Ni ravisseurs, ni revendications, ni pistes sérieuses, le rapt de Soumaïla Cissé, président de l’URD et chef de file de l’opposition est devenu un véritable mystère avec de nombreuses zones d’ombre. Qui détient Soumaïla Cissé ? A qui profite, donc, le crime ?
Cela fait pratiquement trois mois que le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été enlevé, le 25 mars dernier, par un groupe d’individus armés dans la région de Tombouctou alors qu’il était campagne pour les législatives de mars et avril derniers.
Le rapt s’est produit non loin de son fief électoral de Niafunké, le convoi de deux véhicules et d’une petite quinzaine de personnes est tombé dans une embuscade, à moins de 5 kilomètres de sa destination finale, Koumaïra. Le véhicule qui transportait M. Cissé a été mitraillé sans sommation. Son garde du corps est mort des suites de ses blessures, deux autres membres du convoi ont été grièvement blessés. Une dizaine de ses collaborateurs politiques kidnappés avec lui ont été par la suite relâchés. Soumaïla Cissé demeure être à ce jour le seul détenu entre les mains de ravisseurs dont on ignore toujours l’identité.
Très vite, les regards se sont tournés en direction des éléments de la Katiba de Macina d’Amadou Kouffa. En effet, ces zones rurales du pays sont largement sous la coupe des djihadistes aux ordres du prédicateur Kouffa. Mais, à ce jour, aucun groupe n’a ouvertement revendiqué le rapt. Un silence qui inquiète de plus en plus. Plusieurs zones d’ombre demeurent encore. Qui sont les ravisseurs ? Quelle est leur mode d’opération ? Que pourraient-ils demander, ces ravisseurs ?
Un silence inquiétant
Depuis l’enlèvement, il y a trois mois, aucune revendication n’a été formulée alors que les mouvements armés n’ont aucun intérêt à garder un otage sans réclamer en retour une rançon et/ou la libération de leurs membres emprisonnés ; les assaillants ont certes tiré sur le cortège, mais le corps, le garde du corps de l’honorable Soumaïla Cissé, a été rendu. Le chef de file de l’opposition doit être en vie car un otage mort n’est d’aucune utilité pour les ravisseurs connus de nos zones. Alors pourquoi vouloir l’éliminer si on comptait l’échanger, telle est la question que l’on se pose sans cesse. Le Professeur Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale (1992-1997) a ouvertement indiqué dans une interview à la presse, en mai dernier, que l’objectif initial des « ravisseurs » est qu’ « il ne revienne plus jamais à l’Assemblée nationale». Est-ce qu’on voulait simplement éliminer un futur rival pour 2023? D’autant plus que le président en exercice, IBK, est à son deuxième mandat, après lequel il ne pourra pas en briguer un autre, comme le prévoit la constitution, d’où une très forte probabilité que Soumaïla Cissé devienne le futur chef d’Etat malien à l’issue de l’élection présidentielle de 2023.
Trois mois après, le rapt du chef de file de l’opposition qui laisse perplexe surtout quand les enjeux politiques sont heurtés. Ces enjeux s’expliquent par le brillant parcours politique de Cissé. En effet, après avoir tenu les rênes du ministère des Finances et du Commerce ainsi que de celui de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme, Soumaïla Cissé a déposé sa candidature pour la magistrature suprême à trois élections présidentielles où il est arrivé, toutes les fois, en seconde position : en 2002 contre Amadou Toumani Touré et en 2013 et 2018 contre Ibrahim Boubacar Keita. Face à tous ces éléments, plusieurs questions demeurent sans réponses quant à la responsabilité de ce rapt (responsabilité aux plans politique, religieux…)
Et le silence observé jusqu’à récemment au haut sommet de l’Etat a suscité beaucoup d’interrogations et de supputations. En effet, il y a un sentiment frisant la défaillance du système de gouvernance au plan sécuritaire. Cela, pour ne pas aller vers l’idée de conspiration savamment camouflée quelque part. En substance, il y a un motif de doute qui plane sur le régime en place. Du moins, ce sont là des griefs, des ressentiments qui animent les débats dans les salons feutrés et grins de Bamako, et dans presque tous les états-majors politiques. Tant sur la place publique que sur les réseaux sociaux, des soupçons planent sur la bonne foi de l’Etat sur cette mystérieuse disparition du chef de file de l’opposition et challenger d’IBK en 2013 et 2018…
Ainsi, pour certains, le Gouvernement et les troupes étrangères massivement déployées dans la région sont censés mettre des dispositifs sécuritaires adéquats au service de tous les candidats durant cette période de campagnes électorales à hauts risques. Certes, le Gouvernement, par la voix de son Porte-parole Yaya Sangaré, puis le Président IBK en personne, tous deux quelques jours après le rapt, ont fait des déclarations. Mais ce ne fut que de condamnations de principe que d’aucuns qualifient même de laconiques. Et les récentes annonces du Président IBK concernant le sort de Soumaïla Cissé est perçu par une large frange de l’opinion comme une instrumentalisation politicienne que comme une réelle volonté du président de la République de tout mettre en œuvre pour le retour de Soumaïla Cissé.
Mémé Sanogo
Source: Inter de Bamako
Cela fait pratiquement trois mois que le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été enlevé, le 25 mars dernier, par un groupe d’individus armés dans la région de Tombouctou alors qu’il était campagne pour les législatives de mars et avril derniers.
Le rapt s’est produit non loin de son fief électoral de Niafunké, le convoi de deux véhicules et d’une petite quinzaine de personnes est tombé dans une embuscade, à moins de 5 kilomètres de sa destination finale, Koumaïra. Le véhicule qui transportait M. Cissé a été mitraillé sans sommation. Son garde du corps est mort des suites de ses blessures, deux autres membres du convoi ont été grièvement blessés. Une dizaine de ses collaborateurs politiques kidnappés avec lui ont été par la suite relâchés. Soumaïla Cissé demeure être à ce jour le seul détenu entre les mains de ravisseurs dont on ignore toujours l’identité.
Très vite, les regards se sont tournés en direction des éléments de la Katiba de Macina d’Amadou Kouffa. En effet, ces zones rurales du pays sont largement sous la coupe des djihadistes aux ordres du prédicateur Kouffa. Mais, à ce jour, aucun groupe n’a ouvertement revendiqué le rapt. Un silence qui inquiète de plus en plus. Plusieurs zones d’ombre demeurent encore. Qui sont les ravisseurs ? Quelle est leur mode d’opération ? Que pourraient-ils demander, ces ravisseurs ?
Un silence inquiétant
Depuis l’enlèvement, il y a trois mois, aucune revendication n’a été formulée alors que les mouvements armés n’ont aucun intérêt à garder un otage sans réclamer en retour une rançon et/ou la libération de leurs membres emprisonnés ; les assaillants ont certes tiré sur le cortège, mais le corps, le garde du corps de l’honorable Soumaïla Cissé, a été rendu. Le chef de file de l’opposition doit être en vie car un otage mort n’est d’aucune utilité pour les ravisseurs connus de nos zones. Alors pourquoi vouloir l’éliminer si on comptait l’échanger, telle est la question que l’on se pose sans cesse. Le Professeur Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale (1992-1997) a ouvertement indiqué dans une interview à la presse, en mai dernier, que l’objectif initial des « ravisseurs » est qu’ « il ne revienne plus jamais à l’Assemblée nationale». Est-ce qu’on voulait simplement éliminer un futur rival pour 2023? D’autant plus que le président en exercice, IBK, est à son deuxième mandat, après lequel il ne pourra pas en briguer un autre, comme le prévoit la constitution, d’où une très forte probabilité que Soumaïla Cissé devienne le futur chef d’Etat malien à l’issue de l’élection présidentielle de 2023.
Trois mois après, le rapt du chef de file de l’opposition qui laisse perplexe surtout quand les enjeux politiques sont heurtés. Ces enjeux s’expliquent par le brillant parcours politique de Cissé. En effet, après avoir tenu les rênes du ministère des Finances et du Commerce ainsi que de celui de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme, Soumaïla Cissé a déposé sa candidature pour la magistrature suprême à trois élections présidentielles où il est arrivé, toutes les fois, en seconde position : en 2002 contre Amadou Toumani Touré et en 2013 et 2018 contre Ibrahim Boubacar Keita. Face à tous ces éléments, plusieurs questions demeurent sans réponses quant à la responsabilité de ce rapt (responsabilité aux plans politique, religieux…)
Et le silence observé jusqu’à récemment au haut sommet de l’Etat a suscité beaucoup d’interrogations et de supputations. En effet, il y a un sentiment frisant la défaillance du système de gouvernance au plan sécuritaire. Cela, pour ne pas aller vers l’idée de conspiration savamment camouflée quelque part. En substance, il y a un motif de doute qui plane sur le régime en place. Du moins, ce sont là des griefs, des ressentiments qui animent les débats dans les salons feutrés et grins de Bamako, et dans presque tous les états-majors politiques. Tant sur la place publique que sur les réseaux sociaux, des soupçons planent sur la bonne foi de l’Etat sur cette mystérieuse disparition du chef de file de l’opposition et challenger d’IBK en 2013 et 2018…
Ainsi, pour certains, le Gouvernement et les troupes étrangères massivement déployées dans la région sont censés mettre des dispositifs sécuritaires adéquats au service de tous les candidats durant cette période de campagnes électorales à hauts risques. Certes, le Gouvernement, par la voix de son Porte-parole Yaya Sangaré, puis le Président IBK en personne, tous deux quelques jours après le rapt, ont fait des déclarations. Mais ce ne fut que de condamnations de principe que d’aucuns qualifient même de laconiques. Et les récentes annonces du Président IBK concernant le sort de Soumaïla Cissé est perçu par une large frange de l’opinion comme une instrumentalisation politicienne que comme une réelle volonté du président de la République de tout mettre en œuvre pour le retour de Soumaïla Cissé.
Mémé Sanogo
Source: Inter de Bamako