Le maire de Ségou Nouhoun DIARRA tient à la réalisation de la station de traitement de boues de vidange dans la ferme Soninkoura, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais lui faudra-t-il arriver à convaincre une population suffisamment consciente des dangers écologiques et sanitaires d’un tel projet,et surtout les autorités nationales qui jusque-là exigent de lui le respect des lois règlements.
Les faits, on se rappelle remontent, au 20 Septembre 2019 quand soudainement les populations du quartier Bougoufiè ont vu un chantier en démarrage dans la ferme. Automatiquement le conseil du quartier s’est réuni. A l’unanimité, il a été décidé de demander la délocalisation du projet pour plusieurs raisons évidentes La présence d’une telle station entrainera de facto des nuisances et par la même occasion des risques sanitaires pour la population. Les mauvaises odeurs et la brume de particules que déversent au quotidien les huileries et la tannerie à l’est de la ville sont des cas qui invitent à la prudence et font craindre à la population les risques pollution à grande échelle.
Non informé au préalable, et jamais associé à une étude d’impact environnementale, le conseil du quartier, sans mettre en cause la nécessité de la réalisation de l’ouvrage, a demandé de choisir un autre site en dehors des agglomérations humaines.Une lettre dans ce sens a été adressée au Maire avec ampliation au Préfet, au Gouverneur de Région, au Premier ministre, aux ministres en charge de l’environnement, des domaines, et de l’enseignement supérieur. Le ministre en charge des domaines de l’Etat, après avoir félicité le quartier pour avoir joué son rôle citoyen a invité le maire à « cesser toute forme d’occupation… »Le ministre n’a pas manqué de lui signifier les sanctions auxquelles il s’expose en empiétant sur le domaine de l’Etat sans y être autorisé « je profite pour faire observer que vos actions et opérations sur cette ferme, propriété de l’Etat je le répète, s’apparente à l’atteinte à un bien public, à la disposition du bien d’autrui et du dommage à la propriété, toute retenue comme infraction et punie par la loi 01-079 du 20 août 2001 portant code pénal en République du Mali…… ».
En réaction, le maire ne s’estime pas concerné par les dispositions juridiques évoquées par le ministre au motif que le projet est une initiative du ministère en charge de l’environnement. Comme réponse au ministre en charge des domaines de l’Etat, le maire dira ceci « je tiens à vous rappeler que la réalisation de la station de boues de vidange est un projet de l’Etat du Mali piloté par l’agence nationale de gestion des stations dépurations du Mali (ANGESEM) sous la tutelle du ministère de l’environnement…. Lequel a prévu la réalisation des stations de traitement des boues de vidange dans 11 villes du Mali dont Ségou pour une première phase… »
Entre temps, les jeunes du Bougoufiè montent la sentinelle et ont été rejoints par des ressortissants d’autres quartiers. Par prudence et devant la montée de l’adrénaline l’entreprise a choisi de se mettre à l’abri en gardant profil bas.
Comme le maire tient à son projet, il revient à la charge cette fois ci en sollicitant « l’implication personnelle. » du ministre des domaines de l’Etat par correspondance en date du 03 janvier 2020. Monsieur le maire évoque l’importance du projet qu’il qualifie « d’infrastructure d’assainissement indispensable au développement de notre commune… ».
Mais le maire ignore superbement le danger que cela constituerait pour les pauvres populations de Bougoufiè en choisissant le site de la ferme de Soninkoura en pleine ville.
En réaction, le ministre des domaines de l’Etat informe son collègue chargé de l’environnement par correspondance en date du 15 janvier 2020 sur les actes que le maire de Ségou voudrait poser en son nom. Le ministre des domaines de l’Etat rappelle que « la ferme de Soninkoura est et demeure jusqu’à preuve de contraire propriété de l’Etat et elle ne saurait sans être affectée au préalable à un département ou une collectivité territoriale, faire l’objet d’une quelconque occupation …
Comme quoi, le maire doit encore attendre. . Mais avant les populations du quartier s’organisent pour faire valoir leur droit à la santé et à un environnement saint. Des correspondances à qui de droit ont été envoyées.,
Affaire à suivre…….
Source : Bamada.net