Indicateur du Renouveau : Quelle est la situation sécuritaire sur le terrain ?
Youssouf Toloba : Nous sommes dans l’obscurité, tout comme le pays. Le pays est loin d’être sécurisé. C’est ce que je peux vous dire. Tout ce que vous entendez, ce sont des mensonges. Il n’ya pas de sécurité jusqu’à Kidal. Il ne faut pas qu’on se blague. Notre mouvement est présent dans quatre cercles, notamment Bandiagara, Bankass, Koro et Douatzen jusqu’à l’autre côté du fleuve. Même pas quatre jours, 13 personnes ont été tués dans l’arrondissement de Sanga. Les bérets rouges sont venus à Sanga et ils se sont retournés. Pourquoi ils sont retournés ?
Je ne le cache. Les éléments des FAMas envoyé, sont aussitôt retournés. Et après pour déclarer qu’ils travaillent pour la sécurisation des régions du centre. C’est faux et je ne le cacherai pas. Ce que nous pouvons faire nous le ferons inchala.
Indicateur du Renouveau : Dans le cadre de la sécurisation des régions du centre, un accord a été conclu entre vous et l’ex Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maiga, ou en sommes-nous ?
Youssouf Toloba : Nous avons discuté avec Soumeylou Boubeye Maiga. Un plan a été élaboré. Nous avons ensemble faire un recensement des zones susceptibles d’abriter les Djihadistes. Mais malheureusement nous avons la réaction du gouvernement depuis trois ans. Les tueries continuent. Plus de trois cent combattants ont été tués. Nous avons envoyé un message aux autorités de faire des efforts, mais rien absolument. Ils disent que c’est un accord entre Boubeye et nous. Pourtant, il s’agit de la sécurité du Mali. Maintenant, Boubeye est chassé pour des raisons multiples, mais le successeur est pire. Notre accord avec Boubeye n’a pas été respecté. Le premier actuel Boubou Cissé demande de déposer les armes, nous avons exécuté. Trois mois après, les tueries de masse continuent. Nous étions obligés de prendre les armes. A mon avis Boubeye est mieux que Boubou Cissé.
Indicateur du Renouveau : Selon les explications, nous avons l’impression que les relations entre vous et le PM sont polluées, qu’est-ce qui ne va pas ?
Youssouf Toloba : Effectivement ! Le ministre nous a contactés. Et nous avons échangé autour du déroulement des activités. Il nous a écoutés. Ensuite, il a envoyé les soldats pour nous bombarder. Nous ne pouvons jamais penser d’un tel acte. Pour nous, Boubou n’est pas un travailleur. S’il était un travailleur, il allait chercher à collaborer avec les acteurs au terrain. Mais aller jusqu’à nous bombarder, c’est vraiment inadmissible. D’ailleurs, s’il était volontariste, la guerre serait finie. Dès son arrivée la situation s’est aggravée. Combien de militaires sont morts ? Combien de civiles ? Combien de camps ont été détruit ? Nous estimons avant tout d’abord que la résolution de cette crise passe par la collaboration avec les acteurs sur le terrain. Chaque jour, la situation s’aggrave. Nous leur avons demandé de collaborer avec eux. Les gens pensent que nous tuons les civiles. C’est un délire. D’ailleurs si les militaires sont avec nous, la confiance sera renforcée. Parce qu’il faut renforcer la confiance entre les citoyens et les FAMas. Nous voulons simplement la collaboration. Et le terrain sera facile à maitriser. Si nous nous unissons, nous pouvons mieux bouger les lignes. C’est ce que nous avons toujours dit. Nous faisions ce travail avec Boubeye. C’est ainsi les armes avaient été déposés. Mais l’accord n’a pas été respecté Donc, nous étions obligés de réagir. Puisqu’il est or question d’abandonner nos communautés qui souffrent déjà des séquelles de la crise multiforme. Vous pouvez même faire votre analyse si la sécurité peut être garantie aujourd’hui sans l’aide des chasseurs dans cette région de Mopti. Mieux de Mopti jusqu’à Kidal, la sécurité ne sera assurée avec l’apport des mouvements. Les personnes de mauvaises intentions sont connues ainsi que là où ils se cachent. Nous avons dit aux autorités si elles ne peuvent aller seules, notre disponibilité est intacte. Ça Mais comme toujours, nous n’avons jamais été sollicités.
Indicateur du Renouveau : Suivant les analyses, l’opinion fait la lecture que Dan Na ambassagou est créé contre une communauté, qu’en dites-vous ?
Youssouf Toloba : Nous ne sommes pas en conflit avec une communauté. Et si c’est les Peulhs que vous faites allusion vive en harmonie avec les dogons. Nous sommes en conflits avec les djihadistes. Les djihadistes sont dans toutes les communautés. Mais généralement, nous avons fait le constat que les Peulhs les accueillis. C’est pourquoi les disent que ce sont des Peulhs. C’est une mauvaise interprétation des choses. Sinon nous ne sommes pas en guerre avec les Peulhs. La preuve est Bandiagara, nous avons toutes les communautés là-bas. Nous sommes en conflit avec les mauvaises personnes quelle que soit ta race. Nous avons fait appel aux Peulhs de nous rejoindre. Il faut dire cette vérité aussi. Nous n’acceptons pas ça. Ce n’est pas un conflit ethnique. Si c’est un conflit ethnique est ce qu’il y a des Dogons de l’autre côté du fleuve ? Le niveau du débat a évolué. Avec tout le respect que je vous dois, n’avançons pas cette thèse.
Indicateur du Renouveau : Pour la paix au centre, le gouvernement a pris plusieurs engagements notamment le dialogue social, quelle est votre position ?
Youssouf Toloba : Nous ne refusons pas le dialogue. Dan Na ambassagou est ouvert à tout processus de dialogue. Mais, le dialogue franc sans hypocrisie. Tous ceux qui nous ont contactés, ne sont pas clairs. S’ils étaient clairs nous aurons accepté.
Indicateur du Renouveau : A la demande de Komane Tanapo, une rencontre sur la paix a eu lieu au plateau Dogon, quelles ont été les conclusions ?
Youssouf Toloba : Un jour, une délégation est venue nous informer qu’un Marabout de Djenné notamment Komane Tanapo souhaite nous rencontrer. Nous avons opposé notre nit. Puisque ce n’est pas une histoire de maraboutage qui nous fera tromper notre objectif qui est la paix. Mais plutôt un Malien souhaite rencontrer ses compatriotes. Nous avons d’abord recadré les choses pour évidemment mettre la forme dans l’initiative. Ensuite, je l’ai rencontré. Mais pour moi, il n’était pas clair et même certains de mes éléments aussi. C’est ainsi que je l’ai libéré. Il faut que les gens comprennent une chose : nous n’avons pas peur de la mort. Ils veulent avancer les choses sur base du mensonge, nous n’allons jamais accepter cela. C’est ce que je défends toujours. Ce n’est pas clair ce qu’ils ont dit. Ils nous ont demandé de déposer les armes que les djihadistes ne nous toucheront plus. Au fait un cessez-le-feu entre nous. Je dis non. Cette volonté ne passera pas tant que je vis. Si je surprends quelqu’un dans la forêt avec une arme, sauf que tu sois un militaire ou entrain de protéger quelqu’un. Sinon la bataille sera engagée. Et notre combat c’est de ne jamais accepter le djihadisme partout au Mali. Puisque notre pays est laïc. Si la laïcité n’est pas en débat, nous acceptons le dialogue. Les djihadistes ont des armes, c’est contre qui ? Donc, nous serons toujours auprès des communautés. Les militaires sont nos frères et fils, chacun doit les appuyés. Certains Maliens sont aujourd’hui esclaves par la volonté manifestent des trafiquant de drogues.
Les chasseurs ont déposé leurs armes là-bas, les djihadisses sont venus imposer leur loi sur la population. Pourquoi ne pas parler de cette situation. Ici en tout cas, pas question de céder. Nous demandons aux peulhs de nous aider à faire cette guerre pour notre dignité. Ce n’est pas une guerre contre les peulhs.
Indicateur du Renouveau : Est-ce qu’aujourd’hui, la paix c’est votre agenda comme indique-t-on ?
Youssouf Toloba : Si tu me vois, c’est déjà le signe de la paix. Tu vois mes hommes avec le drapeau du Mali. Si ce n’est pas pour la paix, nous n’allons pas faire cela. Mon agenda est la paix, mais elle passe par la guerre. Mais trop de liberté tue la paix. Nous demandons à tous les maliens de bonne volonté de nous rejoindre ou qu’il voudra.
Indicateur du Renouveau : Doukombo, dans le cercle de Bandiagara, une rencontre a eu lieu pour le retour des déplacés et leur installation, pourquoi Dan Na ambassagou n’a pas participé ?
Youssouf Toloba : Ils se sont rencontrés. Je n’ai pas participé. Ils ont expliqué à l’opinion que l’objectif est la construction des maisons des déplacés puisqu’elles ont été détruites et des villages brulés. Oui pour l’appui, mais l’approche n’était pas cohérente. Il ne faut pas monnayer la souffrance des communautés. C’est différent de la paix. Le jour de la réunion, nous avons passé la journée en conflit. Ils étaient témoins. Celui qui te cible avec les fusils, cherche-t-il la paix ?
J’ai envoyé mes éléments. On n’empêche personne de construire, d’ailleurs on vous protège. Mais s’il ya des gens qui détruisent ces maisons. Il faut d’abord s’attaque à la cause. Ceux qui sont venus pour disent-ils, la paix ce sont eux-mêmes qui détruisent ces maisons. Puisqu’après, nombreux villages ont été brulés. Nous voulons le cesser le feu pour faire place au dialogue. Il faut qu’il y ait la paix partout que ça soit à Doukomo, Hombori partout.
Nous voulons que l’armée comprenne la collaboration pour le bonheur des populations. Ce que je demande aux maliens, c’est de ne pas prendre l’argent de l’État soi-disant que tu vas instaurer la paix sans connaitre sans concertation. Nous ne pouvons être manipulés. Je préfère la Mali qu’une chambre remplit de l’argent. Si c’est pour l’argent je peux en avoir. Nous avons demandé à l’État de nous envoyer les hommes clairs. C’est ça notre demande. D’accord le dialogue, mais je reste persuadé qu’il faut d’abord faire cette guerre imposer.
Les militaires s’ils veulent ou pas la guerre, il faut la guerre pour qu’on en finisse une fois pour toute. Nous combattrons les djihadistses et alliés. On n’épargne personne.
Indicateur du Renouveau : Récemment le PM a lancé le DDR dans les régions du centre, pourquoi Dan Na ambassagou n’a pas participé ?
Youssouf Toloba : Est-ce que le DDR a réussi ? L’autre jour, ils ont attaqué les éléments démobilisés. C’est un montage, ce fameux DDR. Nous n’allons pas donner notre caution à ça. Notre désarmement est conditionné à la restauration de la paix et au redéploiement de l’armée nationale.
S’ils veulent la paix, ils doivent nourrir les populations des zones occupées. Elles ne peuvent pas aller au marché. Il faut la paix. Pourquoi attaquer les villages alors que nos camps sont dans la forêt. Qu’ils laissent ces villages en paix. S’ils veulent réellement, la guerre qu’ils viennent attaquer nos camps.
Propos recueillis par Bréhima Sogoba
Source: Indicateur de Renouveau