Société et religion : les limites de la pratique religieuse dans un dépendant comme le Mali

A environ 98% de religieux (musulmans et chrétiens), disent certains, (les chiffres peuvent tromper), la société malienne souffre de la dégradation des mœurs (corruption, vagabondage sexuel, taux croissant de divorce, mensonge, calomnie, consommation des stupéfiants par les jeunes, etc.). Face à cet état de fait, il y a lieu de se poser la question sur la force ou le pouvoir dont dispose la religion dans notre pays pour moraliser la société.

Au Mali, si vous n’êtes musulman, vous êtes chrétien ou animiste. Peu sont ceux qui se réclament animistes. Il s’agit de ceux qui sont d’aucune religion révélée. Ils représentent un pourcentage restreint. Lorsque nous lisons les textes religieux, nous constatons qu’au-delà de la spiritualité, les religions sont venues pour guider l’homme vers le droit chemin. L’homme est appelé à être juste envers soi et envers les autres. Au Mali, nous entendons les prêches partout, à la télé, à la radio, dans les coins des rues, dans les mosquées et les églises. Les leaders religieux grimpent en nombre, malgré tout cela, l’on constate que le malien devient tout sauf un homme ou une femme de référence en matière de bonne attitude.

Il se réclame religieux mais étant loin des vraies pratiques religieuses. Il prie mais fait le contraire de ce que les textes religieux demandent. Nous ne doutons pas de la véracité des textes coraniques et bibliques, mais nous doutons des adeptes de ces textes. «  Ne mettez pas en cause les textes saints en fonction des erreurs humaines », a dit un penseur.

Sur un autre plan, il faut reconnaitre que nous sommes dans un pays dit laïque qui a ses lois et d’autres textes pour gérer la société. Peut-on se poser la question : le statut laïc et républicain a-t-il limité la force des religions ? Les religions ont-elles une force pour imposer les bonnes pratiques ?

Les religions n’ont pas de poids sur la moralisation de la vie publique. Elles n’ont aucune force de sanction dans un pays où le respect de la loi établie par le pays reste encore un défi à relever, et de surcroit, les autorités et les riches violent parfois la loi sans aucune crainte. Certes, il y a un ministère des cultes et un haut conseil islamique religieux, quelle est leur force pour réduire la corruption ? Les religieux sont nombreux, tous comptent sur un avenir meilleur mais ce sont eux qui sont en train de détruire le pays. La conscientisation du peuple n’est pas à l’ordre du jour. L’on s’appuie sur les émotions, les problèmes de la société pour se faire un nom. Entre les leaders religieux, il y a parfois cette tension qui ne dit pas son nom. Les sectes se créent tout en réclamant la paternité de la vraie religion, un antécédent de l’échec des pratiquants des religions. Le Mali est entre deux jeux. Sur un premier plan, le pays se réclame laïque, donc les lois républicaines. Sur le deuxième plan, les religieux sont les plus nombreux mais peinent à asseoir une gestion stable du pays. L’on vente le nom du pays et personne ne veut fournir des efforts pour le pays. Vous pouvez entendre : «  notre combat, c’est pour le Mali ». Mais en réalité, cette phrase cherche à se faire de l’argent ou à se faire une réputation.

Il y a lieu de revoir la copie, le modèle social de ce pays qui n’a pas encore commencé à suivre le bon chemin d’un avenir meilleur. Le chemin à parcourir est long. Sur le plan religieux, des efforts restent à faire. Jusqu’à preuve de contraire, les religions souffrent d’une pratique sincère. Si la pratique des 98% de religieux avait atteint 50 %, la pauvreté réduirait et le patriotisme grandirait en termes de pratique. Un bon religieux est un bon patriote.

Yacouba Dao 

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