L’honorable Soumaïla Cissé a été enlevé le 25 mars dernier par des hommes armés non identifiés dans le cercle de Niafunké alors qu’il battait campagne au compte des législatives. Depuis cette date, ses proches, son parti, bref ses concitoyens sont sans ses nouvelles. Aucun groupe armé, ni groupe djihadiste n’a revendiqué son enlèvement. C’est dans ce contexte que les femmes de l’URD ont adressé une lettre ouverte au Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Voici la quintessence de cette lettre ouverte :
« Au moment où Votre Excellence lira cette lettre, votre frère, Soumaïla Cissé sera en train de vivre un interminable jour de plus en tant qu’otage, en tant que victime. Privé de sa famille et de ses amis, coupé de ses compagnons et de ses frères politiques, loin des militants et sympathisants de son parti, sevré des millions de Maliennes et de Maliens qui sont la raison d’être de son combat politique ; le président Soumaïla Cissé a été enlevé alors qu’il prêchait les valeurs de la démocratie et de l’idéal républicain.
De ce fait, il est, à nos yeux et aux yeux de millions de ses concitoyens, un héros que nous ne devons pas oublier, que nous ne pouvons pas abandonner, et dont nous n’avons pas le droit de nous détourner.
Hélas ! Excellence Monsieur le Président, en ce jour, les informations disponibles sur le sort de notre frère, de votre frère, sont si ténues et si enveloppées d’incertitudes qu’elles rendraient anxieuses mêmes les âmes les plus optimistes.
De même, la communication du gouvernement concernant les moyens mobilisés pour obtenir sa libération est si parcimonieuse et si rare que nous sommes des millions à vouloir comprendre la stratégie adoptée par l’État. Une posture d’ailleurs amplifiée par le grand silence des médias d’État.
Le président Soumaila Cissé est-il en bonne santé ? Des négociations avancées sont-ils réellement en cours ? Toutes les pistes et/ou canaux de négociation sont-ils bien exploités pour qu’il nous revienne indemne ?
Face à cette absence de nouvelles qui nous trouble, face à l’incertitude qui nous assaille, animées par cette solidarité à la fois fraternelle et filiale qui lie tous les Maliens ; nous, femmes du parti URD, nous nous tournons vers Votre Excellence afin que le retour sain et sauf du président Soumaïla Cissé parmi les siens soit une priorité, car il concerne l’honneur de notre nation.
Nous en sommes conscientes. La discrétion et la prudence constituent, en de pareilles circonstances, la boussole qui oriente vos démarches. Nous en avons aussi été témoins. Vous avez, lors de plusieurs allocutions et interventions, affirmé votre volonté d’œuvrer à la libération du chef de file de l’opposition. C’est pourquoi, Votre Excellence, nous avons l’insigne honneur de soumettre nos inquiétudes à votre bienveillante attention.
Votre Excellence, il est également de notre devoir de nous constituer, auprès de vous, porte-parole de la souffrance et du déchirement de ces centaines de Maliennes dont les époux, les enfants, les frères et sœurs sont aussi otages dans le centre et le nord de notre pays. Leurs douleurs sont les nôtres, leurs peines insoutenables sont celles de toutes les mères et de toutes les femmes du Mali.
Nous ne saurons les laisser seules dans leur affliction tout comme nous ne saurons délaisser l’honorable Soumaïla Cissé.
Nous nous joignons à leurs prières et aux prières de l’épouse angoissée du président Soumaila Cissé pour que tous les fils et filles de notre patrie, qui sont injustement privés de leur liberté recouvrent leur droit dans toute sa plénitude.
Pour elles, pour leurs maris et leurs pères qui sont otages, pour leurs fils qui sont séquestrés quelque part dans ce vaste septentrion de notre pays, pour notre frère et époux Soumaïla Cissé, nous vous demandons de mobiliser toutes les ressources pacifiques nécessaires aux fins d’un dénouement heureux et rapide.
Dieu vous vienne en aide ! Dieu nous vienne en aide ! Dieu leur vienne en aide !»
Yacouba TRAORE