VIH : un deuxième patient déclaré guéri du Sida

Le « patient de Londres », atteint du Sida depuis 2003, est en rémission depuis trente mois consécutifs. Les médecins ne détectent plus de virus dans son corps, ce serait donc le deuxième patient à guérir du Sida, dix ans après le « patient de Berlin ».Vous aimez nos Actualités ?Inscrivez-vous à la lettre d’information La quotidienne pour recevoir nos toutes dernières Actualités une fois par jour.

Celui qu’on appelle le « patient de Londres » est le deuxième patient à avoir « guéri » du Sida, dix ans après le premier. Son cas est décrit dans la revue médicale The Lancet HIV.

Les dernières analyses, réalisées le 4 mars 2020, montrent que le matériel génétique du virus est indétectable dans le plasma du patient (seuil de sensibilité : 1 copie par millilitre de plasma) mais aussi de liquide cérébrospinal, ainsi que dans les tissus intestinaux et lymphoïdes, et cela depuis trente mois consécutifs !

Selon les scientifiques, les vestiges du matériel génétique du virus intégré dans le génome des cellules ne pourront pas reformer des virions viables et peuvent être considérés comme des « fossiles » de la maladie. 

Un deuxième succès pour la greffe de cellules souches hématopoïétiques

Le « patient de Londres » a subi une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques n’exprimant pas la protéine CCR5 (CCR5Δ32/Δ32). Cette protéine présente à la surface des leucocytes permet au virus d’entrer dans la cellule. Certains personnes présentent naturellement cette mutation et sont donc protégées d’une infection du VIH.

Ce patient faisait partie du groupe de volontaires du projet Icistem qui étudie la greffe de cellule souche comme traitement contre le Sida. Le premier patient déclaré guéri du Sida en 2011, le « patient de Berlin », avait reçu le même traitement.CE QU’IL FAUT RETENIR

  • Un patient britannique, déclaré séropositif en 2003, est en rémission de longue durée.
  • Il a bénéficié d’une greffe de cellules de moelle osseuse qui avaient une mutation empêchant l’entrée du virus dans les cellules.
  • C’est le deuxième cas connu au monde de guérison du VIH, après Timothy Brown.

POUR EN SAVOIR PLUS

VIH : un deuxième patient en rémission durable

Article publié le 9 mars 2019 par Marie-Céline Ray

Ce Britannique serait le deuxième cas au monde de guérison du VIH, dix ans après le « patient de Berlin », Timothy Brown. En Grande-Bretagne, le « patient de Londres », qui reste anonyme, a arrêté son traitement et ne présente plus de signe de virus depuis 18 mois.

En 2017, plus de 36 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH et 940.000 sont décédées d’une cause liée à ce virus, d’après les chiffres donnés par l’OMS. Le VIH est un rétrovirus qui infecte des cellules du système immunitaire, des globules blancs, ce qui contribue à affaiblir les défenses de l’organisme. À un stade avancé, le patient est plus susceptible de développer des infections et des cancers.

Le traitement utilise une trithérapie avec trois antirétroviraux mais cette médication, qui doit être prise à vie, ne permet pas de guérir de l’infection. En 2017, 21 millions de personnes dans le monde prenaient ainsi des traitements antirétroviraux pour maîtriser leur infection. Mais aujourd’hui des scientifiques annoncent que pour la deuxième fois dans l’histoire un patient semble guéri !

Timothy Brown, le « patient de Berlin », a été le premier à être considéré comme guéri du VIH ; il n’a plus de signe du virus depuis 2007. D’après une dépêche de l’AFP, le patient britannique, qui quant à lui est resté anonyme, a été diagnostiqué séropositif pour le VIH en 2003 et il suivait un traitement antirétroviral depuis 2012. Cette même année, les médecins lui ont diagnostiqué un cancer de Hodgkin.

En 2016, le patient de Londres a reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques d’un donneur qui avait une mutation du gène CCR5, appelée CCR5 delta 32. Les cellules souches hématopoïétiques sont capables de régénérer des cellules sanguines, et notamment des globules blancs. CCR5 est un récepteur du VIH ; quand cette protéine est mutée, elle empêche l’entrée du virus dans la cellule.

Les cellules souches hématopoïétiques sont à l’origine des cellules sanguines, globules rouges et globules blancs. © Ezume Images, Fotolia 

Des patients qui ont subi des greffes de cellules souches

Après la greffe, le patient a poursuivi son traitement antirétroviral pendant 16 mois, puis l’a arrêté. Les examens médicaux ont montré que sa charge virale était devenue indétectable.

Cependant, le traitement dont a bénéficié le « patient de Londres » semble difficilement généralisable à l’ensemble des malades, car il est très lourd. Mais cette avancée majeure apporte des informations intéressantes aux scientifiques pour venir à bout de la maladie et imaginer des stratégies de traitement, par exemple avec des thérapies géniques.

Timothy Brown avait lui aussi reçu des cellules souches d’un donneur ayant la mutation CCR5 delta 32. Il souffrait également d’un cancer du sang, une leucémie. Il avait eu deux greffes et subi une irradiation, tandis que le patient de Londres n’a eu qu’une greffe et une chimiothérapie. Ravindra Gupta, professeur à l’université de Cambridge, a déclaré : « En parvenant à une rémission sur un deuxième patient tout en utilisant une approche similaire, nous avons montré que le patient de Berlin n’a pas été une anomalie. »

Ces résultats à paraître dans la revue Nature doivent être annoncés officiellement au cours d’une conférence ce mardi 5 mars 2019 lors d’un congrès à Seattle.


VIH : un patient britannique guéri du Sida ? (MAJ)

Article paru le 4 octobre 2016

La presse britannique se fait l’écho d’un premier résultat encourageant obtenu dans un essai clinique où un homme n’avait plus de virus VIH détectable dans son sang. D’autres traitements en test ont laissé entendre qu’il était possible de se débarrasser définitivement du VIH.

La presse britannique annonce les premiers résultats d’un essai clinique portant sur 50 personnes et au terme duquel un homme n’avait plus du tout de virus VIH dans son sang. Mais attention, ces résultats sont encore précoces ; la prudence reste de mise en attendant les résultats complets et une publication officielle.

Le traitement testé comprend plusieurs étapes et a pour originalité de s’attaquer aux cellules dans lesquelles le virus reste dormant. Tout d’abord, des anti-rétroviraux stoppent le VIH ; puis un médicament (le Vorinostat) active les lymphocytes T dormants pour les forcer à exprimer des protéines du VIH. Ces cellules seront supprimées par le système immunitaire, qui a appris à reconnaître le VIH grâce à un vaccin.

En 2007, un Américain, Timothy Brown, surnommé le « patient de Berlin », a été guéri du VIH grâce à une greffe de moelle osseuse visant à traiter sa leucémie. Il est officiellement le seul patient guéri du VIH. Il faudra donc attendre de voir comment l’état de ce Britannique va évoluer dans le temps pour confirmer une guérison.

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Article initial de Janlou Chaput, paru le 27/07/2012

La conférence sur le Sida pourrait tenir ses promesses d’espoir. Deux patients américains auraient guéri du Sida et douze Français survivent avec le VIH sans aucun traitement depuis 6 ans sans que la maladie n’évolue. La solution se rapproche…

Tous les espoirs sont permis. Après le cas unique du « patient de Berlin », alias Timothy Brown, seule personne officiellement guérie du Sida, la liste pourrait s’allonger de deux nouveaux noms. En effet, lors de la XIXth annual International AIDS Conference, qui se tenait du 22 au 27 juillet à Washington, deux conférenciers du Brigham and Women’s Hospital de Boston ont annoncé suivre deux patients chez qui on ne détecte plus aucune trace du VIH. Les scientifiques restent malgré tout très prudents et ne parlent pas encore de guérison, des analyses ultérieures étant nécessaires. Mais les données actuelles ont de quoi susciter l’optimisme.

L’histoire présente beaucoup de similitudes avec celle de Timothy Brown, mais également quelques différences. L’homme, en plus d’une infection au VIH, souffrait d’une leucémie. Pour traiter son cancer, il avait reçu une greffe de moelle osseuse d’un donneur présentant une mutation génétique qui empêchait le virus de pénétrer les cellules. Depuis, il est libéré du Sida.

Deux cas particuliers qui guérissent du Sida

Les deux Américains séropositifs étaient, quant à eux, atteints d’un lymphome, un cancer s’en prenant également aux cellules du système immunitaire. Leur trithérapie a dû être arrêtée avant le début du traitement contre leur tumeur, donnant l’occasion au virus de sortir de son état de latence et d’entamer de nouveau son processus infectieux. Contre leur cancer, les patients ont, eux aussi, bénéficié de greffes de moelle osseuse, mais cette fois les donneurs n’étaient pas protégés contre le Sida.

Juste avant la greffe, et juste après, le génome du VIH était détectable dans leurs cellules. Mais 8 mois après transplantation, le virus ne laissait plus aucune trace ni dans le plasma sanguin ni dans des cellules mises en culture, et ce malgré l’utilisation des tests de détection les plus sensibles. Aujourd’hui, respectivement 2 ans et 3 ans et demi après l’opération, la virémie reste indécelable.

Le VIH, ici en vert, a disparu du corps des deux hommes à la suite d’une greffe de moelle osseuse. Ils pourraient être, si la rémission est confirmée, les deuxièmes et troisièmes patients guéris du Sida. © C. Goldsmith, CDC, DP 

Les deux hommes restent sous antirétroviral tant que la rémission n’est pas confirmée, et celle-ci ne pourra l’être qu’ultérieurement, après de nouvelles analyses. Cette thérapie, si elle se montre finalement efficace, ne peut cependant pas constituer une solution globale pour tous les patients séropositifs, pour plusieurs raisons.

En effet, les deux hommes ne sont pas comme la majorité des malades : ils bénéficient naturellement d’une mutation qui les rend plus résistants à l’infection au VIH. Cela joue peut-être un rôle dans l’efficacité de la thérapie, comme le suggèrent les échecs chez des patients non pourvus de la modification génétique. De plus, la greffe de moelle osseuse est périlleuse et les risques de décès suite à l’opération sont plus élevés que ceux de mourir du Sida. Elle est donc bannie pour les séropositifs non atteints d’un cancer du sang.

Vivre normalement avec le VIH sans trithérapie

Une autre étude a fait beaucoup parler d’elle lors de cette même conférence. Elle est française et annoncée par l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites (ANRS). Cette fois, il n’est pas question de rémission mais simplement d’arrêt de traitement sans évolution de la maladie. Douze des quinze sujets ne prennent plus aucun médicament depuis 6 ans et ne s’en portent pas plus mal.

La petite subtilité, c’est que tous ces malades ont commencé un traitement antirétroviral dans les 10 premières semaines qui ont suivi l’infection au VIH, ce qui représente une prise en charge précoce, les délais avant de constater la contamination étant souvent plus longs.

Après 3 ans de trithérapie, l’hôpital d’Orléans leur a demandé de stopper leur médication et suit très précisément chacun de ces patients. Pour la grande majorité d’entre eux, la virémie reste indétectable, exactement comme s’ils étaient toujours sous traitement. Pourtant, cela fait 6 ans qu’ils n’ont pas avalé un comprimé.

C’est une excellente nouvelle car les personnes séropositives sont condamnées à prendre à vie leurs médicaments, qui n’éliminent pas le VIH mais le maintiennent à des taux très faibles. Cela montre qu’il est parfois possible de vivre tout à fait normalement, même contaminé par le virus du Sida. De plus, cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles pistes pour comprendre le mécanisme et tenter de le généraliser à tous les patients.

La lutte contre le Sida prouve qu’elle est toujours active et que la rémission complète ne relève pas de l’utopie. Malheureusement, le monde sans VIH n’est pas encore pour demain, et le virus causera toujours de nombreux décès à travers la planète…

Source : Futura Santé

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