Professeur Seydou Doumbia, directeur de l’UCRC

Professeur Seydou Doumbia, directeur de l’UCRC : «Notre participation aux essais cliniques permet de contextualiser la prise en charge des malades»»

Avec 41 cas confirmés, le Mali enregistre, depuis une dizaine de jours, son lot de personnes atteintes par la pandémie de coronavirus. Seul laboratoire de niveau P3 au Mali, le Centre Universitaire de Recherche Clinique (UCRC) est à l’avant-garde du combat contre la maladie. Le Directeur du centre, le professeur Seydou Doumbia, a ouvert les portes de son établissement à maliweb.net.

03 décès en une semaine. Y-a-il au Mali, un problème avec le protocole de prise en charge des malades de Covid 19 ? «Ces gens de comparaison sont trop biaisées», explique le professeur Seydou Doumbia, Directeur de l’UCRC et Doyen de la Faculté de médecine et d’Odontostomatologie (FMOS). Les morts de Covid 19 au Mali, explique l’épidémiologiste, n’ont rien à avoir avec les conditions de prise en charge. «Les personnes d’un âge avancé, les diabétiques et les hypertendus sont vulnérables et ont plus de change de mourir par la maladie», ajoute Prof Doumbia.

Créé en 2006, l’UCRC-Mali est, aujourd’hui, le labo de référence du ministère de la Santé contre la pandémie du coronavirus. Le centre est le fruit d’une initiative conjointe du Ministère de la Santé du Mali, du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du Mali, de l’Université des Sciences, Techniques et Technologies de Bamako (USTTB) et l’Institut National des allergies et des maladies infectieuses des Etas-Unis (NIAID/NIH). Quant au CHU du Point G, explique le Prof Doumbia, il s’agit d’un partenaire de l’UCRC qui a fourni au centre une partie deses infrastructures.

Des tests fiables…

«Quand on a eu les premiers résultats positifs tout le monde était ‘’soulagé’’». «On nous cachait la vérité», a-t-on entendu dire. «Douter du résultat des tests, c’est mal connaître leur processus de validation», assure Dr Bassirou Diarra, responsable de l’unité de labo P3 à l’UCRC, le seul laboratoire au Mali capable de rendre le virus inoffensif avant tout test. Depuis Ebola, explique le chercheur, l’Institut Pasteur de Dakar, centre de référence de l’OMS en Afrique de l’Ouest, homologue les tests effectués au Mali. «Jusque-là, négatif à Bamako, c’est positif à Dakar, et positif à Bamako, c’est positif là-bas», affirme, avec fierté, Dr Diarra.

En faisant les tests, l’UCRC est «aveugle», précise Amadou Koné, responsable de l’Unité de biologie moléculaire de l’UCRC, l’entité chargée du diagnostic après l’inactivation du virus. «Les échantillons sont numérotés et le diagnostic est fait sans que les chercheurs ne sachent à qui appartiennent les prélèvements».Cependant, explique Koné, les tests négatifs ne voulaient pas forcément dire que la maladie n’était pas au Mali. «Un malade peut échapper au dispositif de surveillance, ou le prélèvement peut ne pas être correctement effectué. Mais, si le virus est présent dans le prélèvement, il ne peut pas nous échapper», assure le chercheur, en présentant sa machine PCR de dernière génération acquise à 34,6 millions FCFA.

Le Mali prêt pour la riposte?

Avec une moyenne de 40 tests par jour depuis le début de la pandémie, l’URC n’a pas encore atteint ses limites en matière de diagnostic. Selon le Directeur, l’UCRC est à mesure de réaliser quotidiennement jusqu’à 160 tests. Quant à la capacité des chercheurs du Centre Universitaire de Recherche Clinique (UCRC) à lutter contre le coronavirus, le prof Seydou Doumbia rassure: « Nous n’avons aucun complexe ». C’est une chance, indique le chercheur, que le Mali abrite, avec l’Afrique du Sud et l’Ouganda, l’un des trois centres de recherche financé par le National Institutes of Health.«Nos chercheurs travaillent avec les sommités de la recherche mondiale», indique le Directeur.

Quant aux essais cliniques, le Prof SyedouDoumbia estime que le Mali et l’Afrique ne doivent pas rester en marge. Les essais cliniques sont en cours à l’UCRC, indique le chercheur. Avec cette pandémie, les africains ont une chance de ne passe se voir prescrire les médicaments testés ailleurs. «Notre participation aux essais cliniques permet de contextualiser la prise ne charge des malades», a conclu le Prof Seydou Doumbia.

Mamadou TOGOLA
Source : Maliweb.net

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