Bruno Le Maire : «le redressement sera long, difficile et coûteux»

Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire était l’invité de RFI et France 24 ce vendredi 3 avril 2020 à 8h30 (heure de Paris). Il était interviewé en direct par Christophe Boisbouvier et Roselyne Febvre.

Pour aider les entreprises à passer le choc du confinement, l’État a annoncé le 31 mars qu’il allait garantir jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts bancaires, soit l’équivalent de 15% du PIB. « C’est une première étape, a déclaré Bruno Le Maire ce vendredi matin, mais nous avons décidé de tout faire pour sauver notre économie, et éviter les faillites en cascade et les millions de chômeurs qui s’inscrivent à Pôle Emploi. Nous avons mis beaucoup d’argent public, 45 millions d’euros d’aides, pour éviter la casse économique et sociale. » Le ministre de l’Économie a assuré avoir « pris la mesure de cette crise dès le premier jour » et être conscient que le redressement serait « long, difficile et coûteux ».

Quant à la pénurie de matériel médical, en premier lieu de tests et de masques, « l’essentiel, a-t-il rappelé, est de doter le plus grand nombre de personnes possibles en masques, avec une priorité absolue aux personnels soignants. On trouve ces masques en Chine, on a aussi beaucoup accéléré la production nationale, et je salue tous les industriels qui ont reconverti leurs chaînes de production. C’est une démarche patriote. »

« Souveraineté économique nationale » et « souveraineté économique européenne »

Bruno Le Maire a également insisté sur la « souveraineté économique nationale » et la « souveraineté économique européenne » : « Il y a une nécessité absolue de reconstruire certaines chaînes de valeur en France. Il faut renforcer l’indépendance économique de notre pays. »

« Si l’Europe n’est pas fidèle à ses racines historiques, a-t-il martelé, si elle ne fait pas preuve de solidarité humaine et si elle ne la fait pas passer avant toute considération économique ou financière, elle ne s’en relèvera pas. Nous sommes à la croisée des chemins : soit nous continuons et nous montrons notre solidarité, de manière très concrète, aux pays touchés par le coronavirus, soit nous retournons aux égoismes nationaux, et l’Europe disparaîtra. »

Le ministre de l’Économie a appelé à utiliser le mécanisme européen de stabilité (MES), mis en place après la crise de 2008, à débloquer les fonds de la Banque européenne et le mécanisme européen de chômage partiel, ainsi qu’à la création d’un fonds de réponse aux conséquences de la crise économique, financés par des dotations des pays ou une taxation de solidarité spécifique, afin de relancer les économies européennes. « Le mécanisme européen de solidarité, c’est 240 milliards d’euros, c’est déjà une somme très importante : après, ce sera pour chaque État en fonction des besoins. »

« Il vaut mieux faire de la dette aujourd’hui et avoir des moyens financiers à disposition, plutôt que de laisser notre économie s’effondrer. La relance de l’économie, en France comme en Europe, sera coûteuse. »

Un moratoire de la dette des pays africains ?

Bruno Le Maire avait appelé ce jeudi à « éviter un drame » dans les pays en développement et, en particulier, en Afrique, et proposé des mesures comme « un moratoire » de la dette. Propos réitérés ce matin sur RFI, où il s’est dit « inquiet de la violence avec laquelle cette crise va frapper les pays africains. »« Dans le cadre du G20, a-t-il déclaré, j’ai appelé à une solidarité totale ».

Quant aux reports de charges en France, « nous ferons les reports de charges sociales et fiscales tant que durera la crise sanitaire, a promis le ministre des Finances. Il y a une volonté de protéger le plus possible, mais aussi un souci de cohérence, de continuité. On ne va pas stopper le dispositif alors que l’économie n’a pas redémarré. »

S’agissant des nationalisations, le ministre des Finances dit avoir transmis « une liste d’entreprises » fragilisées par la crise au président Emmanuel Macron. « Il s’agit d’avoir l’Etat qui protège, pour une durée limitée, des entreprises en faisant éventuellement des nationalisations temporaires, car l’Etat n’a pas vocation à diriger des entreprises du secteur commercial à la place des entrepreneurs. »

Il a prévenu à nouveau que la crise serait « longue et durable », mais que le gouvernement allait « se battre pour protéger, le plus possible, l’emploi des salariés ».

Source : RFI 

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