Reprise annoncée du procès Amadou Haya Sanogo et co-accusés : Un autre dossier brûlant pour les Maliens

L’audience de comparution de l’ancien chef putschiste Amadou Haya Sanogo aura lieu le 13 janvier prochain. L’annonce a été faite par le procureur général près  la Cour d’appel de Bamako Idrissa ArizoMaiga . Détenu depuis 2013, le général Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés sont poursuivis dans l’affaire dite des ” Bérets rouges”

Si tout se passe comme prévu, le procès Amadou Haya Sanogo et co-accusés va reprendre le 13 janvier prochain, comme l’a annoncé le procureur général près  de la Cour d’Appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga. Il s’agira de faire la lumière, toute la lumière, au cours de ce procès, de ce qui s’est réellement passé au lendemain de la tentative de contre coup d’Etat de 2012 qui a fait plusieurs morts et des portés disparus.

Reporté en décembre 2016 pour des besoins d’expertises médicaux, le procès du général Amadou Haya Sanogo va reprendre le 13 janvier prochain comme l’a annoncé l’un de ses avocats.

Amadou Haya Sanogo l’ancien homme fort du coup d’Etat de mars 2012 contre le président Amadou Toumani Touré qui vient de regagner le Mali après sept ( 7 ) années d’exil au Sénégal, n’est pas seul à comparaitre devant le tribunal. Plusieurs personnes dont BloncoroSamaké, Simeon Kéita, OumarouSanofo dit Kif Fif, Soiba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédraogo, Ibrahim Boua Koné etc, sont appelés devant le juge en qualité de co-accusés dans ce dossier.

Un dossier très délicat en raison du contexte politique actuel très tendu et aussi à cause de sa complexité.

Pour rappel, à la suite de la mutinerie au camp Soundiata KEITA de Kati le 22 mars 2012,des militaires se sont dirigés sur le Palais de Koulouba, siège de la présidence de la république. Cette mutinerie s’est transformée en coup de force et a contraint le Président Amadou Toumani Touré à présenter sa démission. Une junte militaire conduite par le capitaine Amadou Aya Sanogo a proclamé la suspension des institutions de la république et institué un Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat. L’accord de Ouagadougou pour la sortie de crise signé le 6 avril a constaté la démission du Président Amadou Toumani et pris acte de la désignation de Monsieur Dioncounda Traoré, à l’époque Président de l’Assemblée nationale, en qualité de Président de la république.

Du 30 avril au 1er mai 2012, le Régiment des commandos parachutistes basé à  Djicoroni Para en commune IV du district de Bamako a, à son tour, tenté un coup de force contre les membres du CNDRE, composés en grande partie de « bérets verts ». C’est à la suite des violents affrontements qui s’en sont suivi que vingt et un « bérets rouges ont été retrouvés ensevelis dans deux charniers situés à Diago dans le cercle de Kati, région de Koulikoro.

Sur instruction de Monsieur le procureur près la Cour d’Appel de Bamako, Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de la Commune 3 du district de Bamako a ouvert  une enquête qui a abouti à l’information judiciaire et l’inculpation de 28 militaires dont Amadou Aya Sanogo pour enlèvement de personnes, assassinat et complicité. Il a aussi été ordonné un non- lieu à suivre à l’égard de 8 personnes et mis en accusations 18 personnes dont un décès, le magistrat militaire Amassongo Dolo, né le 4 août 1966 à Sangha ; renvoyées devant la Cour d’Assises.

Les putschistes dirigeront le pays pendant un laps de temps avant de devoir céder sous la pression de la communauté internationale. Une transition politique est instaurée qui organisera des élections présidentielles lesquelles ont vu la victoire du candidat Ibrahim Boubacar Kéita, en qualité de président de la République. C’est lui qui fera arrêter le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses complices qui, depuis, 2013, sont détenus en prison en attendant un procès.

Procès dans lequel plusieurs familles des victimes de la tentative de coup d’Etat, se sont constituées partie civile.

Après plusieurs années, l’ancien homme fort de Kati et ses co-accusés ont été finalement présentés devant des juges lors des Assises à Sikasso. Le procès sera reporté pour des besoins d’expertises médicaux. Depuis, plus rien. Récemment, le dossier Amadou Haya Sanogo a été plusieurs fois évoqué non seulement par les plaignants mais aussi par des spécialistes de droit et organisations de défense des droits de l’homme qui trouvaient que la période de détention des accusés était suffisamment longue pour qu’un procès puisse normalement se dérouler. C’est dans cette foulée que le gouvernement et les juges ont décidé de rouvrir le dossier. C’est donc le 13 janvier 2020, cette fois-ci, à Bamako.

Pour de nombreux observateurs, ce procès pourrait bien révéler des surprises dont certaines désagréables si on sait que c’est la tentative de contre coup d’Etat qui a occasionné toutes ces pertes. Certains n’hésitent pas à pointer du doigt les hommes politiques accusés d’avoir manipulé les « bérets rouges » et les amener à la boucherie.

L’une des intrigues de ce procès est que, parmi les accusés se trouvent de nos jours,  un certains Ibrahim Dahirou Dembélé dans l’équipe  gouvernementale, occupant le portefeuille très stratégique du ministère de la défense.

La présence de l’actuel ministre de la défense et des anciens combattants, le général Ibrahima Dahirou dans le box des accusés le 13 janvier 2020 reste incertaine quand on sait qu’au Mali, la poursuite et le jugement d’un ministre de l’Etat en fonction, quelle que soit la cause, n’est pas d’actualité.

En tout cas, le procès devra permettre de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Si les parents des victimes crient justice, le peuple malien, dans son entièreté, veut savoir la vérité et toute la vérité. Même si, elle se révèle amère.

El Hadj Tiémoko Traoré

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