Au marché Dabanani, nombre de vendeurs craignent l’épuisement de leurs stocks, alors qu’ils ne peuvent pas se rendre en Chine en ce moment, à cause du Covid-19
Jusque-là, le Mali n’a enregistré aucun cas de coronavirus, mais plus les jours passent, plus l’inquiétude monte chez les commerçants. Il suffit de faire un tour au marché Dabanani pour s’en convaincre. Ici, les commerçants que notre équipe de reportage a rencontrés lundi sont unanimes : la pandémie du coronavirus commence à se faire sentir dans le monde des affaires. Aujourd’hui, une question est sur toutes les lèvres au marché Dabanani : que se passerait-t-il dans deux ou trois mois, si cette maladie pandémique n’est pas maîtrisée ? Pour l’heure, tout se passe comme d’habitude au centre commercial de Bamako. On y constate l’affluence habituelle. Des clients massés devant des articles dans des charrettes ou devant des magasins. Partout, les va-et-vient incessants des commerçants ambulants qui vantent la qualité de leurs marchandises.
Devant une boutique de téléphones, des jeunes discutent. Boubacar dit Chinois est l’un d’eux. Ce jeune homme, la trentaine révolue, a fait plusieurs fois le voyage en Chine, bien avant l’apparition et la propagation fulgurante du coronavirus. Lui et trois de ses camarades ne cachent pas leur inquiétude. Depuis janvier, ils sont sans nouvelle de la cargaison de batteries qu’ils ont commandée. La raison ? La pandémie du Covid-19 a paralysé le fonctionnement des usines de fabrication. Les mesures de confinement des populations, prises par les autorités chinoises, ont plombé la production industrielle. «Nous savons que les activités ont maintenant repris timidement en Chine, mais les demandes dépassent largement les offres», explique Chinois.
DES BÉNÉDICTIONS- Assis sur une chaise haute, Diagouraga, vêtu d’une chemise wax, vend des panneaux solaires et des ventilateurs. Que pense-t-il du Covid-19 ? Le quadragénaire commence d’abord par des bénédictions. «Quelle maladie destructrice qu’est le coronavirus !», s’exclame-t-il, la mine et la voix empreintes d’inquiétude. Son souci est qu’il ne parvient plus à se procurer des ventilateurs de type TMC qu’il importait de Chine et d’autres pays asiatiques. «Regardez dans ma boutique, il n’y a plus cette marque depuis un mois. Et c’est introuvable sur le marché. Pour la majorité des clients, c’est la meilleure qualité en période de chaleur», se lamente le commerçant.
A quelques encablures de là, une autre boutique. Là, on ne vend que des motos Djakarta. Des caisses contenant des motos en pièces détachées sont superposées les unes sur les autres dans le magasin. Derrière un comptoir, un homme au regard vif. Sous couvert de l’anonymat, il se dit être tout simplement anxieux. Comment ne pas l’être si vous peinez à faire des commandes ?, s’interroge-t-il.
À côté de lui, un autre commerçant ne semble pas s’intéresser à la conversation, absorbé par ses comptes. L’homme plonge le nez dans un registre qu’il n’arrête pas de feuilleter. Plus loin, deux jeunes proposent des marchandises exposées sur des charrettes. Ce sont des vendeurs de chaussures. Ils redoutent aussi la diminution des stocks. À les entendre, ils n’ont plus de nouveautés à offrir ou à montrer aux clients. Ils ont remarqué que depuis plus d’un mois, leurs fournisseurs chinois ne viennent plus au marché. Du coup, ils assistent, impuissants, à l’épuisement progressif de leurs stocks.
Là où le bât blesse, c’est que les deux vendeurs constatent que les prix de certaines chaussures augmentent légèrement auprès de certains fournisseurs locaux qui ont en leur possession une grande quantité de chaussures mais préfèrent tirer profit de la situation de pénurie qui se dessine actuellement sur le marché.
Lassana
NASSOKO
Source : Journal L’Essor- Mali