Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie lundi 11 mai

Selon les chiffres du Centre de prévention des maladies de l’Union africaine (CDC), le continent comptait ce lundi 11 mai 64 214 cas confirmés de coronavirus, et 2 293 décès dus à la maladie. L’Afrique du Sud, qui a passé la barre des 10 000 cas, est le pays le plus touché, devant l’Égypte et le Maroc.

• Andry Rajoelina défend le « Covid-Organics » sur RFI et France 24

Dans une interview à RFI et France 24, le président malgache a longuement défendu le mélange de plantes, dont l’artemisia, qu’il vante à ses pairs africains. La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rappelé à l’ordre les dirigeants qui auraient la tentation de promouvoir certains remèdes sans tests scientifiques, comme la tisane présentée par Andry Rajoelina, et envoyée à certains pays du continent. Le président malgache affirme que pour l’OMS et pour les critiques, « le problème, c’est que ça vient d’Afrique ».

► Covid-Organics: «Le problème, c’est que ça vient d’Afrique», dit Andry Rajoelina sur RFI

Parmi les derniers destinataires, le Tchad a reçu 600 doses, selon le ministre de la Santé, qui compte les donner aux malades du Covid-19 « en complément alimentaire ». « Nous n’avons pas changé notre protocole thérapeutique », a précisé le ministre à l’AFP. Les éventuels effets de cette tisane n’ont été validés par aucune étude scientifique.

• Amende et prison en cas de non-port du masque au Tchad

Par ailleurs, les Tchadiens qui ne respectent pas l’obligation de porter un masque dans les lieux publics sont, depuis hier dimanche 10 mai, passibles d’une amende de 2 000 francs CFA (3,5 euros) et éventuellement d’une peine pouvant aller jusqu’à 15 jours d’emprisonnement, selon un arrêté signé par le ministre de la Défense et de la Sécurité, Mahamat Abali Salah.

Confronté à une forte hausse des cas la semaine dernière avec 322 cas et 31 décès ce lundi soir, le gouvernement a interdit jeudi 7 mai la sortie de 23 villes du pays pendant deux semaines. Le port du masque obligatoire avait déjà été annoncé mi-avril avant que le gouvernement se rétracte, confessant le manque de matériel de protection disponible.

• Burundi : pas d’observateurs électoraux pour les scrutins du 20 mai ?

Alors que le pays s’apprête à tenir un triple scrutin dans une ambiance crispée, les élections pourraient se dérouler sans observateurs pour cause de lutte contre le coronavirus. En effet, le gouvernement a envoyé une lettre à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour lui signifier que sa mission d’observation devrait respecter une quarantaine de deux semaines à son arrivée au Burundi, ce qui l’empêcherait de facto de suivre le déroulement des élections.

Un groupe de vingt personnes, principalement des Tanzaniens, devait gagner Bujumbura cette semaine. Des tractations seraient encore en cours alors que les diplomates s’inquiète d’un « scrutin à huis clos ». Depuis le début de la crise, le Burundi s’enorgueillit d’un très faible nombre de cas recensés, à savoir 19 cas et un décès.

 Burundi: une mission régionale d’observateurs empêchée d’assister aux élections

• Plus d’un millier de cas en RDC, recrudescence au Congo-Brazzaville

La République démocratique du Congo (RDC) a franchi la barre des 1 000 cas officiellement déclarés : 1 024 cas confirmés et 41 décès, selon les autorités sanitaires.

Dans le même temps, le voisin congolais observe lui une recrudescence des cas, 333 désormais. Jeudi 7 mai, le président congolais Denis Sassou-Nguesso avait annoncé sur RFI et France 24 la prolongation jusqu’au 15 mai du confinement en vigueur depuis fin mars. Mais le Premier ministre Clément Mouamba doit soumettre un plan de déconfinement progressif à compter du 16 mai 2020.

Rude période pour les fonctionnaires retraités rencontrés par notre correspondant Loïcia Martial : non seulement ils accusent au moins vingt mois d’arriérés de pensions, mais en plus le confinement les contraint à l’inactivité. Ils appellent le gouvernement à la solidarité.

► Confinement au Congo-Brazzaville: le blues des retraités

• L’ONU craint une hécatombe liée au Sida en Afrique subsaharienne

Selon l’OMS et l’ONUSIDA, une perturbation de l’accès aux traitements du Sida aurait des conséquences désastreuses sur le continent. Les deux organisations craignent plus de 500 000 morts supplémentaires entre 2020 et 2021, s’ajoutant aux 470 000 décès recensés en 2018, si la chaine d’approvisionnement en médicaments était rompue, et les actions de prévention empêchée en raison de la crise sanitaire actuelle. En 2018, année des dernières données statistiques disponibles, 25,7 millions de personnes vivaient avec le VIH en Afrique subsaharienne, dont 16,4 millions bénéficiaient d’un traitement antirétroviral.

• Après le déconfinement : 500 nouveaux cas dans une usine du Ghana

Plus de 500 nouveaux cas ont été détectés dans une seule et même usine à Tema, sur la côte atlantique. Un seul ouvrier a suffi pour tous les contaminer, d’après le président ghanéen Nana Akufo-Addo qui a prolongé dimanche 10 mai l’interdiction des rassemblements, la fermeture des frontières, celle des écoles et des universités, jusqu’à la fin du mois. Son gouvernement a en revanche levé la restriction de déplacements il y a trois semaines tout en menant une campagne massive de tests, y compris pour les cas asymptomatique, une approche sans équivalent en Afrique.

► Ghana: 550 nouveaux cas de Covid-19 dans une seule usine de la côte atlantique

• Assouplissements au Togo et en Côte d’Ivoire, inquiétude à Bissau, report des examens en Algérie

La Guinée aussi est particulièrement touchée avec 2 146 cas recensés et 11 décès. Pour contribuer à enrayer la propagation de la maladie, l’Union européenne a signé un contrat pour financer des actions menées par l’ONG Terre des hommes sur l’axe routier Conakry-Koundara, dans l’ouest du pays, et dans la région de Nzérékoré, au sud. Le montant du don est de 25,55 milliards de francs guinéens (2,5 millions d’euros). Des dispositifs de lavage de mains seront installés dans plus de 3000 lieux publics, des dizaines de milliers de masques distribués, et plus de 1 300 agents de santé formés.

En Guinée-Bissau également, le nombre de cas recensés ne cesse d’augmenter (642, trois morts). Certains médecins doutent de la fiabilité des résultats d’analyse, estimant que le laboratoire national ne réunit pas les conditions techniques nécessaires, et déplorent le manque criant de personnels qualifiés. L’état d’urgence décrété le 26 avril se termine aujourd’hui mais devrait être prolongé pour la quatrième fois.

De son côté, l’Algérie a annoncé le report des examens du brevet et du baccalauréat à septembre. La rentrée scolaire aura lieu en octobre, la reprise universitaire en novembre, selon la présidence. Les établissements sont fermées depuis le 12 mars.

Au Nigeria, le gouverneur de l’État de Rivers ne plaisante pas avec les mesures anti-Covid. Soupçonnés de ne pas respecter son ordre de fermeture, deux hôtels proches de Port-Harcourt, dans le sud du pays, ont été purement et simplement détruits dimanche 10 mai sur ordre du gouverneur, présent sur place pour commander les pelleteuses. La société civile condamne et accuse le gouverneur d’utiliser la crise pour violer les droits humains.

En revanche, les indicateurs sont meilleurs dans d’autres pays. Le couvre-feu en vigueur depuis le 2 avril au Togo est réaménagé depuis hier soir, il est désormais de 21h à 5h du matin. À noter que les services publics devaient rouvrir aujourd’hui de 8h à 16h.

En Côte d’Ivoire, les mesures restrictives ont été allégées : il n’y a plus de couvre-feu à l’intérieur du pays, mais il reste en vigueur à Abidjan, de 23h à 4h du matin, pour l’instant jusqu’au 15 mai. Le pays enregistre ce lundi 30 nouveaux cas de Covid-19 sur 499 échantillons prélevés et aucun nouveau décès. Le pays compte donc 1 730 cas confirmés, dont 21 décès .

• Les écoles du Bénin ont rouvert leurs portes

Les écoles du Bénin ont rouvert leurs portes hier lundi, après plus de 40 jours de fermeture dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Une reprise qui ne plaît pas à tout le monde, la peur est toujours là et les chiffres sur le nombre de cas qui ont dépassé les 300 ne rassurent pas. Le gouvernement a promis des masques gratuits, des dispositifs de lavage de mains et dépisté massivement les enseignants. La reprise a eu lieu « mais avec un vrai flottement », c’est le bilan que fait Noël Chadaré, patron des syndicats indépendants, le COSI. Réplique du ministre des secondaires : « Tout s’est bien passé, tout se déploie progressivement ». Reportage.

• Au Gabon, une première vague de Gabonais bloqués à l’étranger a été rapatriée

Il s’agit d’une vingtaine de personnes venues de Douala au Cameroun. En trois jours, le Gabon souhaite rapatrier 179 personnes bloqué en Afrique centrale et en Côte d’Ivoire. L’inquiétude demeure puisque le programme complet des rapatriements n’a pas été communiqué.

• La filière laitière en danger

Comme toutes les filières agricoles, le secteur laitier est en grande difficulté en raison de la crise du Covid-19. C’est le cas en Europe, et le dumping à venir sur les exportations de lait en poudre pour se débarrasser des stocks risque d’avoir des conséquences pour les filières locales africaines, alerte un groupe d’ONG européennes et africaines.

Ces filières sont déjà fragilisées par les mesures prises par les différents États pour freiner la propagation de la pandémie, qui ont conduit à une rareté du lait frais sur les marchés, nous disait ce matin Stanislas Ndayshimiye dans « Afrique économie ».

Source: http://www.rfi.fr/fr/afrique

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