Développement économique et social : Le « leader », ce « maillon de la chaine du changement » qui semble manquer a notre pays.

Quel l’HOMME politique, dont les positions constantes et crédibles, pourrait mobiliser des foules au Mali ? Quelle est la personne intellectuelle dont les convictions partagées par une masse critique de personnes pourrait mobiliser des foules dans notre pays ?

En l’absence de grands Hommes politiques patriotes qui ont une vision pour le pays, d’une société civile crédible, formée d’intellectuels de grande qualité, les repères sont brouillés, voire inexistants. Les populations éperdues, en quête de « toit protecteur » et de survie, trouvent comme seul refuge, la religion. Cela a toujours été une constante dans l’histoire des pays. N’y a – t – il des Partis Politiques « à connotation chrétienne » en occident ? Des Républiques islamiques sont ailleurs ? Ils ne sont pas nés ex-nihilo ».

La France a réglé la question dans la « loi du 09 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l’Etat ». Au Mali, de nos jours, les leaders religieux sont les seuls à pouvoir mobiliser des foules pouvant remplir des stades. La piste n’est donc pas à négliger, elle est même à prendre au sérieux. Dans notre pays, il y a trop de questions « tabou » au lieu de faire face aux réalités et de les encadrer.

I – LES QUALITES RENCONTREES CHEZ LES LEADERS.

Le leader est un mot anglais venant du verbe « to lead = être en avant, être devant les autres, prendre la tête, la direction de quelque chose, diriger ». Le leader est donc celui qui dirige, qui prend la tête de quelque chose.

Des leaders, on en trouve à tous les niveaux : local, national, international, dans tous les domaines du savoir et dans les aspects de la vie : politique, social économique, culturel, sportif, etc. Inné ou formé pour devenir leader, dans tous les cas, les leaders partagent certaines caractéristiques.

D’abord, le leader ne suit pas les autres. C’est lui que les autres suivent. Un leader est généralement, en avant, dans la position « offensive » et non en « situation défensive ». Tel un combat de boxe, si tu subis en permanence les assauts de l’adversaire, tu cours le risque de prendre le coup fatal te mettant au tapis. Ou dans un match de football, en ne faisant que de se défendre, on risque de prendre tôt ou tard le but de la défaite.

Alors, voulant être toujours en situation confortable, le leader attaque.

En matière industrielle et commerciale, les leaders sont champions en innovations (les trois types d’innovations de Joseph Schumpeter). En matière macroéconomique, les pays leaders sont les premiers à imaginer, amorcer et mettre en place les reformes dans leur espace économique.

En matière politique, les leaders sont ceux qui apportent des solutions « innovantes » aux problèmes politiques et sociaux de leurs pays. En effet, dans bien de situations le leadership tranche avec le conformisme. Le « conformiste » a peur d’être en port-à-faut les codes et les règles en vigueur. Il reste cloitrer entre ces « règles et normes » oubliant que ces règles et codes qu’il respecte à la lettre, ont été aussi établis par un « non conformiste » à d’autres époques. Le leader fait bouger les lignes, bouscule les « codes » pour trouver des solutions aux problèmes et faits. Il est « initiateur » de progrès.

Cette attitude fait que le leader prend des risques. Il a une certaine aptitude au « goût du risque ». En effet, en matière industrielle et commerciale, le « nouveau produit » pourrait ne pas répondre aux attentes des consommateurs, ou être carrément un échec. En matière politique certaines solutions préconisées pourraient ne pas avoir l’adhésion populaire, voire entrainer la chute. Il en est de même de certaines réformes économiques communautaires.

En tout état de cause, le risque est inhérent au leadership. Les risques accompagnent, en permanence tout leader. Nelson Mandela ne savait – il pas qu’il courait le risque de prison dans sa lutte contre l’apartheid ? Il n’a pas eu peur, il en a pris pour 27 ans. Le Dr Martin Luter KING n’avait-il pas conscience des risques qu’il courait dans sa lutte contre pour l’égalité des droits civiques des noirs en Amérique ? Il en a payé de sa vie à 36 ans.

Le colonel Kadhafi ne savait-il pas qu’il courait des risques dans sa lutte pour « l’indépendance économique et politique du contient » ? Evidemment, il en a payé pour sa vie.

Si vous êtes averses aux risques de se tromper, d’être critiqué, dénigré, d’échouer et que vous attendez que les autres fassent pour voir le résultat, pour les suivre, vous serez un excellent suiveur, un conformiste, mais difficilement un leader. Le leader bouscule les codes au point de déranger les « conformistes ».

Ensuite un leader n’est pas un individualiste, le « moi » compte peu pour lui. Il pense à la communauté, au pays au bien-être du plus grand nombre de personnes. Barack Obama ne doit – il pas sa présidence aux combats des leaders noirs comme Frédric DOUGLASS, WEB Du Bois, Rosa Parks, du Dr KING, etc. ?

N’aurait – on  pas semble – t – il proposé l’exil à Mandela ? « Il aurait répondu, je préfère la prison à l’abandon de la lutte pour la liberté du peuple noir ».

Les leaders ne sont pas des nantis. D’ailleurs beaucoup de leaders ne sont pas des gens très aisés au départ. Ils sont riches de leurs idées mais souvent mêmes pauvres matériellement et financièrement.

Au plan continental, le colonel Kadhafi était incontestablement un leader Africain qui ne pensait pas qu’au seul peuple Libyen, mais aux projets panafricains initiés comme le projet de Fonds Monétaire Africain (F.M.A) destiné à sortir le continent de la tutelle du F.M.I. Combien de dirigeants Africains sont milliardaires en dépouillant leurs pays, au lieu d’améliorer les conditions des populations ?

Alors que les individualistes courent nuit et jour pour le bonheur à eux et eux seuls, le leader a du temps pour réfléchir aux problèmes du pays, de la communauté. Ce qui fait que ce sont des grands travailleurs, puisqu’il faut s’occuper de soi-même et  de la communauté.

Ce sont des ouragans de la recherche du savoir, de la lecture capables de dévorer des pages et des pages d’écrits, à la recherche de la meilleure solution aux problèmes de son pays ou de son entreprise en s’inspirant des autres. Ainsi, il apparait que le leadership est aux antipodes de la paresse.

Celui qui ne pense qu’à lui seul pourrait être difficilement un leader. Combien d’entre nous prennent un peu de son temps, par exemple une heure par jour, pour la recherche de solutions à la crise politico-sécuritaire de notre pays ?

La force du leader, c’est la croyance en un idéal : par exemple en matière politique « mon pays ». C’est la ligne directrice, la ligne de conduite, qui fait que le leader franchit tous les obstacles. Il n’y a pas de leader qui ne soit pas convaincu de quelque chose qu’il croit bon pour son entreprise, son village, sa communauté, son pays, qui est la raison de ses combats. Si vous vivez au hasard sans objectif précis d’ordre public ou communautaire, sans idéal qui pourrait être partagé par des masses populaires, il vous sera difficile d’être leader. Le leader s’oublie souvent au profit de son entreprise, de la collectivité, de la communauté, du pays des masses populaires.

Si Mandela ne croyait pas à son « idéal » pour la société Sud-Africaine « multiraciale et juste », il ne ferait pas 27 ans en prison pour l’atteindre. Si le Dr King ne croyait à son idéal de « l’égalité des races devant les droits civiques », il ne ferait pas son « rêve » historique.

Il en est ainsi de tous les grands Hommes d’Etat dont l’idéal de leadership se mesure à la vision qu’ils ont eue pour leurs pays. Si SANKARA ne croyait pas aux « capacités de l’Homme noir pour réaliser son indépendance économique et politique », il n’aurait pas entrepris le « chantier des chemins de fer de Ouagadougou à Kaya », long de plus de 100 km, avec les masses populaires sans apport extérieur d’aucune sorte.

Le colonel Kadhafi croyait à sa vision pour le peuple Libyen, décrite le « Livre vert de la révolution » paru pour la première fois en 1975. Il croyait également à son projet d’un continent « Africain libre de tout colonialisme, (les Etats Unis d’Afrique) ».

Quel est l’idéal de beaucoup d’entre nous pour le Mali ? La réponse de type est : « Mon frère, tu es utopiste, penses à toi-même, un appartement en occident, ta famille à l’abri et la vie est belle ». Le pays semble manquer cruellement de personnalités qui s’investissent pour le peuple, pour la collectivité.

Le leader est au cœur de l’action. Il est très difficile d’être leader dans l’anonymat, Un leader est connu à travers les résultats de ses actions : les interventions en faveur de la communauté, les publications d’ouvrages, d’articles, les prises de positions sur des sujets d’intérêt général. Toute chose qui montre qu’il a réfléchi au bien-être des populations, de la communauté, du pays.

En publiant, vous devrez avoir constamment à l’esprit que vous serez lu par des gens qui sont 10 fois plus forts que vous sur le sujet, des gens qui sont 10 fois moins forts que vous et des gens de même niveau de connaissance sur le sujet. Si vous avez peur d’être critiqué, d’être traité de pseudo-intellectuels, vous ne pourriez jamais vous exprimer. Vous garderiez vos idées par devers vous et il vous sera très difficile d’influencer les autres et donc d’être leader.

Si vous avez peur de lire et d’affronter les écrits des autres, vous ne vous améliorez jamais. Un problème peut être approché de différentes manières. Le problème de l’école Malienne, par exemple, peut être abordé sur le plan purement technique : programmes, enseignants, effectif, sur le plan financier : rémunérations des enseignants, moyens matériels bibliothèques, infrastructures, etc., sur le plan des débouchés des sortants, etc.

Un leader a des compétences. On peut ne pas l’aimer, on peut même le dénigrer ou même le détester, mais un leader brille par la pertinence de ses actions et / ou la lumière de ses excellentes idées. Il est difficile à un médiocre d’être leader. Mais il ne faut pas confondre « leaders » et « diplômés ».

Le grand intellectuel Canadien, Bob Proctor spécialiste du développement personnel, pense que les « diplômés sont des conformistes, ils sont prisonniers de leurs diplômes, le niveau qui mesure le degré d’assimilation des pensées des autres, du suivisme, du conformisme ».

Qui sont parmi les leaders mondiaux de l’informatique ? Sans doute : Bill Gates et Michael Dell en font partis. Ils ont arrêté de suivre, après deux années d’Université, les cours des PhD, Docteurs et autres Masters en informatique.

Siné Diarra

(Expert-comptable, commissaire aux comptes, cabinet Finaudit-Sarl, Torokorobougou, Tel 66 66 89 69 69)

Source : Mali Tribune

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