L’ouverture et l’hospitalité virale à l’ère de la démondialisation

Le président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump, est le premier à franchir le cap. Pour endiguer l’épidémie de Coronavirus, le président américain, Donald Trump, a pris la décision, mercredi 11 mars, de suspendre les vols depuis l’Europe vers les États-Unis. Dans un discours au ton nationaliste, à la limite xénophobe, le locataire de la Maison-Blanche, en campagne pour sa réélection, pointe du doigt l’Europe qui a «échoué» à prendre des précautions contre le virus «étranger». Comme réponse du Berger à la bergère, le président Macron estime quant à lui jeudi que le « virus n’a pas de passeport ».

Mais face au Covid-19, qui est en train de devenir une pandémie sanitaire, économique et sociale, partout désormais les barrières s’érigent. L’interdiction des manifestations aux fermetures de tous les secteurs d’activités non essentiels, du renforcement des contrôles aux frontières aux restrictions de voyage, le monde aborde-t-il le temps de la démondialisation ?

En l’absence d’une réponse globale coordonnée et efficace de l’OMS, chacun se protège désormais comme il peut, chacun s’isole à sa manière. Sauf peut-être que le Mali de nos ancêtres qui pense être en devoir d’accueillir des voyageurs venant de partout, quitte à les mettre en quarantaine : « le gouvernement du Mali ne préconise pas la fermeture des frontières avec les pays touchés par le COVID-19 ».

Devant un phénomène spatio-temporel non encore maîtrisé, le Mali de « An ka a to Allah ma », faisant fi des principes éléments de prudence, de précaution, et de prévention, qui doivent prévaloir pour limiter l’occurrence et l’amplification de ce dernier, prône l’ouverture et l’hospitalité virale.

Si le maintien des législatives, calquée sur la décision de la France, qui a pourtant pris des mesures drastiques (fermeture des écoles, des commerces, des restaurants, des tribunaux), comme beaucoup de nos voisins, procède du suivisme d’un establishment. Il est donc clair que nous sommes en deçà des mesures de sensibilisation que requiert la situation. Or, il est impérieux pour notre pays de se mettre en position d’ajuster sa riposte contre le Covid-19 en fonction des expériences vécues ailleurs.

Jusqu’à quand laisserons-nous nos frontières déjà poreuses ouvertes en cette période de pandémie ?

L’extension du COVID-19 est presque inévitable, il faut s’y préparer et il faut prévoir entre 40 à 60 % de personnes qui seront atteintes à en croire les spécialistes. Les mesures de restriction de voyage ne sont certes pas des palliatives, elles n’empêchent pas la propagation, elles ne serviront qu’à retarder la propagation pour gagner du temps.

Comme beaucoup de pays, le nôtre peut utiliser ce temps pour préparer son système de santé et ses populations pour faire face au virus. Il faut faire des choix fondés sur les recommandations et les expériences des autres pays très vite pour pouvoir minimiser les dégâts pendant le temps du Corona qui pourrait durer environ 3 mois selon les spécialistes.

Les systèmes de santé faibles et déjà débordés, comme le nôtre, auront des limites très vite et il faudra faire participer les communautés en les impliquant dès au départ dans la préparation surtout et la riposte pour la suite. Il nous faut nous préparer à associer d’autres acteurs en dehors du secteur de la santé qui aura autant un rôle primordial à jouer… La promiscuité dans laquelle vivent nos populations et les faibles mesures d’hygiène au sein des familles sont très favorables à une propagation rapide.

Chacun a un rôle à jouer dans cette lutte, ne serait-ce que pour sensibiliser sa famille et mettre en place les mesures d’hygiène (lavage des mains, etc.) de limiter les voyages puis les mouvements une fois que le virus sera dans nos murs. C’est une question de jour, voire d’heure.

Par Sidi DAO

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