Souleymane Kéïta : nous traversons aujourd’hui une période très difficile en raison de cette maladie. Notre travail fonctionne avec le rassemblement des hommes. Or, avec l’apparition du Covid-19, ces rassemblements pouvant atteindre 50 personnes ont été interdits. Cette pandémie a entraîné l’arrêt de tous nos spectacles. Ce qui constitue un coup dur pour nous.
Nous savons que depuis quelques semaines, les autorités maliennes ont interdit les grands regroupements en raison de cette maladie. Comment avez-vous subi cette décision ?
Cette décision doit être saluée parce qu’elle est prise dans le souci de la santé de nous, citoyens. Nous devons, de ce fait, aider les autorités en les facilitant leur travail par le respect des mesures préventives qu’elles nous dictent. Tous les Maliens ont pour devoir de respecter cette décision de restriction des regroupements pour le bien-être de tous.
Selon l’UNESCO, en cette période de pandémie, la culture joue un rôle immense. Quelles contributions les humoristes peuvent-ils apporter à la lutte contre le coronavirus ?
Je pense que le travail de nous, humoristes, n’est autre que de conscientiser les gens, les mettre sur la bonne voie, les sensibiliser sur toutes les mesures préventives de cette maladie. Ce travail est ce que nous sommes en train de mener nuit et jour à travers les sketches et autres campagnes de sensibilisation. La lutte contre cette maladie est un travail pour lequel la contribution de chaque citoyen est nécessaire.
Qu’est-ce que vous, en tant que grand humoriste malien, faites aujourd’hui pour soutenir le moral de vos fans en cette période difficile ? Pensez-vous être écouté vu le choc psychologique qu’a créé cette maladie ?
Malgré l’acuité de la pandémie, les gens continuent à nous écouter aussi bien sur le plan national qu’international. Toutes les vidéos que nous publions sont visionnées par des millions de personnes en quelques minutes. Tout ce que nous passons comme message, ils les entendent, les regardent et les commentent.
Moi et mes fans, nous sommes comme une famille. On se parle, on s’écoute, on se donne des conseils pour surmonter les situations difficiles.
En cette période de coronavirus, j’ai préparé plein de choses pour faire rire mes fans
Au Mali, avec cette maladie, un couvre-feu a été instauré par les autorités politiques pour limiter le mouvement des citoyens. Les Maliens sont divisés sur la question. Quelle est votre appréciation de ce couvre-feu ?
Je demande aux Maliens qu’on s’écoute, puisque tout ce que les autorités font aujourd’hui, c’est pour la sauvegarde de toute la nation.
Ce couvre-feu n’a pas été instauré par les autorités politiques par gaîté de cœur. C’est parce qu’elles ont le souci de notre bien-être qu’elles l’ont décrété. Il ne vise que la santé de tous les citoyens.
C’est vrai que la vie est présentement dure dans le pays, mais il importe que nous soyons patients pour un bout de temps. Cette période de pandémie va passer et nous continuerons le cours normal de notre vie. Pour le moment, c’est le monde entier qui est sous la menace.
Je suis conscient que c’est une période extrêmement difficile notamment pour les chefs de famille, mais avec une bonne dose de patience, on s’en sortira tout heureux.
En ce qui concerne les dérangements qu’occasionne ce couvre-feu, il faut savoir que même les autorités ont aussi des gênes à cause de cette restriction de mouvement. Car au fur et à mesure que les gens travaillent, l’État gagne davantage. Mais quand le volume de travail diminue, l’État gagne également moins.
Les Maliens doivent comprendre que ce couvre-feu est instauré pour leur bien-être. Je reste persuadé que cette maladie prendra fin dans le bonheur du monde entier.
Quelle explication donnez-vous à l’apparition de cette maladie dans le monde ? Quelles sont les leçons que l’humanité devra en tirer ?
Il faut l’amour dans les cœurs. Quelle qu’en soit la difficulté d’une situation, si nous arrivons à nous écouter, à nous donner la main, à nous donner des idées, nous pourrons trouver la solution au mal. Car comme disent les bambaras, c’est l’union qui fait la force.
Aujourd’hui, il faut dire que c’est le monde même qui est à l’arrêt. Face à de telles situations, nous devons nous soutenir pour montrer à cette maladie, qui est notre ennemi commun, que malgré sa rage, nous, nous demeurons humains.
Par Fousseni Togola
Source : LE PAYS