, anciens ministres, mouvements armés, femmes, tous sont venus défendre leur vision d’un pays unifié dans la diversité. Coiffé d’un turban correctement enroulé sur la tête, Fahad Ag Elhahmoud, secrétaire général du GATIA, salue l’avènement d’un dialogue positif où « les gens se parlent ». C’est plutôt « bon signe ».

Il vient d’échanger des amabilités avec Moulaye Ahmed, un leader incontournable de la communauté arabe de Tombouctou. Ils se sont serrés dans les bras pour donner un sens à leur fraternité. Finis les premiers échanges, Moulaye Ahmed confie que les travaux laissent un goût d’inachevé. Inachevé, parce que, de son point de vue, « il faut aller au-delà du recensement des problèmes que tout le monde connaît et faire des propositions concrètes et prendre des engagements ». Pour lui, énumérer les besoins des populations ne nous avance pas à grand-chose. Il préconise un niveau d’échange qui amènerait les différents acteurs à prendre des engagements prenant à témoin le peuple malien.

Dans le hall, 4e jour des travaux, une double cafeteria est opérationnel. C’est gratuit. Les serveurs sont débordés par la demande. Ils proposent du thé ou du café. À côté, un conglomérat de personnes discute à bâton rompu. Ce qui n’a pu être dit en salle est exprimé ici dans une atmosphère décontractée. Les retrouvailles vont bon train. Entre deux accolades fraternelles, un participant lance qu’il ne demande qu’une seule chose : le retour de Kidal dans le giron de l’État central. « Sur quelle base ? », riposte son interlocuteur. Ce court dialogue résume à lui seul toute la problématique que pose la question Kidal.

PAS DE SUJETS TABOUS– Qu’en disent les politiques ? Kadidia Fofana est participante au compte du Front pour la sauvegarde de la démocratie (Signataire de l’Accord politique). « Je suis très heureuse de prendre part à cet événement historique, un événement sans précédent parce que le Mali joue l’un des moments phares de son existence. Le Mali va mal aujourd’hui, et joue sa survie. Que les Maliens arrivent à oublier leurs colorations politiques, leurs colorations associatives, leurs différends, qu’ils se donnent les mains, qu’ils viennent s’assoir pour mettre le Mali au cœur est quelque chose de salutaire », dit-elle dans un langage dont les politiques ont le secret.

Au loin, on peut reconnaitre Mohamed Cherif Haïdara, président du Conseil supérieur de la Diaspora malienne (CSDM). Il s’est familiarisé avec les médias lors de sorties en faveur de nos compatriotes en mal d’hospitalité dans certains pays. C’est la continuité de sa lutte, il a répondu à l’appel des sages du Triumvirat pour apporter sa part d’eau au moulin. «Nous sommes très heureux de participer à la phase nationale de ce dialogue dont nous avons été l’un des artisans, et qui a commencé par l’acceptation de la main tendue du président de la République à travers l’Accord politique de gouvernance. Cet accord politique, à travers les exigences faites par les partis politiques, est devenu Dialogue national inclusif », soutient le Malien de l’extérieur. Et d’ajouter : « Il y a eu beaucoup de travail . Nous avons apporté les contributions dans les 24 ambassades et consulats choisis».

Pour lui, le DNI est « une opportunité offerte aux Maliens d’identifier les maux dont nous souffrons aujourd’hui, afin que chacun puisse donner ce qu’il pense être une solution. Avec l’ensemble de ces préoccupations, nous pourrons élaborer une feuille de route pour nos gouvernants ».

Ce dialogue, dit-il, permettra aussi de faire la somme de ce qui n’a pas marché pendant la Conférence d’entente nationale. « Aujourd’hui, il s’agit de faire la synthèse, compiler et permettre aux Maliens de comprendre désormais ce que nous voulons. Il n’y a pas de sujets tabous. Nous ne manquerons pas de dire au président de la République notre mécontentement, et lui dire que désormais nous voudrions que telle ou telle chose se passe comme ça ».

Pour conclure, il lance un message aux partis politiques : « nous ne manquerons pas de dire à nos partis politiques et leurs dirigeants comment nous voulons qu’ils agissent désormais. Parce qu’ils disent tous agir pour l’intérêt supérieur du Mali».

Ahmadou CISSÉ

Source : l’Essor

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