Afghanistan: 400 talibans bientôt libérés, le début des pourparlers de paix ?

Après trois jours de réunion à Kaboul, la Loya Jirga, assemblée de plusieurs milliers de membres, a décidé d’accorder la libération à 400 prisonniers talibans. Press Office of President of Afghanistan / AFP


Des pourparlers de paix historiques entre Kaboul et les talibans sont « sur le point » de débuter, a annoncé le gouvernement afghan ce dimanche 9 août, après la décision par une grande assemblée de libérer 400 prisonniers talibans coupables de crimes graves.

« Nous sommes sur le point de [débuter les] négociations de paix », a assuré Abdullah Abdullah, responsable gouvernemental chargé des pourparlers. « Les discussions interafghanes devraient débuter d’ici un ou deux jours après la libération des 400 prisonniers », a quant à lui déclaré l’ex-président Hamid Karzaï.

L’avenir des prisonniers représente un enjeu crucial dans l’ouverture de négociations, les deux camps s’étant engagés dans un échange de prisonniers qui doit précéder ces discussions. « Aujourd’hui, je signerai un décret pour relâcher les 400 prisonniers restants », a confirmé le président afghan Ashraf Ghani.

La Loya jirga valide la libération des 400 Talibans

Kaboul a déjà relâché près de 5 000 prisonniers talibans, mais les autorités afghanes ont jusqu’ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés. Certains sont en effet impliqués dans des attaques meurtrières tuant Afghans et étrangers, y compris plusieurs Français.

La résolution qui recommande la libération des prisonniers a été adoptée après trois jours de discussions entre des milliers de dignitaires afghans. « Afin d’ôter les obstacles à l’ouverture de pourparlers de paix, de mettre fin au carnage, et pour le bien du public, la jirga approuve la libération des 400 prisonniers demandés par les talibans », a annoncé Atefa Tayeb, membre de l’assemblée.

Une libération « inconcevable »

Parmi les captifs concernés, selon la liste officielle, se trouvent plus de 150 condamnés à mort, ainsi qu’un groupe de 44 captifs « indésirables », une sorte de liste noire remplie de profils jugés problématiques par les autorités américaines et afghanes, mais aussi d’autres pays.

Ce groupe inclut les deux assassins de Bettina Goislard, employée française du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés, tuée le 16 novembre 2003 à Ghazni, à 130 kilomètres au sud de Kaboul. Ce samedi, dans un communiqué, la famille de Bettina Goislard a jugé « inconcevable » que les deux hommes puissent être libérés.

Cessez-le-feu durable

La liste contient aussi le nom d’un ancien soldat afghan qui avait retourné son arme contre des soldats français en 2012 dans la province de Kapisa, tuant cinq d’entre eux et blessant 13 autres. Cinq des captifs ont également joué un rôle dans l’attaque en 2018 de l’hôtel Intercontinental à Kaboul, lors de laquelle 40 personnes avaient péri, dont 14 étrangers.

Ce vendredi, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait appelé les dignitaires à accomplir cette libération « impopulaire ». « Les talibans doivent maintenant démontrer qu’ils n’ont pas peur d’un cessez-le-feu national », a cependant ajouté le chef d’État afghan dimanche, faisant référence à une demande de la grande assemblée pour une trêve « sérieuse, immédiate et durable » à travers le pays.

Source: RFI 

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