Affaire Rokia Traoré : Un sit-in devant l’Ambassade de Belgique au Mali pour…protester !

L’affaire de l’artiste malienne Rokia Traoré défraie la chronique. Les responsables du monde de la culture au Mali étaient devant les hommes de media pour donner leur point de vue le samedi 14 mars 2020 à la Maison de Presse en présence de plusieurs dizaines d’artistes et d’acteurs du monde de la culture.

Organisée par la Fondation Passerelle, cette conférence de presse avait pour objectif d’édifier l’opinion nationale et internationale sur l’affaire dite Rokia Traoré. Elle était animée par Boubacar Bocoum, administrateur à la fois de ladite Fondation et du Centre Culturel Rokia Traoré. Il avait à ses côtés, l’avocat de l’artiste, Maître Amadou Touré et l’ancien Secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications (IUT), Hamadoun Touré, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018

Revenant sur cette arrestation à l’aéroport international de Paris pour un différend opposant Rokia à son ex-époux autour de la garde de leurs enfants, Me Yehia Touré décrié la manière. L’ambassadrice de la culture malienne, Rokia Traoré, s’apprêtait à se rendre en Belgique pour comparaître devant la justice.

Selon l’avocat, deux décisions de justice ont été rendues dans cette affaire. Il s’agit de la justice malienne et belge. La première a confié la garde des enfants à la mère, Rokia Traoré. La seconde quant à elle, a accordé la garde exclusive des enfants à son ex-compagnon tout en mettant le coût de leur entretien à la charge exclusive de la mère.

Les conférenciers ont vivement dénoncé cette contradiction flagrante de la justice belge. Pour la mobilisation de tous les artistes, patriotes et toutes personnes éprises de justice derrière l’artiste musicienne Rokia Traoré, ils ont informé les journalistes de la mise sur pied d’un collectif dénommé ‘’Collectif free Rokia‘’ travaillant en synergie avec l’association féminine belge, ‘’Femme veilleuse’’ contre ce qu’ils considèrent comme une oppression de la femme.

Indignés par la situation, le responsable de l’Association Arts et Cultures, Souleymane Kouma et ses camarades, venus en grand nombre manifester leur soutien à l’artiste, projettent d’organiser un sit-in de protestation devant l’Ambassade de Belgique au Mali. 

Les conférenciers ont, enfin, déclaré que l’artiste musicienne en grève de la faim depuis trois jours, doit comparaître devant le juge d’instruction belge le 18 mars 2020. Ils envisagent de contacter formellement les ministres de la Culture et de la Promotion de la Femme et de l’Enfant.

Alpha  Sidiki  Sangaré

Arrêtée en France pour une histoire d’enfant : La part de vérité de Rokia Traoré ! !!!

‘’Je suis poursuivie comme un criminel, parce qu’un juge a décidé́ de placer les intérêts d’un Belge avant les droits d’un enfant et de sa mère, mon seul crime étant de protéger ma fille’’. Dans cette note qu’elle a écrite en décembre 2019, la Malienne Rokia Traoré livre sa part de vérité dans l’affaire qui lui coûte ces derniers jours une incarcération en France.

Jusqu’en mai 2019, j’étais certaine que la justice des hommes en notre monde sert bien à maintenir un équilibre indispensable à nos libertés et notre sécurité́. Mais avec effroi, je découvre que nos droits ne pèsent pas le même poids dans la balance de mère ‘’Justitia’’, selon que nous soyons femme travailleuse ou pas, noir ou blanc, du point de vue de l’Europe ou de l’Afrique.

Depuis le 30 octobre 2019, il existe un mandat d’arrêt international, indice rouge à mon encontre, pour enlèvement, séquestration et prise d’otage ! J’ai été́ arrêtée d’abord au Sénégal, lors d’un voyage pour un spectacle à Dakar, les autorités sénégalaises en vertu des accords CEDEAO et d’un manque de précision dans le dossier, ne coopèrent pas pour une extradition. Elles signalent la situation à Interpol au Mali.

À mon retour à Bamako le 4 novembre 2019, Interpol me convoque et m’entend. Interpol Bruxelles est averti du fait que l’enfant signalée comme disparue est aussi de nationalité́ malienne et vit au Mali avec sa mère depuis 2015. Interpol à Bamako me demande de le tenir au courant de mes déplacements, de rester à sa disposition pour la suite de l’enquête qui sera en fonction de la réponse d’Interpol Bruxelles.

J’arrive à Paris le 25 novembre 2019 pour prendre un deuxième avion à destination de Moscou où je devais travailler dans une pièce de théâtre. Je suis arrêtée à la sortie de l’avion par trois agents de police qui étaient spécialement venus m’accueillir/me cueillir et, je suis emmenée à un poste de police à Roissy, mes empreintes digitales sont relevées, prise de photos…

Je suis enregistrée comme criminelle coupable d’enlèvement, de séquestration et de prise d’otage. je passe la nuit dans une cellule de 110/220 cm, avec W-C turque intégré́. Je suis présentée menottée à l’avocat général à la cour d’appel de Paris qui décide de me laisser librement me rendre à Bruxelles m’expliquer au juge d’instruction ayant émis le mandat d’arrêt international pour enlèvement, séquestration et prise d’otage.

Mon avocat prend contact avec le juge d’instruction à Bruxelles afin de s’assurer que je puisse arriver jusqu’à son cabinet, entendre ce dont on m’accuse, m’expliquer. Le juge d’instruction belge pose comme condition à la levée du mandat d’arrêt international, afin que je puisse me rendre à Bruxelles, la remise de l’enfant à son père.

Ma fille affirme avoir subi des gestes d’attouchement de son père !!!

Le père, en apprenant les propos de l’enfant et tout en résidant à Marseille où il travaille, engage une requête auprès du tribunal en droit de la famille à Bruxelles pour que lui soit fixé un droit de visite et que son autorité́ parentale soit prise en compte. Nous n’étions pas mariés civilement et n’avions pas vécu en couple dans un domicile commun en Belgique. Je vivais au Mali avec mes deux enfants de manière très officielle. Mais, il n’y avait jamais eu de refus de son droit de visite, ni de non-respect de son autorité́ parentale.

Artiste de renommée internationale, détentrice d’un passeport diplomatique malien, Mme Rokiatou Traoré bénéficie de l’assistance des autorités maliennes depuis plusieurs mois.

Le Gouvernement de la République du Mali exprime sa solidarité à notre compatriote.

Il rassure l’opinion nationale que les services consulaires et diplomatiques sont mobilisés pour un heureux dénouement de la question.

Le Gouvernement de la République du Mali remercie toutes les bonnes volontés qui ont témoigné à l’artiste, leur sympathie suite à cet incident malheureux.

Bamako, le 14 mars 2020

Le Ministre de la communication,

Chargé des Relations avec les institutions,

Porte-parole du gouvernement

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