Lutte Contre Le Covid-19 : -Plusieurs Mesures D’accompagnements Annoncées -Des Interrogations En Suspense

Ibrahim Boubacar Kéita, président de la République, était face aux Maliens ce vendredi 10 avril 2020. À cette occasion, plusieurs mesures sociales ont été annoncées. Mais des interrogations subsistent.

« Nous sommes en guerre. Une guerre coûteuse en ressource », a indiqué IBK lors de son adresse à la nation ce vendredi 10 avril 2020. L’État malien décide d’engranger près de 500 milliards de FCFA pour l’effort de guerre contre le coronavirus. Cette somme constitue près de la moitié du budget national, souligne le président de la République.

Le chef de l’État a indiqué l’adoption de plusieurs mesures phares pour une lutte efficace contre cette pandémie. La première institution de la République renonce à trois mois de son salaire. Quant aux chefs du gouvernement, à deux mois et les membres du gouvernement à un mois de leur salaire. Le locataire de Koulouba rassure également que tous les chefs d’institution ont fait des gestes.

 Des tonnes de céréales seront distribuées aux familles les plus démunies à Bamako, indique-t-il. Durant trois mois (avril, mai et juin), les autorités renoncent aux factures d’électricité et d’eau pour les petits consommateurs et deux mois pour les grands consommateurs. Une prime spéciale sera accordée aux médecins mobilisés pour la lutte contre cette maladie et aux forces de l’ordre mobilisées pour la surveillance du couvre-feu.

Cette adresse à la nation a été également l’occasion pour IBK de lancer la campagne « Un Malien, un masque ». Des tailleurs locaux seront appelés à confectionner des millions de masques pour les citoyens. Dans les prochains jours, une vaste campagne de distribution de masques démarrera à Bamako, a-t-il indiqué.

L’essentiel n’est pas d’annoncer des mesures, le plus important et le plus difficile est d’honorer les engagements en appliquant ces mesures. Connaissant les autorités maliennes, ces mesures souffriront de plusieurs défaillances.

S’agissant des factures d’électricité et d’eau, certains agents malintentionnés risquent de se profiter de cette mesure pour escroquer les citoyens. Quelles mesures de contrôle les autorités mettent en place pour protéger les citoyens contre ces éventuelles extorsions ? Jusqu’à preuve de contraire, nous n’en savons pas.

Outre cet aspect, il faut souligner la volonté de lancement de la campagne « Un Malien, un masque ». Cette annonce soulève également des inquiétudes. Sur quels critères ces tailleurs seront sélectionnés ? Si c’est sur des critères discriminatoires comme on a coutume d’assister dans ce pays, il faut s’attendre à une autre situation malencontreuse.

L’autre interrogation concerne le maintien du deuxième tour des législatives. Malgré une aggravation de la situation de la maladie à coronavirus dans le pays après le premier tour, le chef de l’État décide de maintenir le deuxième tour de ce scrutin. Parce que c’est une élection décidée par le Dialogue national inclusif, se justifie-t-il. Ainsi, IBK montre pour une énième fois son mépris pour les Maliens.

Enfin, il fait de la situation salariale des enseignants un non-événement. Depuis des mois, ces fonctionnaires ne reçoivent plus de salaire parce qu’ils sont en grève. Mais au cours de cette adresse à la nation, le président de la République décide de s’étendre plutôt sur la question des cours à distance que sur cette situation. Cela pourrait également se traduire comme un mépris à l’égard des enseignants maliens.

F. Togola

Source : LE PAYS

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