Le Président ne compte pas lâcher du leste sans changement de posture du M5 et le M5 ne démord pas sans que le Président ne se lance dans les mesures fortes. Nous sommes partis pour une longue impasse. Si le M5 a gagné quelques batailles, la guerre quant à elle ne fait que commencer.
Le M5 a connu ces derniers temps l’arrivée des renforts: les syndicats et les partis politiques, même si l’arrivée des derniers n’est que symbolique. Les syndicats eux sont un réservoir de mobilisation populaire contrairement aux petits partis sans réelle capacité de mobilisation.
De son côté, le président est renforcé par les grands partis politiques, la communauté internationale, les religieux et surtout l’armée et les forces de sécurité! Le Président peut compter sur les présidents de la sous-région qui suivent de près la situation malienne qui a des impacts directs sur leurs pays.
Un départ pacifique ?
L’hypothèse d’un départ pacifique du Président est très peu probable. Cette éventualité est faible. L’attitude du Président en reconduisant le Premier Ministre et en procédant à certaines nominations n’augure pas une volonté de départ spontané.
Du côté du M5 on compte doubler le nombre des manifestants pour accroître la pression. Mais serait-ce suffisant ? Pas sûr! Surtout qu’il serait difficile de reproduire un scénario à l’Egyptienne dans le contexte malien. La prochaine manifestation sera décisive, après cette dernière les grandes foules risquent de s’essouffler!
Faire partir le président sans violence ne peut se faire qu’en isolant davantage et débauchant les grands pions du Régime qui sont autant contestés que le président lui-même. Cet étiquetage « de gros poisson du régime » resserre les rangs dans le camp présidentiel qui lutte désormais pour une survie collective. Beaucoup savent que si le Président quitte, ils quitteront aussi!
Qu’est-ce qui peut faire basculer la situation ?
Dans cette guerre des tranchées urbaines, le premier qui va fauter, va tout perdre.
Si les manifestants se font trop violents, cela ternira la dynamique du M5 qui se veut pacifiste. Cela affectera son image auprès de l’opinion publique.
Également, si les forces de sécurité débordées tirent sur les manifestants, on atteindra le point de non-retour et la situation se dégénèrera au détriment du régime.
Les deux parties continuent de camper sur leurs positions respectives tout en maintenant des canaux de discussions informelles. Le premier qui va craquer va perdre cette partie d’échecs de haut niveau.
M. ASSORY
MALI: LA GUERRE DES NERFS, QUI VA CRAQUER ENTRE IBK ET MOHAMOUD DICKO ?
Désormais on se dirige vers une impasse politique: le président a tendu la main et le M5 appelle pour une nouvelle manifestation. Entre-temps, les partisans des deux camps se livrent à une bataille acharnée de communications.