Quand la religion se mêle à la politique le cocktail devient explosif, IBK l’aura appris à ses dépens

Pensant dompter les religieux, IBK les a utilisés pour accéder au pouvoir en 2013. Une partie des « diné mogo », la branche Ousmane Madani Haidara reste relativement fidèle au régime et ne conteste pas la gouvernance, joue même le rôle de stabilisateur pour éviter des débordements populaires.

Le président a appris très rapidement qu’il ne peut pas manipuler tous les religieux comme il le fait avec les politiciens alimentaires. La chose lui a échappé et lui revient en pleine figure tel un boomerang. La Branche Dicko affiliée au Cherif de Nioro se sent trahie par IBK qui n’a tenu aucune promesse depuis son élection, pire, accentue les maux du pays qu’il était sensé combattre. La contestation de cette branche religieuse contre la mauvaise gouvernance du régime a commencé vers 2016 et a eu raison du premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga avec un rassemblement record à Bamako pour réclamer le départ de ce dernier.

L’opposition politique se decourage, les mécontents gonflent les rangs des sympathisants de l’imam Dicko et lui donnent une popularité et capacité de Mobilisation jamais vue pour un seul homme au Mali depuis 2012. L’accord politique qui fait suite au départ de SBM et la nomination de Boubou Cissé avait calmé les tensions entre IBK et le Chérif de Nioro qui avait juré de faire tomber IBK avant la fin de son mandat, le président avait même fait le déplacement à Nioro pour l’occasion après une conciliation preparée en amont par le ministre des affaires étrangères Tiebile Dramé fraîchement nommé.

Presque 10 mois de répit à IBK mais les résultats ne sont pas là, les problèmes persistent, la mauvaise gouvernance , la corruption et les détournements persistent. Dicko, entre temps devenu parrain d’un mouvement politique du nom de CMAS reprend son bâton avec les bénédictions du Chérif de Nioro et lance samedi 29 février depuis le palais de la culture un appel à manifester pour le vendredi 6 Mars dans un discours qui a été compris comme un appel au trouble par certains ce qui a provoqué une convocation par le procureur de la commune 5. La mobilisation rapide et massive des militants de Dicko oblige les autorités à faire marche arrière, le ministre des affaires étrangères, Tiebilé Dramé est dépêché chez l’imam pour calmer le jeu et faire retirer la convocation. L’intervention de bonnes volontés dans l’ombre permet même d’avorter la manifestation prévue pour vendredi pour « éviter de déstabiliser le pays ». L’intervention du gouvernement pour éviter une convocation judiciaire fragilise et contribue encore plus à décrédibiliser une autorité déjà affaiblie.

Le discours de l’imam qui annonce le retrait de l’appel a manifesté suite à la demande du Chérif, precise que le combat n’est pas fini pour autant, laissant entendre que ce n’est que partie remise et que le soulagement pour IBK sera de courte durée. Le divorce entre l’alliance Chérif-Dicko et le régime IBK est vraisemblablement consommé et irrévocable.
Nous attendons de voir si le ministre chef de la diplomatie saura sauver le regime ibk de sa propre léthargie tant que le changement de cap exigé par le cherif de Nioro et l’imam Dicko ne sont pas au rendez-vous et surtout pour qui sait que la majorité des maliens révoltée par les maux du pays se reconnaissent dans le combat du duo qui fait trembler la république .

Samba Gassama

Source : Journal Le Coup

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