Nommé, le 5 mai 2019, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, dans le «Gouvernement de mission» de Dr Boubou Cissé, Malick Coulibaly a fêté mardi dernier, le premier anniversaire de son second passage à la tête du département de la Justice. Le militant des droits de l’Homme a-t-il été à hauteur de mission ?
De l’humidificateur pour les détenus de la prison centrale de Bamako. C’était le premier acte officiel du ministre Malick Coulibaly, après sa nomination qui a coïncidé, début mai, avec la canicule. Devant les détenus, Malick Coulibaly a déploré la lenteur de la justice malienne. Seuls 321 condamnés sur une population carcérale de près de 2000 personnes. Tous les autres étaient en détention provisoire, parfois depuis plus de six ans. «Il est plus facile dans notre pays de se retrouver en prison que d’en ressortir», s’est indigné le ministre Malick Coulibaly. Et d’ajouter: «Cela, dénote du dysfonctionnement flagrant de la justice au Mali».
Des hauts et des bas…
Mû par sa volonté de faire changer les choses, Malick Coulibaly opère des changements stratégiques dans des postes-clés. Des magistrats jugés «plus intègres», à l’image du réputé incorruptible Mamoudou Kassogué devient le nouveau Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III en charge du Pôle économique et Financier, à l’issue du Conseil supérieur de la magistrature du 25 juin 2019. C’est le début des arrestations très médiatisées qui offrent aux populations l’illusion d’une justice réveillée, indépendante et équitable.
Des gros poissons sont désormais inquiétés par la justice malienne.Qui l’aurait cru? Maire du District de Bamako, depuis 10 ans, Adama Sangaré, ami du pouvoir et serviteur loyal du président de la République est arrêté pour une affaire de corruption. Un mois plus tôt, c’était autour de Bakary Togola, le puissant président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali(APCAM) de s’embourber dans les mailles du filet de la justice. Suivra l’arrestation de plusieurs autres personnalités, jusqu’à l’inculpation le 27 mars de Mahamadou Camara, l’ancien directeur de cabinet du président de la République, dans l’affaire de l’avion présidentiel et équipements militaires.
«La célérité de la justice n’existe que pour les personnalités et autres fortunés» | Trijeud
Abdouhamane Haïdara est président de l’association Tribune Jeune pour le Droit au Mali (Trijeud Mali), Pour lui, la nomination de Malick Coulibaly a été salutaire pour les populations, ça les a permis de croire, à nouveau, en la justice. «Avec Malick, il y a eu de l’espoir pour les populations», indique le militant des droits de l’Homme. Pourtant, déplore Abdouhamane Haïdara, la justice malienne ne s’est réellement pas améliorée pour les justiciables. «La célérité de la justice n’existe que pour les personnalités et autres fortunés. Mais pour le Malien lambda, les dossiers traînent parfois des années, et dans les commissariats la garde à vue dure encore des semaines».
Pour Néguéting Diarra, Coordinateur du Centre d’assistance et de promotion des Droits Humains (CapDH), la seconde association ayant accepté de nous parler, il ne faut pas perdre de vue le contexte dans lequel Malick a été nommé. Le contexte est difficile, mais la première chose qu’il a faite était de doter la justice de ressources humaines de qualité. Ensuite, le ministre a entamé les reformes: l’adoption de la Loi d’Orientation et de Programmation pour le Secteur de la Justice est en cours; la Loi de protection des défenseurs de droits de l’Homme a été adoptée ainsi que la Loi d’entente nationale même si son Décret d’application n’est toujours pas signé. «Il est important de savoir que le temps de la justice n’est pas le temps ordinaire», plaide Néguéting Diarra, en faveur du «droit de l’Hommiste». Aujourd’hui, la lutte contre la corruption bloqué à cause des Cours d’Assises qui siègent deux fois par an. «Malick est en train de faire en sorte que les sessions d’assises soient supprimées et remplacées par une chambre spécialisée au nouveau des Cours d’appel», se réjouit le patron du CapDH.
L’héritage politique
Une justice qui marche, vous avez dit ? On ne demande qu’à y croire. Récemment pourtant, des dossiers judiciaires ne sont pas, pour ainsi dire, allés dans le bon sens:le général Amadou Haya Sanogo, présumé coupable de la mort de 21 bérets rouges, est en liberté ‘’ provisoire’’; interpellé le 03 mars dernier, après un sulfureux meeting,l’Imam Mahmoud Dicko ne sera jamais entendu par la justice. Pis, sa convocation sera annulée, avec les excuses du Gouvernement. Plus récemment, l’inculpation et la libération, de Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet du président de la République avec rang de ministre, a démontré le poids de la politique sur la justice malienne.
Une réalité bien malienne qui a fait dire à Me Cheick Oumar Konaré que la lutte contre la corruption, engagée tambour battant, n’est que de la poudre aux yeux. «On ne peut pas demander à la justice de faire, ce que l’Etat lui-même ne peut pas faire», a indiqué l’avocat au cours d’une conférence qu’il a animée avec le procureur Mamoudou Kassogué sur le thème: «Justice et lutte contre la corruption au Mali: réelle volonté politique ou duperie ?». Me Cheick Oumar Konaré estime que l’Etat doit être suffisamment fort pour l’administration d’une justice saine au Mali.
Mamadou TOGOLA
Source: Maliweb.net
De l’humidificateur pour les détenus de la prison centrale de Bamako. C’était le premier acte officiel du ministre Malick Coulibaly, après sa nomination qui a coïncidé, début mai, avec la canicule. Devant les détenus, Malick Coulibaly a déploré la lenteur de la justice malienne. Seuls 321 condamnés sur une population carcérale de près de 2000 personnes. Tous les autres étaient en détention provisoire, parfois depuis plus de six ans. «Il est plus facile dans notre pays de se retrouver en prison que d’en ressortir», s’est indigné le ministre Malick Coulibaly. Et d’ajouter: «Cela, dénote du dysfonctionnement flagrant de la justice au Mali».
Des hauts et des bas…
Mû par sa volonté de faire changer les choses, Malick Coulibaly opère des changements stratégiques dans des postes-clés. Des magistrats jugés «plus intègres», à l’image du réputé incorruptible Mamoudou Kassogué devient le nouveau Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III en charge du Pôle économique et Financier, à l’issue du Conseil supérieur de la magistrature du 25 juin 2019. C’est le début des arrestations très médiatisées qui offrent aux populations l’illusion d’une justice réveillée, indépendante et équitable.
Des gros poissons sont désormais inquiétés par la justice malienne.Qui l’aurait cru? Maire du District de Bamako, depuis 10 ans, Adama Sangaré, ami du pouvoir et serviteur loyal du président de la République est arrêté pour une affaire de corruption. Un mois plus tôt, c’était autour de Bakary Togola, le puissant président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali(APCAM) de s’embourber dans les mailles du filet de la justice. Suivra l’arrestation de plusieurs autres personnalités, jusqu’à l’inculpation le 27 mars de Mahamadou Camara, l’ancien directeur de cabinet du président de la République, dans l’affaire de l’avion présidentiel et équipements militaires.
«La célérité de la justice n’existe que pour les personnalités et autres fortunés» | Trijeud
Abdouhamane Haïdara est président de l’association Tribune Jeune pour le Droit au Mali (Trijeud Mali), Pour lui, la nomination de Malick Coulibaly a été salutaire pour les populations, ça les a permis de croire, à nouveau, en la justice. «Avec Malick, il y a eu de l’espoir pour les populations», indique le militant des droits de l’Homme. Pourtant, déplore Abdouhamane Haïdara, la justice malienne ne s’est réellement pas améliorée pour les justiciables. «La célérité de la justice n’existe que pour les personnalités et autres fortunés. Mais pour le Malien lambda, les dossiers traînent parfois des années, et dans les commissariats la garde à vue dure encore des semaines».
Pour Néguéting Diarra, Coordinateur du Centre d’assistance et de promotion des Droits Humains (CapDH), la seconde association ayant accepté de nous parler, il ne faut pas perdre de vue le contexte dans lequel Malick a été nommé. Le contexte est difficile, mais la première chose qu’il a faite était de doter la justice de ressources humaines de qualité. Ensuite, le ministre a entamé les reformes: l’adoption de la Loi d’Orientation et de Programmation pour le Secteur de la Justice est en cours; la Loi de protection des défenseurs de droits de l’Homme a été adoptée ainsi que la Loi d’entente nationale même si son Décret d’application n’est toujours pas signé. «Il est important de savoir que le temps de la justice n’est pas le temps ordinaire», plaide Néguéting Diarra, en faveur du «droit de l’Hommiste». Aujourd’hui, la lutte contre la corruption bloqué à cause des Cours d’Assises qui siègent deux fois par an. «Malick est en train de faire en sorte que les sessions d’assises soient supprimées et remplacées par une chambre spécialisée au nouveau des Cours d’appel», se réjouit le patron du CapDH.
L’héritage politique
Une justice qui marche, vous avez dit ? On ne demande qu’à y croire. Récemment pourtant, des dossiers judiciaires ne sont pas, pour ainsi dire, allés dans le bon sens:le général Amadou Haya Sanogo, présumé coupable de la mort de 21 bérets rouges, est en liberté ‘’ provisoire’’; interpellé le 03 mars dernier, après un sulfureux meeting,l’Imam Mahmoud Dicko ne sera jamais entendu par la justice. Pis, sa convocation sera annulée, avec les excuses du Gouvernement. Plus récemment, l’inculpation et la libération, de Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet du président de la République avec rang de ministre, a démontré le poids de la politique sur la justice malienne.
Une réalité bien malienne qui a fait dire à Me Cheick Oumar Konaré que la lutte contre la corruption, engagée tambour battant, n’est que de la poudre aux yeux. «On ne peut pas demander à la justice de faire, ce que l’Etat lui-même ne peut pas faire», a indiqué l’avocat au cours d’une conférence qu’il a animée avec le procureur Mamoudou Kassogué sur le thème: «Justice et lutte contre la corruption au Mali: réelle volonté politique ou duperie ?». Me Cheick Oumar Konaré estime que l’Etat doit être suffisamment fort pour l’administration d’une justice saine au Mali.
Mamadou TOGOLA
Source: Maliweb.net