Arcanes politiques : Moussa Mara, le nouveau opposant au régime d’IBK

L’élection du président du parti Yelema, Moussa Mara, à l’Assemblée nationale semble lui donner des ailes sur la scène politique malienne. Cet expert comptable de renommée internationale ne cache plus son opposition à la gouvernance actuelle du pays et le manifeste à travers ses nombreuses sorties médiatiques.

Moussa Mara,  nommé à la primature, le 5 avril 2014, puis limogé débuté 2015, était resté politiquement  dans l’ombre jusqu’à l’ascension de son  parti Yelema aux termes des élections législatives 2020, qui ont vues son jeune parti arraché trois places de députés  à l’Assemblée nationale à Yélimané et la commune IV de Bamako.  Cette consécration à l’hémicycle semble renaître les vieux démons entre lui  et le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.  Les deux hommes politiques qui se connaissent bien pour avoir discuté un match électoral qui a retenu l’attention de tous les observateurs de la scène politique malienne en 2007.

Il faut rappeler qu’en 2007, IBK, alors président de l’Assemblée nationale, se présente aux élections législatives dans la commune IV de Bamako. Ce poids lourd de la politique est contraint, à la surprise générale, de disputer un second tour face à Moussa Mara, jeune candidat indépendant et inconnu du grand public.   IBK finira par l’emporter de justesse, avec 51 % des voix contre le jeune Moussa Mara, avec 49%  des voix.  Ce dernier n’avait-il pas déclaré dans d’autres presses qu’ « il est  né politiquement le soir du premier tour des législatives de 2007, ajoutant que c’était David contre Goliath, mais IBK a eu chaud ». Malgré une brève  période d’accalmie politique observée entre les deux hommes,  les empoignades politiques semblent refaire surface.  IBK a été  le premier a taclé son ancien premier ministre après l’avoir limogé à la primature  qu’ « aucune fanfaronnade politique ne lui fera partir à Kidal.»

«  Des slogans sans lendemain »

Aujourd’hui, il n’est plus épargné  par les critiques de  Moussa Mara, qui semble  déterminer de ne plus rater une occasion pour dénoncer la gestion du Président de la République.  Récemment,  en critiquant la gestion de la crise scolaire par le pouvoir exécutif,  a déclaré que « Si on a été capable de dégager 500 milliards de FCFA pour faire face à la pandémie du COVID19, on doit pouvoir trouver 10% de cette somme pour l’éducation qui engage notre avenir… Ceux qui nous dirigent ne prennent pas en charge vos préoccupations.»

Plus loin, le président du parti Yelema a dénoncé les arrestations arbitraires en appelant la liberté pour le Pr. Clément Dembélé. «  Je demande aux proches de Clément de porter plainte pour enlèvement afin que la justice se saisisse de ce dossier et qu’on mette un frein aux arrestations arbitraires et aux détentions extrajudiciaires au Mali », a-t-il tweeté, faisant référence à l’interpellation par les services secrets malien de ce professeur engagé dans la lutte contre la corruption.  Et le même Moussa Mara a qualifié la décision du chef de l’Etat de doter chaque malien d’un masque « de slogans sans lendemain ».

« Un malien un masque nous a-t-on dit ! Mais à Sébénicoro-marché 1000 maliens 0 masque. Faisons attention aux slogans sans lendemain », a-t-il critiqué, en s’insurgeant en ces termes, «en donnant des masques au chef du quartier ne signifie pas de donner des masques aux habitants du quartier ». L’ancien premier ministre se réclame plus que jamais de l’opposition, mais différente de celle dirigée par le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé.  Mais, avec trois députés seulement à hémicycle,  Moussa Mara a-t-il les moyens suffisants pour peser face à la majorité les députés favorables au régime d’IBK?   Son parti ne risque-t-il pas d’être isolé  par la majorité écrasante ? En tout cas, l’opposant persiste et signe en ces termes : « vous verrez ce que nous allons faire ».

Siaka DIAMOUTENE

Source: Maliweb.net

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