Une lecture historique de la crise malienne de l’avènement de la démocratie depuis mars 1991, l’accord de Tamanrasset de janvier 1991, la flamme de paix de 1996…à la crise multidimensionnelle (sécuritaire, politique, économique et sociale) actuelle, traduit trente (30) années d’absence de réelle gouvernance, de perspectives et de prospective, entrainant une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.
Les processus électoraux très souvent contestés, le délitement progressif de l’Etat, de l’administration et des services publics, une absence d’état de droit, etc…Nous avons connu plusieurs processus de dialogue, de réflexions, d’ateliers, de relectures des textes avec des recommandations/propositions qui n’ont pas apporté de changements qualitatifs de la gestion publique selon la perception du citoyen malien. L’explication est peut-être à rechercher au niveau de la volonté politique, la conduite du changement, les capacités administratives, la politisation de l’administration…. Le Dialogue National Inclusif (DNI) de 2019 qui marquait l’amorce d’une nouvelle dynamique de réforme, suite à un accord politique, a suscité un réel espoir.
Les élections législatives, l’une des recommandations fortes du DNI, d’avril 2020 ont abouti à la contestation des résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle pour certaines circonscriptions déclenchant ainsi une crise socio-politique. Une demande de démission du Président de la République par un mouvement composé d’acteurs divers (religieux, jeunes, politiques, associations, …) fait suite à la crise électorale et traduit un malaise profond qui nécessite une lecture lucide des problèmes réels du pays pour y apporter les réponses appropriées. Nous sommes en présence d’une crise de gouvernance, d’un déficit de dialogue politique et d’un processus démocratique en berne avec la désaffection du citoyen traduit par des taux de participation faible aux scrutins électoraux. L’espoir suscité par le mouvement démocratique de mars 1991 en termes de changements « Anté korelé fè fo kura » et de lutte contre la corruption (« Koka djè »), n’a pas été comblé. Il s’est installé un sentiment général de rejet de l’élite politique et administrative accusée de corruption, de délit d’initié, d’atteinte aux biens publics, de gestion patrimoniale de l’Etat (népotisme, favoritisme,…). Il en résulte ainsi un Etat fragilisé avec une capacité administrative et institutionnelle affaiblie et une l’absence de mécanismes de redevabilité publique.
Le jeu institutionnel qui est le socle d’un Etat républicain est déséquilibré en faveur du pouvoir exécutif au détriment des pouvoirs judiciaire et législatif. Une forte présomption de redevabilité politique est perceptible mettant en mal la séparation des pouvoirs ainsi que la promotion des ressources humaines compétentes au niveau de l’élite politique et administrative. L’offre politique, administrative et de services publics (éducation, santé, eau, électricité, sécurité, justice…..) continue de baisser qualitativement dans un contexte de détérioration des conditions de vie et d’une démographie galopante.
En plus des problèmes structurelles internes, les enjeux et défis géopolitiques (sécurité, terrorisme, trafic illicites…) fragilise l’Etat et la nation avec des velléités d’autonomie d’une partie du pays. A cela il faut ajouter les effets induits par la crise sécuritaire surtout les risques d’affrontements intercommunautaires au centre du pays en raison de la présence des groupes terroristes, des milices d’autodéfense et de l’absence de l’Etat.
Au regard de ce contexte difficile, la crise actuelle peut constituer une opportunité pour rassembler les maliens et donner un nouveau souffle à l’Etat, aux Institutions et à la Démocratie. Il est donc impératif d’amorcer un processus refondateur d’un nouvel l’Etat et d’un nouveau contrat-social. La crise électorale est une partie de la crise globale que traverse le Mali et la sortie de crise nécessite une démarche consensuelle et inclusive permettant d’identifier l’ensemble des problèmes, les hiérarchiser et y répondre au plan stratégique et opérationnelle.
Il est donc indispensable d’éviter l’enlisement et de trouver des solutions endogènes et durables dans un cadre institutionnel minimal autour du Président de la République et qui prend en compte toutes les revendications socio-politiques. Au regard des fragilités nationales et régionales, ce consensus minimal autour de l’agenda de la refondation doit être assorti d’engagement mutuel à respecter sous la caution morale de la CEDEAO. Les acteurs doivent discuter et établir une Feuille de route des réformes essentielles et vitales du pays. La démarche consistera à s’entendre sur les reformes prioritaires à court, moyen et long terme en s’appuyant sur les recommandations du DNI et des revendications de tous les acteurs, à définir ensuite les actions et un chronogramme qui devra être évalué périodiquement. Le processus évaluatif devrait être mis en place sous la responsabilité d’un Premier ministre consensuel nommé par le Président de la République avec une cellule légère dotée des compétences requises et exclusivement dédiée à cette mission. Une fois ce cadre de réforme définit, le profil de ceux et celles qui devraient conduire la mission de refondation de l’état, en prenant en compte le besoin de rajeunissement de la classe politique, du genre et de la séparation des pouvoirs (religieux et politiques) devra être arrêté. L’exigence de compétences, de responsabilité, de résultats et de redevabilité doit être également le socle de ce processus refondateur.
L’appel à la refondation de l’Etat commande la nécessaire mobilisation des ressources et des compétences nationales. Pourvoir les postes de la haute administration devrait se faire sur la base de la compétence, de critères précis et de contrats de performance. A cet effet, nous lançons un appel solennel à toutes les compétences maliennes au Mali et à travers le monde à répondre à l’exigence de refondation pour conduire notre pays vers des nouveaux « champs fleuris d’espérances ».
Dakar le 27 juillet 202
Les processus électoraux très souvent contestés, le délitement progressif de l’Etat, de l’administration et des services publics, une absence d’état de droit, etc…Nous avons connu plusieurs processus de dialogue, de réflexions, d’ateliers, de relectures des textes avec des recommandations/propositions qui n’ont pas apporté de changements qualitatifs de la gestion publique selon la perception du citoyen malien. L’explication est peut-être à rechercher au niveau de la volonté politique, la conduite du changement, les capacités administratives, la politisation de l’administration…. Le Dialogue National Inclusif (DNI) de 2019 qui marquait l’amorce d’une nouvelle dynamique de réforme, suite à un accord politique, a suscité un réel espoir.
Les élections législatives, l’une des recommandations fortes du DNI, d’avril 2020 ont abouti à la contestation des résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle pour certaines circonscriptions déclenchant ainsi une crise socio-politique. Une demande de démission du Président de la République par un mouvement composé d’acteurs divers (religieux, jeunes, politiques, associations, …) fait suite à la crise électorale et traduit un malaise profond qui nécessite une lecture lucide des problèmes réels du pays pour y apporter les réponses appropriées. Nous sommes en présence d’une crise de gouvernance, d’un déficit de dialogue politique et d’un processus démocratique en berne avec la désaffection du citoyen traduit par des taux de participation faible aux scrutins électoraux. L’espoir suscité par le mouvement démocratique de mars 1991 en termes de changements « Anté korelé fè fo kura » et de lutte contre la corruption (« Koka djè »), n’a pas été comblé. Il s’est installé un sentiment général de rejet de l’élite politique et administrative accusée de corruption, de délit d’initié, d’atteinte aux biens publics, de gestion patrimoniale de l’Etat (népotisme, favoritisme,…). Il en résulte ainsi un Etat fragilisé avec une capacité administrative et institutionnelle affaiblie et une l’absence de mécanismes de redevabilité publique.
Le jeu institutionnel qui est le socle d’un Etat républicain est déséquilibré en faveur du pouvoir exécutif au détriment des pouvoirs judiciaire et législatif. Une forte présomption de redevabilité politique est perceptible mettant en mal la séparation des pouvoirs ainsi que la promotion des ressources humaines compétentes au niveau de l’élite politique et administrative. L’offre politique, administrative et de services publics (éducation, santé, eau, électricité, sécurité, justice…..) continue de baisser qualitativement dans un contexte de détérioration des conditions de vie et d’une démographie galopante.
En plus des problèmes structurelles internes, les enjeux et défis géopolitiques (sécurité, terrorisme, trafic illicites…) fragilise l’Etat et la nation avec des velléités d’autonomie d’une partie du pays. A cela il faut ajouter les effets induits par la crise sécuritaire surtout les risques d’affrontements intercommunautaires au centre du pays en raison de la présence des groupes terroristes, des milices d’autodéfense et de l’absence de l’Etat.
Au regard de ce contexte difficile, la crise actuelle peut constituer une opportunité pour rassembler les maliens et donner un nouveau souffle à l’Etat, aux Institutions et à la Démocratie. Il est donc impératif d’amorcer un processus refondateur d’un nouvel l’Etat et d’un nouveau contrat-social. La crise électorale est une partie de la crise globale que traverse le Mali et la sortie de crise nécessite une démarche consensuelle et inclusive permettant d’identifier l’ensemble des problèmes, les hiérarchiser et y répondre au plan stratégique et opérationnelle.
Il est donc indispensable d’éviter l’enlisement et de trouver des solutions endogènes et durables dans un cadre institutionnel minimal autour du Président de la République et qui prend en compte toutes les revendications socio-politiques. Au regard des fragilités nationales et régionales, ce consensus minimal autour de l’agenda de la refondation doit être assorti d’engagement mutuel à respecter sous la caution morale de la CEDEAO. Les acteurs doivent discuter et établir une Feuille de route des réformes essentielles et vitales du pays. La démarche consistera à s’entendre sur les reformes prioritaires à court, moyen et long terme en s’appuyant sur les recommandations du DNI et des revendications de tous les acteurs, à définir ensuite les actions et un chronogramme qui devra être évalué périodiquement. Le processus évaluatif devrait être mis en place sous la responsabilité d’un Premier ministre consensuel nommé par le Président de la République avec une cellule légère dotée des compétences requises et exclusivement dédiée à cette mission. Une fois ce cadre de réforme définit, le profil de ceux et celles qui devraient conduire la mission de refondation de l’état, en prenant en compte le besoin de rajeunissement de la classe politique, du genre et de la séparation des pouvoirs (religieux et politiques) devra être arrêté. L’exigence de compétences, de responsabilité, de résultats et de redevabilité doit être également le socle de ce processus refondateur.
L’appel à la refondation de l’Etat commande la nécessaire mobilisation des ressources et des compétences nationales. Pourvoir les postes de la haute administration devrait se faire sur la base de la compétence, de critères précis et de contrats de performance. A cet effet, nous lançons un appel solennel à toutes les compétences maliennes au Mali et à travers le monde à répondre à l’exigence de refondation pour conduire notre pays vers des nouveaux « champs fleuris d’espérances ».
Dakar le 27 juillet 202