La continuité pédagogique que le gouvernement du Mali a commencée dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus a suscité des réactions. En plus de la question de l’accès à l’électricité, la couverture télévisuelle, la question des zones d’insécurité où il n’y a pas eu d’écoles depuis des années a soulevé beaucoup de questionnement.
C’est d’ailleurs sur ce point que la plateforme « Sauvons la région de Mopti » s’est focalisée, en marge des autres difficultés évoquées.
Dans son document, la plateforme dirigée par Mama Samassekou rappelle que l’accès à l’école est un droit inaliénable pour tout citoyen malien en âge d’aller à l’école. Mais il revient sur certaines difficultés qui freineront la réussite de cette continuité pédagogique. Ces difficultés sont, entre autres : la fracture numérique, le taux d’accès à l’électricité et le taux de couverture télévisuelle sur le territoire national ; l’insécurité résiduelle sur l’ensemble du territoire, principalement dans les régions du centre et du nord, ayant occasionné la fermeture des classes dans plusieurs localités, et ce, depuis 2012 ; l’incapacité du Gouvernement et de ses partenaires à endiguer l’insécurité dans la région de Mopti, qui se mue désormais en conflits intercommunautaires ouverts… Malgré tout, la plateforme affirme quand même prendre « acte de la décision du Gouvernement de la République du Mali d’assurer la continuité de l’école à travers la radio et les télévisions nationales ».
Ce que regrette la plateforme « Sauvons la région de Mopti »
Selon le communiqué de Mama Samassekou, sa plateforme, même si elle salue la sincérité de l’initiative, déplore trop de manquements. Elle regrette d’abord que « les autorités nationales n’aient pas suffisamment pris en compte la situation d’exception dans laquelle se trouvent plusieurs millions d’enfants issus des ménages défavorisés des campagnes et des villes ».Pis, la plateforme des ressortissants de la région de Mopti estime que cette continuité pédagogique est une injustice envers certains de leurs frères et sœurs qui, depuis des années, sont privés de leur droit à l’éducation et seront privés de cette formation à distance à cause de l’insécurité. Ce que la plateforme qualifie d’« un apartheid éducatif » à l’encontre de ces écoliers de ces zones. « La plateforme Sauvons la région de Mopti est convaincue qu’une telle opération, plutôt que de corriger les inégalités déjà existantes entre les enfants du même territoire, favorise un apartheid éducatif en privant les enfants des zones d’insécurité de leur droit le plus élémentaire d’accès à l’école », lit-on dans le communiqué du 17 avril.
La plateforme se dit aussi « préoccupée par le sort réservé aux milliers d’enfants du centre et du nord, déplacés internes ou ceux restés malgré tout chez eux et pris au piège de l’insécurité de plus en plus meurtrière, privés du droit à l’école et à un habitat décent ». Elle invite ainsi le Gouvernement du Mali et les partenaires à créer « les conditions d’un retour volontaire et massif des enfants de ces zones d’insécurité chez eux et à leur garantir l’accès à l’école ».
Il faut rappeler aussi que l’AEEM s’oppose à tout examen sur ces cours à distance.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS