Coronavirus en France: un déconfinement et beaucoup de questions [International]

Vingt-quatre heures après l’adresse d’Emmanuel Macron qui a réuni plus de 36,5 millions de téléspectateurs, les questions que se posent les Français sont nombreuses. Réponses en trois questions concernant les personnels soignants, les enseignants et les restaurateurs

Dans son adresse aux Français, le président a déclaré que « le confinement le plus strict doit se poursuivre jusqu’au 11 mai » sous entendant qu’un autre confinement, peut-être un peu moins strict, pourrait ensuite lui succéder. Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a lui précisé ce mardi que « le 11 mai » n’était pas « une certitude mais un objectif ». De quoi semer le doute dans l’esprit des Français.

Interrogations des soignants

D’une manière générale, médecins et infirmiers saluent la prolongation du confinement. Mais déjà des interrogations naissent concernant la date choisie pour le déconfinement: « Ce qui m’inquiète c’est de savoir si le 11 mai l’hôpital sera en capacité d’assurer une nouvelle vague », tempête Lucie Branco, infirmière aux urgences de l’hôpital Avicenne de Bobigny. « Il nous manque des lits et du matériel, donc moi j’aimerais bien savoir comment le 11 mai tout va se dégoupiller. Je ne suis pas sûre que la crise prendra fin le 11 mai ».

Face à cette inquiétude palpable du milieu hospitalier, il faut préciser que le déconfinement aura lieu le 11 mai à condition que « nous continuons d’être civiques, responsables, de respecter les règles et si la propagation du virus a effectivement continué à ralentir », a souligné Emmanuel Macron.

Pour limiter le nombre de nouveaux cas, passé le 11 mai, les personnes les plus vulnérables et âgées devraient également rester confinées après cette date. Enfin pour éviter ce que redoute les soignants, c’est à dire une deuxième vague massive de malades en réanimation courant mai, le président a indiqué que les personnes présentant des symptômes seraient testées et isolées. Mais ce dispositif ne concernera pas l’ensemble de la population.

Les enseignants dans l’incompréhension

Emmanuel Macron l’a assuré : crèches, écoles, collèges et lycées devraient rouvrir le 11 mai, pour limiter les inégalités scolaires. Les universités, elles, resteront fermées jusqu’à la rentrée scolaire de septembre. Un deux poids deux mesures que ne comprend pas Alain Blanchet, professeur d’histoire au lycée Saint-Just à Lyon : « Je vois pas pourquoi on rouvre les lycées et pas les facs ! » s’étonne-t-il. D’autant plus que d’après lui, ouvrir les écoles et lycées sous-entend aussi d’ouvrir à nouveau les restaurants scolaires : « Pourquoi on rouvrirait les restaurants scolaires et pas les restaurants tout court ? Je pense que le gouvernement s’est considérablement avancé et je ne vois pas comment c’est faisable ».

Justement, pour mener à bien la réouverture des classes, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer précise ce mardi que la rentrée à l’école ne se fera pas du « jour au lendemain ».  Priorité sera donnée aux « publics les plus fragiles » socialement et scolairement a-t-il précisé.

A noter aussi que les cours devraient être dispensés par petits groupes et qu’il y aura de « grands aménagements » dans les établissements et donc certainement aussi dans les cantines scolaires. Enfin, concernant les cours,«la charge horaire sera moins importante », a précisé le ministre.

Inquiétude des restaurateurs

C’est certainement le secteur qui devra prendre le plus longtemps son mal en patience. Restaurants, bars, cinémas, théâtres resteront fermés après le 11 mai, a déclaré le président. Passée cette date, la situation sera collectivement évaluée à partir de mi-mai, chaque semaine, pour adapter les choses et vous donner de la visibilité, a précisé Emmanuel Macron. Un calendrier assez flou qui fait naître des interrogations notamment dans le secteur de la restauration : « Bien sûr la question de la date de réouverture du restaurant se pose en premier, mais très rapidement, d’autres questions viennent à l’esprit », s’inquiète Amandine Carreau.

La propriétaire du restaurant Noisette dans le 12e arrondissement de Paris énumère ses interrogations : « Dans quelles conditions on pourra rouvrir ? Si chacun d’entre nous doit porter un masque, est-ce qu’on aura vraiment envie d’aller se réunir dans des restaurants ? Par ailleurs, est-ce que nos producteurs qui nous approvisionnent en produits auront tenu le choc ? Et enfin, pour l’instant nos charges sont gelées, mais est-ce qu’on aura une annulation de ces charges et une aide des assurances concernant la baisse d’exploitation ? ».

Là encore, les réponses sont moins tranchantes que les interrogations. Dans son allocution lundi soir, le chef de l’État a promis dans son allocution que les mesures de chômage partiel allaient être poursuivis pour compenser la baisse d’activité. Par ailleurs, rapidement, un plan spécifique sera mis en œuvre pour les secteurs, comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, la culture et l’événementiel, qui seront durablement affectés. Des annulations de charges et des aides spécifiques seront mises en place, a assuré Emmanuel Macron lundi soir. Les charges du secteur seraient donc simplement annulées et pas reportées. Une lueur d’espoir dans un tableau sombre qui ne devrait pas s’éclaircir avant le début de l’été pour le secteur.

Source : RFI 

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