Alpha Condé accepte d’être le candidat du RPG Arc-en-ciel 

Cette formulation officielle fait la Une de la presse guinéenne ce matin.

« Le 6 août dernier, rappelle le site d’information GuinéeNews, le président Alpha Condé avait été désigné candidat du parti RPG Arc-en-ciel. Il avait dit prendre « acte » de ce choix. Vingt-cinq jours après, le président Alpha Condé accède donc enfin « à la sollicitation » de son parti et de ses alliés. Il va tenter de briguer un troisième mandat, le premier de la quatrième République. »

En effet, rappelle Le Monde Afrique, « Alpha Condé se targue d’être un modernisateur et a pour cela fait adopter par référendum, en février dernier, une nouvelle Constitution. Que l’opposition, qui dénonçait une manœuvre pour garder le pouvoir, ait boycotté la consultation et que des centaines de milliers de Guinéens se soient dressés contre cette réforme ne l’a pas fait plier. Comme la précédente, la nouvelle loi fondamentale limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Mais l’adoption de cette nouvelle Constitution permet au président sortant de remettre ses compteurs à zéro, selon ses partisans. »

Pari risqué ?

Et « personne n’est dupe, s’exclame Ledjely, autre site d’information guinéen. Tout le monde a conscience que c’est bien Alpha Condé qui a écrit le scénario et réparti les rôles. Mais il se sera donné un mal fou pour demeurer derrière les rideaux, de bout en bout. Ainsi, même à l’ultime phase de l’annonce de sa candidature, c’est à d’autres acteurs qu’il a confié le soin de le faire. C’est ce qui fait que c’est par le biais d’un communiqué signé de son parti et des partis alliés que la nouvelle est tombée hier lundi, au JT de la télévision nationale. (…) L’initiative est présentée comme l’émanation du « peuple souverain » ; du coup, pointe Ledjely, le candidat au troisième mandat passe pour quelqu’un qui n’a fait que donner suite à la volonté populaire. Surtout que parallèlement, des mouvements sortent opportunément des quatre coins du pays. Mais les gens finissent toujours par se dévoiler eux-mêmes. En cela, la stratégie d’Alpha Condé a quelque chose de singulier, relève encore le site guinéen. À aucun moment, il n’aura assumé. Comme s’il n’était pas très à l’aise avec le choix qu’il vient d’opérer. C’est à croire que pour lui, le troisième mandat est une nécessité. Mais qu’en son for intérieur, il a conscience qu’il risque son aura et sa réputation. »

Sur les traces de Ouattara

Et de trois également pour Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Le président sortant brigue aussi un troisième mandat. Et en l’absence des deux poids-lourds, Gbagbo et Soro, déclarés inéligibles, l’horizon semble plutôt dégagé pour lui.

Lundi malgré tout, les deux parias ont déposé leur candidature auprès de la Commission électorale. Mais peine perdue, pour le site d’information ivoirien Le Point Sur : « Radiés de la liste électorale, le président de GPS et du FPI ont peu de chance de voir leur candidature validée par le Conseil constitutionnel pour la course au fauteuil présidentiel, prévue dans deux mois. Toutefois, le dépôt de leurs dossiers de candidature sonne comme une victoire pour leurs partisans et militants qui ont effectué nombreux le déplacement au siège de la CEI. »

Alors, s’interroge Le Pays au Burkina, « pourquoi Laurent Gbagbo et Guillaume Soro déposent-ils leurs dossiers, en sachant bien que la cause est déjà perdue ? Eh bien, répond le quotidien ouagalais, c’est pour amener les amis et partenaires de la Côte d’Ivoire à venir constater (…) la dérive « totalitaire » d’un régime « aux abois », qui ajouterait un nouveau clou au cercueil de la liberté et de la transparence électorale en Côte d’Ivoire, si leurs dossiers venaient à être rejetés. Du coup, la justification de la chienlit qui se profile à l’horizon serait toute trouvée. »

Halte à la gérontocratie ?

Enfin, ce coup de gueule de l’écrivaine ivoirienne Véronique Tadjo dans Le Point Afrique. Elle s’insurge non pas de la mise à l’écart de Gbagbo et Soro mais de la confiscation du pouvoir par l’ancienne génération… Ouattara, 78 ans, Henri Konan Bédié, 86 ans… « La jeunesse va encore une fois faire les frais d’une rivalité entre hommes politiques qui ressemble plus à une vendetta qu’autre chose », dénonce Véronique Tadjo. « L’ancienne génération est arrivée à son terme, poursuit-elle. Les Ivoiriens sont fatigués d’attendre des lendemains plus heureux et de vivre la peur au ventre à chaque nouvelle élection. »

Source: RFI 



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