À la Une : la chloroquine autorisée à l’hôpital en France

Le professeur Didier Raoult prône l’usage de la chloroquine pour soigner les patients atteints du Covid-19 mais certains médecins l’accusent de griller les étapes en matière de tests. GERARD JULIEN / AFP

C’est une première victoire pour le professeur Didier Raoult. Infectiologue et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée, à Marseille, ce médecin français est à l’origine de l’espoir que l’usage de cet antipaludéen pour lutter contre le coronavirus a fait naître dans le monde. Jeudi, en effet, le gouvernement français a autorisé le recours à l’hydroxychloroquine pour les malades atteints du coronavirus et qui sont pris en charge à l’hôpital ou dans des maisons de santé.

Toutefois, prévient Le Figaro, une question se pose : « À quel moment de la maladie faudrait-il administrer la chloroquine ? En début de traitement, ou quand la maladie devient grave ? ».

Car dans une vidéo qu’il a posté mercredi, le Pr Raoult souligne qu’au moment où ils entrent en réanimation en raison d’une infection respiratoire, les malades du coronavirus « n’ont presque plus de virus et souvent on n’arrive même plus à le cultiver, c’est donc trop tard pour traiter le germe par des antiviraux ».

Traduction du Figaro : « C’est une façon polie de prédire l’échec du vaste essai européen Discovery qui va, entre autres, tester la chloroquine, puisque cet essai s’adresse à des patients gravement atteints ».

Évoquant justement cet essai clinique européen, le quotidien Libération souligne un « effet pervers et inattendu » du vrai « buzz » mondial autour de la chloroquine ? Car ledit buzz « entrave » les recherches scientifiques en cours pour trouver un traitement efficace contre le Covid-19.

Étant souligné que, dans un essai clinique, des groupes de patients sont différemment traités, les uns testant tel remède, les autres tel autre, l’essai Discovery répartit les patients en cinq groupes. Chacun a donc une chance sur cinq de se voir administrer de la chloroquine. Seulement voilà, tous les patients veulent être traités à la chloroquine !

« On ne peut jouer avec l’espoir des gens », s’indigne, dans Libération, un infectiologue de l’hôpital parisien Bichat, le professeur Raoult « nous fait perdre du temps » ! Ambiance.

Autre traitement de cette crise du coronavirus : l’argent. Les grands argentiers de la planète ont décidé de délier en grand leurs bourses pour tenter de tordre le cou à la récession qui menace :

Le G20 a annoncé vouloir injecter quelques 5 000 milliards de dollars dans le circuit financier mondial dans le but de faire face à la crise économique provoquée par le coronavirus.

Le Figaro, en une, salue la « volonté de mobilisation collective » de ces grands argentiers.

Libération, en revanche, ne manque pas de s’étonner. « Pour la maintenir à flot, on déverse sur l’économie mondiale un déluge de monnaie sortie de nulle part, remarque ce quotidien. Pour un peu, l’argent se mettrait à pousser sur les arbres »… Et Libé évoque « une hypothèse (qui) commence à se faire jour : en l’absence d’inflation, on accepterait de reporter indéfiniment les échéances, de rouler la dette devant soi comme un cerceau », remarque-t-il, incrédule.

En France, en tout cas, il est un sentiment collectif qui se propage en même temps que le coronavirus : la peur

Selon un sondage Ifop publié par Le Parisien, huit Français sur dix craignent de « voir mourir leurs proches », trois sur quatre redoutent de « d’infecter les membres de (leur) entourage sans le savoir, et six sur dix avouent même être inquiets à l’idée de « perdre la vie » s’ils étaient eux-mêmes « touchés par le virus » ».

Enfin puis cette polémique dans la crise du coronavirus : un collectif de 600 médecins et soignants a porté plainte pour « mensonge d’État ». Les plaignants reprochent à l’exécutif d’avoir dissimulé la vérité aux Français :

Baptisé C19, ce collectif reproche au gouvernement d’avoir été au courant dès la fin du mois de janvier de la gravité de cette épidémie et de n’avoir ni dit ni fait.

Une plainte parmi d’autres, et le site Mediapart en dénombre six, qui « ont été déposées » devant la Cour de justice de la République par des médecins, des infirmières, des candidats aux élections municipales, des militants politiques et des citoyens, et qui visent le Premier ministre Édouard Philippe, l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, son remplaçant Olivier Véran, ainsi que la ministre de la Justice Nicole Belloubet, signale Mediapart.

Le quotidien L’Opinion se demande si ces plaignants ne font pas plutôt de la « petite tambouille politique », car le collectif C19 a mis en ligne une pétition qui recueille déjà plus de 200 000 signatures. Et pour L’Opinion, il n’est manifestement pas sûr que « péti­tionner et mobiliser la justice suprême en temps de guerre sanitaire (soit) bien l’ur­gence républicaine ».

Source : RFI 

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