De 66 députés élus sous ses couleurs en 2013, le RPM chute à seulement 43 parlementaires à l’issue des résultats provisoires des élections législatives de cette année. Serait-ce là le prix payé par le parti présidentiel pour la gouvernance plutôt tumultueuse d’IBK?
On savait que la gouvernance IBK allait avoir des incidences négatives sur la représentation parlementaire de son parti. Mais l’on n’avait imaginé que cela entraînerait une contre-performance aussi prononcée. De 66 députés, le parti du tisserand voit sa gibecière parlementaire réduite à 43 élus, selon les résultats proclamés par le ministère de l’Administration territoriale, le jeudi 23 avril dernier. Même si ces résultats sont susceptibles de retouche par la Cour Constitutionnelle, qui les rendra définitifs et sans recours, l’on peut d’ores et déjà, noter que le RPM a perdu du terrain au sein de l’électorat. Et cela s’explique par plusieurs raisons, dont le leadership émoussé du « président-fondateur » du parti, Ibrahim Boubacar Kéita.
La gouvernance approximative d’IBK
Après sa brillante élection à la tête du pays en 2013, les Maliens avaient pensé s’être choisi le « messie », le « sauveur », à même de relever le pays de la crise politico-sécuritaire dans laquelle il venait de sombrer en 2012. Il fallait donc donner au nouveau président une majorité parlementaire confortable lui permettant de gouverner et écrire en encre d’or « le Mali d’abord ». Ce qui a permis au parti présidentiel de bénéficier de l’aura et de l’espoir suscité par IBK. Celui-ci était du reste très proche de son parti. Le RPM fera alors élire 66 députés sous ses couleurs avant de se faire rejoindre par un lot de députés transfuges. Et, en début de la législature en 2013, le parti du tisserand comptait autour de 75 parlementaires et avait le soutien de groupes parlementaires comme l’APM(23 élus) et l’ADEMA-PASJ (17 élus)
Mais la suite, la gouvernance marquée par divers scandales ont défavorablement marqué les consciences. Plus d’un Malien a affiché sa déception et la présidentielle 2018 a permis à IBK de rempilé du fait que l’opposition aussi n’offrait ni une alternative crédible, encore moins une stratégie payante aux populations.
Il s’en suit que les récentes élections législatives étaient une occasion rêvée pour de nombreux électeurs d’aller à des vote-sanctions contre la plupart des cadres du parti au pouvoir et de ses alliés. Tel semble être le cas des députés Moussa Timbiné (RPM) en commune V, Issa Togo (ADEMA) à Koro, feu Belco Bah (UM-RDA) à Niono, Yacouba Michel Koné (RPM) à Sikasso, etc. C’est ainsi que dans les 6 communes de Bamako, le RPM n’a pu faire élire qu’un seul député, Karim Kéita, le fils du chef de l’Etat.
Querelles intestines
Il faut souligner aussi que les nombreuses querelles intestines et les difficultés de renouvellement des structures du parti présidentiel l’ont beaucoup fragilité et entrainé des clashs autodestructeurs. Ce fut le cas en commune V, où le Secrétaire général sortant de la section RPM, le maire Amadou Ouattara, a publiquement combattu le candidat Moussa Timbiné, nouveau Secrétaire général de la section et adversaire du président du parti, Dr Bokary Tréta. Cela faisait un bon désordre qui a pu contribuer à l’échec du 1er vice-président de l’Assemblée Nationale sortante.
La situation est presque identique en commune IV où le député sortant, Moussa Diarra a été poussé à la porte du parti. Il a été combattu par les responsables de la section et peut-être par les dirigeants du parti et n’a eu que ses yeux pour pleurer et constater son échec à ces législatives. Idem ailleurs, comme Youwarou, où la députée sortante du parti, Mme Diallo Aissata Touré a subi le même sort. Avant les législatives, des cadres parlementaire du RPM comme Abidine Koumaré, N’Fa Simpara, Bafotigui Diallo ont été plus ou moins contraints à la démission et ont cherché hospitalité dans d’autres formations politiques. Ce qui a sérieusement fragilisé la formation politique du président IBK. L’on ne peut qu’espérer qu’avec les enjeux des réformes politiques majeures attendues, la nouvelle configuration parlementaire puisse permettre au chef de l’Etat de…tirer son épingle du jeu. Avant la présidentielle 2023.
Boubou SIDIBE