Mali : Affectation des agents des douanes maliennes – Amateurisme et favoritisme en lieu et place du respect des textes

Les douanes maliennes souffrent d’une grave maladie. Cette maladie est celle de la bonne gouvernance, vue sur le plan administratif. Ici, le problème a pour nom « Mépris des textes; amateurisme ; complaisance et favoritisme ». Résultat, une frustration sans précédent des douaniers du Mali. Cette frustration n’est pas loin de déclencher un véritable bras de fer entre agents et patrons, autour du respect scrupuleux des textes régissant le service des douanes maliennes.

A l’image de tous les services publics du Mali, les douanes sont régies par des textes de lois. Ces textes sont généralement des « décrets » ; ils constituent la charpente de toute l’administration douanière malienne. Bref, ces textes de lois sont le soubassement de l’administration douanière ; le support de sa crédibilité aux yeux du citoyen et des douaniers eux-mêmes.

Pourtant, aujourd’hui, les choses sont loin d’être claires dans la pratique pour que nous écartions toute éventualité de sérieux et de crédibilité des douanes maliennes.

Pour comprendre un peu ce qui s’y passe, arrêtons-nous sur les décrets n°2012 – 140/PRM du 02 mars 2012 et n°2013 – 121/PRM du 31 janvier 2013. Ces deux décrets portent respectivement sur le cadre organique de la direction générale des douanes ; et le plan de carrière des fonctionnaires du cadre des douanes.

Voyons ensemble le décret n°2013 – 121/PRM du 31 janvier 2013, précisément dans son article 4. Il s’agit du tableau d’affectation des emplois des cadres des douanes. Ici, notre doigt s’arrête sur le palier 1. Dans ce palier, nous nous sommes intéressés à l’emploi de Chef de bureau de contrôle interne. Et tout de suite, nous tombons sur un problème. Il est à l’origine d’une levée de bouclier au niveau d’un grand nombre des agents de douanes.

En effet, au regard du tableau des emplois susceptibles des cadres des douanes, il est clairement dit dans la colonne « Corps et cadres » que seuls les Inspecteurs de classe exceptionnelle sont désignés à l’emploi de Chef de bureau de contrôle interne. Par Inspecteur de classe exceptionnelle, il faut attendre Inspecteur ayant plus de 25, 30 ans de service ;  reconnu pour sa grande expérience, sa sagesse, son excellent rapport avec le personnel, etc.

Pourtant, dans les affectations toute récentes, en date du 02 mars 2020, le choix de plusieurs Inspecteurs au poste de chef de bureau et de contrôleur interne, à poser de gros problèmes.

Aussi, que dire de  la pertinence des choix par rapport au divisionnaire. Le constat a été fait par plusieurs cadres qui estiment que ce poste de divisionnaire demande un certain niveau de palier à franchir et assez d’expériences. Malgré tout, à Ségou et Koulikoro, les divisionnaires désignés ne répondraient pas forcement aux exigences requises. On se demande pourquoi un tel choix.

Dans les faits, plusieurs autres responsables des douanes sont mécontents des choix opérés à ce niveau. Les personnes désignées pour ces postes restent de loin en deçà des critères mais aussi  des qualités indiquées à cet effet. Bref, nombre de cadres des douanes dénoncent ce qu’ils appellent « le choix hasardeux de la direction ; choix basé sur l’amateurisme et le favoritisme ».

Contactés par nos soins, nombreux sont les douaniers à la direction générale à montrer leurs grandes préoccupations face aux nombreuses vices de forme constatées dans la décision d’affectation des douaniers du Mali, signée le 02 mars 2020.

Au-delà des nominations controversées, certains cadres ont profité de notre passage pour exprimer leur indignation par rapport à des cas d’agents envoyés  dans des postes où il n’existe aucune infrastructure  de travail.

Un Inspecteur a été plus précis en nous citant des cas dont celui emblématique de Bougouni. Selon cet Inspecteur des douanes, plusieurs agents ont été envoyés à la direction des douanes de Bougouni. « Malheureusement, Bougouni n’existe que sur papier. Aucune infrastructure digne de ce nom n’existe pour recevoir les nombreux cadres et subalternes affectés à Bougouni », s’est –il exclamé ; avant de renchérir : « en cette période d’insécurité généralisée et sans infrastructures, comment vont-ils faire pour être utiles au pays ? ».

Du côté de la direction des douanes, des efforts sont en train d’être faits pour trouver une solution rapide au souci d’infrastructure à Bougouni.

En ce qui concerne la problématique des décisions des affectations, surtout des choix de certains responsables, c’est le silence total. Un cadre de la direction promet de nous revenir au plus vite avec des éléments de réponses.

Face à la situation, le syndicat des douanes s’illustre par un silence assourdissant. Un douanier résume le comportement du syndicat en ces termes : « Ils ont les mains liées car ils occupent tous des postes de responsabilité. Donc, ils ne peuvent pas être juges et partie à la fois. Ils semblent bien se plaire dans cet état de transgression des textes ».

En entendant de trouver la bonne réponse à ces préoccupations, les dents continuent à grincer chez les Gabelous du Mali. Ils ne demandent qu’une seule chose à la direction et au Directeur général DOUCARA : le retour aux textes ; et le respect scrupuleux des mêmes textes régissant le service des douanes au Mali.

Affaire à suivre

La Rédaction

Source : Maliactu

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