Mamadou Naman Kéïta : «les routes que nous avons aujourd’hui dans le district de Bamako sont devenues plus que des vieillards»

Le Directeur national des routes,  Mamadou Naman  Kéïta, a affirmé dans un entretien sur radio Rempart FM, que la plupart des routes dans la ville de Bamako sont arrivées à leur fin de vie et qu’aucune possibilité d’entretien ne peut donner satisfaction à l’usage de ces routes aujourd’hui. Il a aussi évoqué les difficultés de mobilisation des ressources et l’instabilité du pays. Ce qui, selon lui, se répercute dangereusement sur la construction des routes. 
Bonjour, Monsieur le Directeur, combien de sortes de route existe-t-il au Mali ?
Mamadou N. Kéïta : Il y a quatre catégories de route au Mali qui ont fait l’objet d’une classification par une loi portant principe de classement des routes en République du Mali. Au terme de cette loi, les quatre catégories de route répertoriées en République du Mali sont les routes d’intérêt national.
D’abord, je vais vous dire, nous avons au total 89 000 kilomètres de routes répertoriées. Nous pouvons dire que toutes ces routes ont une identité bien connue, point de départ, point de fin, avec une bonne  immatriculation. Ce sont ces 89000 kilomètres qui sont repartis en quatre catégories avec des responsabilités bien déterminées pour chaque catégorie de route.
Donc nous avons les routes d’intérêt national qui sont des routes qui relient au moins deux régions entre elles ou bien qui quittent le territoire national pour relier un pays frontalier. Au terme de la loi portant principe de classement des routes, ces routes d’intérêt  national relèvent de la responsabilité de gestion de l’Etat central et ça représente un peu plus de 14000 kilomètres sur les 89000 kilomètres du réseau routier du Mali.
Ensuite, nous avons les routes d’intérêt régional. Les routes d’intérêt régional sont les routes qui relient au minimum deux cercles d’une même région. Celles-ci sont de la responsabilité, et du point de vue de la conception et du point de vue de la construction, du point de vue d’entretien, et du point de toute forme de maintenance ou toute question de responsabilité afférente à ces routes, des conseils de région. Le conseil de région de Kayes  a son réseau routier bien identifié, bien répertorié, connu, et tout ce qui se rapporte à ce réseau relève de la responsabilité du conseil de région de Kayes.
Ensuite, nous avons les routes d’intérêt local. Les routes d’intérêt local sont, dans un même cercle, toute  route qui relie deux communes d’un même cercle ; toutes les routes qui relient au moins deux communes du  même cercle. Ces routes sont classées dans la catégorie des routes d’intérêt local. Du point de vue de toutes les responsabilités de conception, de construction, de maintenance, elles relèvent de la compétence des conseils de cercle.
Et nous avons dans la quatrième catégorie, les routes d’intérêt  communal. Ce sont les routes ou les  voies qui  relient  dans une même commune soit des quartiers, soit des villages, soit des hameaux sans toucher à une localité  d’une  autre commune. Et chaque commune, il y a plus de 700 communes répertoriées au Mali, dispose de son réseau routier bien identifié, bien répertorié et connu comme tel. Toutes les voies non répertoriées et identifiées comme telles dans une commune relèvent aussi de la responsabilité de cette commune. 
Voilà en gros la catégorisation des routes en République du Mali, donc qui se répartit en deux grands blocs entre l’Etat central d’un côté et  les collectivités de l’autre côté. C’est un choix politique, et il faut être très clair et très précis là-dessus. C’est un choix politique que les attributions sur une très importante partie du réseau routier soient retirées des mains de l’Etat central pour les affecter aux collectivités.
Et cette partie des collectivités représente 14000 kilomètres  environ sur les 89000 kilomètres. Et les entités des collectivités, les conseils de région, les conseils de cercle et les communes se répartissent le reste des 89000 kilomètres du réseau routier. Mais je vous assure que chaque entité a bien son réseau routier nettement identifié.
Quand on parle de Bamako par exemple, on sait que les routes de la capitale sont dans un état, je ne dirais pas défectueux,  mais dans un état piteux, mais est-ce que vous vouliez me dire que ces routes-là relèvent des collectivités ?
Dans le district de Bamako, sur à peu près 428 kilomètres de routes identifiées et classées, à peu près, l’Etat central n’a d’attributions que sur 25 kilomètres.
Sur l’ensemble des routes de la ville de Bamako ?
Sur l’ensemble des routes du district de Bamako, l’Etat central n’a d’attributions que sur moins une trentaine de kilomètres qui sont la route qui quitte Senou, qui est appelée la voie expresse de l’aéroport, pour venir au monument Tour d’Afrique, pour venir au Pont de Martyr, et pour venir à la Place de la Liberté. Ça, c’est un tronçon dont les attributions sont dévolues à l’Etat central.
Il y a aussi l’axe qui quitte la Tour d’Afrique pour aller se connecter à la route Bamako-Ségou à Yirimadio. Cette section de route aussi est une route qui relève de l’attribution de l’Etat central. Nous représentons l’Etat central dans cette question-là, la Direction nationale des routes, à travers le ministère en charge des routes.
Donc, pour les autres voies de la ville de Bamako, je veux que ça soit très clair pour tout le monde, nous n’avons pas d’attributions et nous n’avons aucune autorisation sur aucune autre route du district de Bamako, sans les autorités concernées, à part ces routes que je suis en train d’énumérer.
L’autre, c’est la route de Titibougou qui vient au rond-point Gabriel Touré pour venir rejoindre la Place de la liberté. Toutes les routes d’intérêt national qui entrent dans le district de Bamako se rejoignent à la Place de la Liberté à côté du Carrefour des Jeunes-là.
La dernière section de route qui relève de l’Etat central dans le district de Bamako, c’est la route qui quitte le poste de Sébénikoro, qui passe par Djicoroni-Para et rejoint l’ascenseur multiple, qui vient aussi à la Place de Gondole et qui rejoint la Place de la Liberté. Voilà les sections de routes dans le district de Bamako, qui relèvent aujourd’hui de la responsabilité de l’Etat central.
Toutes les autres voies dans le district de Bamako appartiennent à une des six communes du district de Bamako. Et c’est là qu’il y a un travail de fond à faire. Nous disons que c’est une volonté politique forte de notre pays d’aller à la décentralisation et la décentralisation a abouti à des transferts d’attributions.
Si les collectivités n’ont pas les moyens comme le disent beaucoup de personnes, alors qu’on leur retire ces attributions-là et les ramener à l’Etat central. Mais tant que les attributions sont transférées de l’Etat central aux collectivités, il appartient, et ça c’est définitif, aux collectivités de s’assumer totalement et à tous points de vue. 
Nous avons une obligation en tant que Etat central, nous avons un devoir, c’est de définir la politique. Vous savez, j’ai observé, dans ce pays, quand on parle de politique, de planification, les gens ont mal à la tête parce que, généralement, les gens ne comprennent absolument rien dans tout ça.
Mais un Etat, c’est cela, c’est de la  vision politique, c’est des questions de stratégie, c’est de la planification. Nous avons la responsabilité de mettre en place ces instruments-là et nous avons ces instruments-là en place. Nous avons dans les secteurs routiers une vision définie jusqu’à l’horizon 2035, une vision politique et ça, c’est très clair.
Nous pouvons mettre à votre disposition ces documents  (Ndlr : nous avons reçu les documents en question) avec huit orientations stratégiques, avec des plans d’action séquentiels dont la politique a été mise en place en fin 2015-2016.
Le premier plan d’action 2015-2016 a été exécuté, nous pouvons  dire, à hauteur de souhait. Nous sommes en train de nous préparer à la mise en place du second plan d’action, mais les instabilités institutionnelles, il faut dire les choses telles qu’elles sont, ont amené du retard dans le travail d’identification et de mise au point de ce second plan d’action.
Donc nous avons mis en place une vision politique sur le secteur jusqu’à l’horizon 2035, avec des stratégies adossées ; 8 orientations stratégiques qui embrassent l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour arriver à notre vision à long terme. Et ce que l’Etat central doit faire comme partition, et ce que les collectivités doivent faire comme partition. Nous, notre responsabilité vis-à-vis des collectivités consiste à leur apporter l’assistance technique, l’appui-conseil, et c’est inscrit dans nos attributions nouvelles, comme obligation vis-à-vis des collectivités.
Mais  Monsieur le Directeur, est-ce que vous assurez cet appui-conseil aux collectivités ? Et comment expliquez-vous l’état défectueux de nos routes dans la ville de Bamako ?
Je vous assure que nous assurons totalement cet appui-conseil aux collectivités parce que nos services déconcentrés sont totalement à la disposition des collectivités ; mais nous comprenons que les collectivités elles-mêmes ont besoin de s’approprier ces  instruments se rapportant à la décentralisation. Et nous sommes dans la dynamique de travailler à cela.
Nous avions même, depuis fin 2019, projeté un grand atelier de vulgarisation de tous ces instruments avec l’ensemble des collectivités du Mali. Mais comme je l’ai dit, les instabilités institutionnelles nous ont amenés de report en report jusqu’à ce que nous n’ayons pu rien faire. Et cela parce que nous avons pris connaissance que les collectivités ne sont pas suffisamment imprégnées de tout ça. Nous sommes en train de travailler pour les imprégner de tous ces instruments afin qu’elles ne nous disent pas qu’elles n’ont pas de moyens, parce que nous ne disposons pas de moyens à mettre à leur disposition.
Ce sont donc les potentielles mobilisations de financements, qui leur ont été transférées, et nous les aiderons à exploiter ces potentialités et il y en a plein. Les communes  mêmes des collectivités des pays voisins font énormément de choses en la matière et nos collectivités peuvent aller s’imprégner des expériences d’un peu partout. Elles ne doivent  pas rester dire qu’elles n’ont pas de moyens, et je ne suis pas du tout d’accord avec ça, car les moyens sont là.
Pour l’état défectueux des routes de la ville de Bamako, nous ne cesserons jamais de le dire. Malheureusement les routes sont comme les humains, elles font aussi leur vie et arrivent à leur fin, la seule différence est que quand une route arrive à sa fin, on peut la régénérer en reconstruisant et ce qui n’est pas le cas pour l’être humain.
Sinon, quand on construit une route, c’est pour une durée, selon le standard, entre dix (10) et vingt-cinq (25) ans, selon que le standard est moindre ou élevé. Mais pendant cette durée de vie, autant l’être humain tombe malade et se soigne, autant la route tombe malade, elle fait l’objet de ce que nous  appelons techniquement les dégradations qui peuvent avoir des causes multiples, qui sont réparées en cas d’entretien routier.
En un moment donné, il y a des phases d’entretien routier : entretien courant qui se rapporte à la réparation  des petites dégradations, à mi-chemin de la vie de la route, il faut obligatoirement un entretien périodique qui est un entretien beaucoup plus lourd ; et ensuite, vers la fin de la vie de la route, son premier cycle de vie, il faut la réhabiliter et quand elle est réhabilitée, elle entame un second cycle de vie. Après la réhabilitation, quand sa vie reprend, ce cycle de vie aussi prend fin, et il faut obligatoirement reconstruire.
Les routes de Bamako aujourd’hui, à part celles que nous avons reconstruites récemment  (la route ascenseur multiple à Sébénikoro, la route ascenseur multiple au Rond-point Eléphant et la route qui passe devant l’ENSUP), l’ensemble des autres routes sont arrivées à leur fin de vie et aucune possibilité d’entretien ne peut donner satisfaction à l’usage de ces routes aujourd’hui.
Alors que faut-il faire ?  
Il faut les reconstruire. Il faut obligatoirement reconstruire toutes ces routes, si elles ne sont pas reconstruites, à chaque hivernage, nous revivrons le même problème et cela est inévitable. Mais nous avons les programmes de reprise de l’ensemble de ces routes-là. Ça fait sept cent milliards, c’est disponible et c’est posé sur la table, mais il faut que les financements soient apportés pour que ça se réalise.
Et c’est là que je fais le lien avec la situation sociopolitique extrêmement difficile que notre pays traverse aujourd’hui, c’est-à-dire le Mali n’est pas dans une situation normale, on a beau crier, on a beau spéculer, tant que nous ne retrouverons pas la paix, nous ne réussirons pas à mettre en œuvre quelque stratégie que ce soit. Les stratégies, nos visions politiques, nous ne réussirons jamais à les mettre en route, nos actions de développement, parce que l’argent n’aime pas la crise.
Monsieur le Directeur, que répondez-vous à ceux qui doutent de la qualité de nos routes ?
Vous savez l’un des maux les plus graves dans notre pays est que, sans humilité, sans honte, tout le monde est devenu expert dans tout. C’est-à-dire, nous les Maliens, nous n’avons plus honte de dire des choses et après, quand on dit que telle personne tient des propos futiles. Ça ne nous fait plus honte dans ce pays. Je dis, ces routes-là ont atteint leurs limites de vie et il n’y a absolument rien à faire et doivent être reconstruites, sinon les bricolages d’entretien que nous faisons ne serviront plus absolument à rien !
Ces bricolages d’entretien tiendront toujours aux yeux de la population, mais, dès les premières pluies, nous retomberons dans la même situation. Vous savez les routes qui ont été construites, mais, on n’était pas encore là, ont été construites avec des standards inférieurs, mais la réalisation  de ces routes ne souffre absolument d’aucune mauvaise qualité ; et ce sont des standards qui ont été réalisés en son temps, qui ont fait leur vie et qui ne répondent plus aux besoins de trafic que nous avons. C’est tout ça que la reconstruction de ces routes-là prend en compte.
L’intensité de la fréquence a augmenté ?
L’intensité de la fréquence de circulation a augmenté de façon exponentielle. Le poids transporté s’est multiplié par des centaines et en plus, tous ces trafics roulent sur les routes déjà usées. Mais quand une route est usée, même s’il n’y a pas de trafic, elle se dégradera. Ces routes, quand elles ont été réalisées, elles ont été réalisées pour une durée de vie qu’elles ont vécue convenablement.
Je veux que les gens comprennent, c’est uniquement parce qu’elles ont dépassé leur durée de vie, qu’elles sont dégradées. Mais un être humain quand il a 18 ans à 20 ans et quand il devient vieillard, est-ce que c’est la même chose, c’est exactement la même chose pour les routes. Ces routes-là, que nous avons aujourd’hui dans le district de Bamako, sont devenues plus que des vieillards.
Il faudra que nous travaillions avec les collectivités parce que c’est leur patrimoine, pour que nous réussissions à faire venir les financements de la reprise de l’ensemble de ces routes parce qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Mais ces financements ne viendront jamais tant que le Mali ne retrouvera pas la stabilité institutionnelle ; ce n’est pas possible.
Monsieur le Directeur, s’agissant de l’entretien des routes, combien de kilomètres de route ont été entretenus cette année ?
Du point de vue de l’entretien des routes, nous entretenons en moyenne par an 15000 kilomètres, un peu plus de 15000 kilomètres des réseaux routiers, à peu près 9000 kilomètres de routes butinées ; les autres routes sont faites en terre. Mais le besoin d’entretien annuel de ces réseaux routiers représente, si nous devons rester dans le cercle d’entretien sans reconstruction, en moyenne autour de 90 milliards FCFA par an y compris l’entretien périodique.
La difficulté que nous avons pour l’entretien des routes rejoint toujours la possibilité de mobilisation des financements. Imaginez, chaque année, sur un programme récurrent tournant entre 80 et 100 milliards de FCFA des besoins. Si nous obtenions 30% de ces besoins  annuels, nous applaudissons pour le jackpot, mais c’est un problème.
Vous n’avez jamais réussi à dépasser les 30% ?  
Nous n’avons jamais réussi à dépasser les 30%.
En termes de mobilisation des ressources ?
En termes de mobilisation des ressources pour les besoins de financements annuels de l’entretien des routes. Vous savez les  gymnastiques et les stratégies que nous déballons pour arranger, amener, au mieux, alléger les souffrances des usagers sur les questions routières, face aux moyens qui sont les besoins réels, les gens ne peuvent pas s’en rendre compte. Mais il y a un véritable problème de mobilisation des financements des actions de développement en général dans notre pays. Et cela est dû à des paramètres exogènes aux secteurs.
Monsieur le Directeur, beaucoup de personnes  critiquent les recours systématiques aux avenants, qu’est-ce qui explique ça ?
Vous savez le recours systématique aux avenants, je m’excuse du terme, j’ai l’habitude de dire, je n’aime pas l’utiliser, mais la lourdeur administrative dans le système de gestion de l’Etat est telle qu’il n’y a pas d’alternatives que d’arriver à des avenants sur les projets routiers. Non, le tout n’est pas que des questions d’augmentation des quantités des tâches à réaliser ou autre.
Mais imaginez, il y a un délai à accorder à une entreprise pour exécuter les travaux en 12 mois, uniquement parce que  des kiosques sont installés là où les travaux doivent être réalisés, et les gens refusent de déguerpir, d’enlever les kiosques, et personne n’est en mesure de faire respecter ça, et l’entreprise perd 9 mois sur ses 12 mois parce que quelques kiosques n’ont pu être enlevés. C’est la responsabilité de qui ? C’est l’Etat ? Bref, pour que le recours aux avenants s’arrête, il faut que le système de gestion de l’Etat soit refondé.
Vous avez dit que si vous avez les 30% de l’argent demandé, vous applausissez. Mais comment vous  choisissez pour entretenir telle route au détriment d’autres ?
Vous savez, nous avons de la chance. J’ai dit au début que nous ne souffrons ni de visions politiques ni d’approches stratégiques, ni d’actions, et je vous ai parlé aussi de toutes les gymnastiques. Nous avons de la chance, nous avons un des meilleurs véhicules logistiques d’identification des besoins d’entretien routier de la sous-région. Quand  nous envoyons le programme primaire qui représente autour de 90 milliards  et quand on nous dit, non, au lieu de 90 milliards ce sont 20 milliards que vous devez utiliser, et c’est ce qui arrive chaque année. Ou bien, ce sont 25 milliards que nous pouvons mettre à votre disposition.
Ainsi, nous retravaillons à répertorier les actions les plus graves. Nous avons un système informatisé avec un véhicule qui dispose d’équipements spécifiques qui va sur les réseaux routiers, qui identifie et détermine les besoins d’interventions prioritaires et c’est ainsi que les priorités sont redéfinies.
Mais ce qui se passe régulièrement aussi, c’est que les routes sont dans un état tel que nous sommes en constante évolution, même si nous avons un budget calé d’un milliard, quand nous définissons une priorité, le temps que la structure en charge de réaliser les travaux d’entretien routier, l’AGEROUTE, fasse les marchés.
C’est l’Ageroute qui est chargée de l’entretien des routes ?
Oui, mais aussi avec les collectivités. Il y a des collectivités sur leurs réseaux qui n’ont  pas l’obligation de passer par l’Ageroute.  Les collectivités peuvent passer par toute autre structure que l’Ageroute, mais en ce qui nous concerne, en tant qu’Etat central, nous passons obligatoirement par l’Ageroute. Sauf pour les travaux d’extrême urgence parce que nous prévoyons quand même un peu de ressources chaque année, et nous avons une cellule spécifique que l’on appelle CETRU (Cellule des travaux routiers d’urgence), en période d’hivernage, les ponts qui font des ruptures à cause des pluies et autres.
Donc le temps que les marchés soient passés, une dégradation qui était évaluée à 1 million, entre-temps revient à 2 millions, à 2 millions et demi. Et tout ce que nous avons comme difficultés et qui nous amène à des jeux d’équilibriste pour réussir à faire le minimum, ça n’amènera jamais les routes-là à des niveaux de satisfaction maximale, tant que nous ne les reconstruisions pas.  Mais, c’est cela l’entretien routier.
Et  même là, nous avons dit, avec nos partenaires au développement, à un moment donné. Bon, ils étaient forts comme toujours, mais il y a une forme de prise en charge de  l’entretien routier qui a été imposée  et que souverainement notre pays a acceptée. Dans aucun pays développé du monde, l’entretien des routes ne se fait comme on le fait au Mali.
Mais comment ça ?
Pour que l’entretien routier soit efficace, ça se fait en régie, c’est-à-dire des entreprises doivent être là, en permanence, et quand il y a un problème quelque part, elles doivent être prêtes à intervenir automatiquement. Mais l’approche dont nous avons convenue avec tous nos partenaires, depuis l’an 2000, est qu’il faut identifier le programme d’entretien routier, ensuite il faut que l’Ageroute recrute des entreprises qui vont ensuite se mobiliser pour aller réaliser une dégradation identifiée. Mais, en ce temps-là, la dégradation va évoluer.
Donc nous avons dit quand les choses vont être stables, nous avons projeté de revoir tout ça et de revenir sur les accords avec les partenaires sur la question. C’est de leur dire que cette forme-là, en plus des autres difficultés, ne peut permettre à l’entretien routier d’être performant. Même la question de financement de l’entretien routier, s’il y a tant de difficultés, c’est parce que dans les années 2000, nous avons convenu avec les mêmes partenaires que l’Etat ne finance plus les programmes d’entretien routier.
Mais il y a une structure qui a été créée en charge de mobiliser les ressources financières destinées à l’entretien routier. Mais cette structure ne réussira jamais à mobiliser les ressources pouvant satisfaire les besoins d’entretien routier à hauteur de souhait, ce n’est pas possible. Ce sont des questions qu’il faut remettre sur la table, convaincre nos partenaires que c’est vrai qu’à un moment donné, nous avons accepté des modèles qu’ils nous ont amenés, mais que ces modèles ont montré leurs limites et ces modèles ne peuvent pas assurer nos performances. Ces réformes ne peuvent se tenir dans une situation d’instabilité institutionnelle du pays, et tout cela mis ensemble qui fait qu’il y a vraiment beaucoup à faire.
On va revenir  un peu à la réunion annuelle  des routes  qui s’est tenue en novembre dernier à Sikasso. Lors de cette rencontre, Madame la ministre de l’époque, Sénaïbou  Diop, vous a exhorté, c’est-à-dire la Direction nationale des routes, à jouer pleinement votre mission de supervision afin que le délai des travaux soit respecté. Qu’en est-il aujourd’hui ?
C’est ce que j’ai expliqué. Vous savez, nous jouons ce rôle. Mais je veux dire que l’Etat doit être repensé parce que toutes les responsabilités de ces dépassements de délai relèvent en réalité de la lourdeur de l’Etat, et c’est ce que j’ai dit plus haut. C’est-à-dire que quand un avis est attendu sur dossier, qui peut arriver en 72 heures, mais qu’on attend cet avis dans les structures administratives pendant 45 jours, mais ce retard n’est pas imputable aux structures techniques.
Quand on n’est pas en mesure de déguerpir quelques kiosques qui occupent la voie publique pour que les travaux se fassent, mais le délai, il va être dépassé. Sauf que nous, en tant que structure technique en charge de supervision des progrès, nous n’avons pas la charge de déguerpir. L’Etat est un tout. Il faut refonder tout le système de gestion même de l’Etat pour que les choses se fassent convenablement.
Politiquement, les départements  n’aiment  pas parler des responsabilités des autres. Mais, à un moment donné, il faut que les gens s’assument, il faut que les tâches se réalisent dans la plénitude, car c’est la seule voie où nous pouvons maîtriser les délais. C’est la seule façon pour réussir à maîtriser les délais.
Vous pouvez prendre tout projet que vous voulez, on peut tenter l’exercice, et que vous scrutez à fond les causes des reports, des prolongations de délais, je vous assure que la faute revient toujours à la lourdeur administrative dans les circuits administratifs de réalisations des projets.
Quelle évaluation faites-vous du plan d’action 2015-2019 de la politique nationale de transport, des infrastructures de transport et de désenclavement et de programme pluriannuel d’entretien des routes ?
Je veux laisser le jugement à d’autres car je ne ferai absolument aucun auto-satisfecit, mais je vais juste vous dire que sur une quinzaine de projets programmés sur la période, trois ont connu des difficultés majeures.
Quand on prend la route de Banconi-Dialakorodji-Safo-Nionssobougou, où la moitié du marché de l’entreprise est inexploitable parce que l’Etat n’a pas encore réussi à déguerpir les populations qui occupent les emprises que nous n’avons pas encore pu achever ; à part aussi la voie de contournement de la ville de Koulikoro dont toute l’emprise est aussi occupée par les populations, que l’Etat n’a pas réussi à libérer, sur une voie où pendant la réalisation des études, il n’y avait absolument aucune construction, et c’est quand les études ont été réalisées que toute l’emprise de la route a été occupée et des maisons construites.
Mais une situation comme ça, est-ce qu’il faut abandonner pour aller à d’autres solutions ? Mais en ce moment, on ne fera plus de projet parce que si l’on peut se permettre d’occuper toutes les voies, mais on ne réalisera plus de projet dans ce pays. Ce sont  deux sur les quinze que nous n’avons pu réaliser à cause des difficultés que je suis en train de citer.
Nous allons, inchallah, quand la situation va se calmer, organiser une sortie avec la presse pour que vous alliez constater ce que nous rendons aux populations comme routes finies ; les standards des routes que nous rendons aux populations. Et dans ces projets, il y a deux gros ponts : le deuxième pont de Kayes et le pont de Koulikoro. Voilà, sur les 15 projets qui étaient prévus pour être réalisés et achevés, 12 d’entre eux sont finis et rendus avec des standards extrêmement élevés.
Tous les projets qui étaient prévus sur la période, à part le projet de quatrième pont de Bamako, sont réalisés. À Ségou, il n’y avait pas de réseau routier, mais nous avons rendu la ville moderne avec  un réseau routier efficace. Kayes, c’est la même chose et Sikasso, c’est en cours de réalisation et le réseau routier dans la ville de Mopti démarre en 2020. Là, on a eu les financements mais pour le district de Bamako, nous n’avons pas encore eu des financements parce que c’est une enveloppe extrêmement importante.
Donc, pour que nous réussissions à faire tout ça, ça nécessite 700 milliards de FCFA. Au Centre et au Nord, nous avons des milliards et des milliards de projets routiers dont les travaux font l’objet de sabotage.
À vous entendre, le besoin reste immense en matière de routes au Mali ?
Oui, le besoin reste immense mais nous demandons seulement que nous soyons accompagnés dans nos stratégies pour que nous puissions satisfaire ce besoin-là, parce que dans notre vison politique jusqu’à l’horizon 2035, nous avons intégré comme autre axe stratégique de trouver des financements innovants pour les projets routiers. Mais il faut que l’on accepte quelque part de mettre en route ces stratégies. J’ai l’habitude de dire sur une chaîne que si nous sommes accompagnés dans ces stratégies, nous réussirons à faire réaliser les projets routiers qui se prendront en charge jusqu’à hauteur de 75%. 
C’est-à-dire, si nous devons réaliser un programme routier à 100 milliards, il ne faut pas penser que ces 100 milliards sont trop pour l’Etat. Parmi les stratégies de financements innovants, nous sommes en train de travailler des approches qui feront que sur les 100 milliards, 75 milliards vont être remboursés par l’exploitation de la route même et ainsi l’Etat rapportera les 25 milliards qui restent.
Nous avons ces stratégies et nous avons des propositions, mais nous n’avons pas encore le retour favorable parce que les priorités sont ailleurs. Dans tous les cas, elles nécessitent un accompagnement obligatoire, rien que du point de vue garantie. De toutes les façons, ce sont les services financiers de l’Etat qui doivent s’en charger.
Monsieur Mamadou Nama Keita, quel est votre dernier mot ?
Oui, c’est de demander à tous les Maliens de la compréhension, de l’indulgence ; nous comprenons, malheureusement, le pays vit une situation d’exception depuis l’année 2012 qui ne facilite pas les choses. Mais nous rassurons les uns et les autres que les efforts sont en cours pour améliorer les conditions de vie des populations, en ce qui concerne leur mobilité.
C’est extrêmement difficile, je ne cesserai jamais de le dire, du fait que les efforts soient prioritairement orientés à d’autres fins. Les efforts de guerre ne sont jamais des efforts minimes et la guerre distrait les ressources, financièrement, qui auraient dû normalement être dédiées aux actions que nous devons mettre en œuvre.
C’est donc de solliciter la compréhension de tous, d’appeler à la communion des esprits et des cœurs afin qu’ensemble nous puissions convenir de l’essentiel pour notre pays, et c’est la seule voie par laquelle nous pouvons véritablement nous orienter vers les actions de développement pour notre pays.   
Abdrahamane SISSOKO
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire      

Mamadou Naman Kéïta : «les routes que nous avons aujourd’hui dans le district de Bamako sont devenues plus que des vieillards»
Le Directeur national des routes,  Mamadou Naman  Kéïta, a affirmé dans un entretien sur radio Rempart FM, que la plupart des routes dans la ville de Bamako sont arrivées à leur fin de vie et qu’aucune possibilité d’entretien ne peut donner satisfaction à l’usage de ces routes aujourd’hui. Il a aussi évoqué les difficultés de mobilisation des ressources et l’instabilité du pays. Ce qui, selon lui, se répercute dangereusement sur la construction des routes.
Bonjour, Monsieur le Directeur, combien de sortes de route existe-t-il au Mali ?
Mamadou N. Kéïta : Il y a quatre catégories de route au Mali qui ont fait l’objet d’une classification par une loi portant principe de classement des routes en République du Mali. Au terme de cette loi, les quatre catégories de route répertoriées en République du Mali sont les routes d’intérêt national.
D’abord, je vais vous dire, nous avons au total 89 000 kilomètres de routes répertoriées. Nous pouvons dire que toutes ces routes ont une identité bien connue, point de départ, point de fin, avec une bonne  immatriculation. Ce sont ces 89000 kilomètres qui sont repartis en quatre catégories avec des responsabilités bien déterminées pour chaque catégorie de route.
Donc nous avons les routes d’intérêt national qui sont des routes qui relient au moins deux régions entre elles ou bien qui quittent le territoire national pour relier un pays frontalier. Au terme de la loi portant principe de classement des routes, ces routes d’intérêt  national relèvent de la responsabilité de gestion de l’Etat central et ça représente un peu plus de 14000 kilomètres sur les 89000 kilomètres du réseau routier du Mali.
Ensuite, nous avons les routes d’intérêt régional. Les routes d’intérêt régional sont les routes qui relient au minimum deux cercles d’une même région. Celles-ci sont de la responsabilité, et du point de vue de la conception et du point de vue de la construction, du point de vue d’entretien, et du point de toute forme de maintenance ou toute question de responsabilité afférente à ces routes, des conseils de région. Le conseil de région de Kayes  a son réseau routier bien identifié, bien répertorié, connu, et tout ce qui se rapporte à ce réseau relève de la responsabilité du conseil de région de Kayes.
Ensuite, nous avons les routes d’intérêt local. Les routes d’intérêt local sont, dans un même cercle, toute  route qui relie deux communes d’un même cercle ; toutes les routes qui relient au moins deux communes du  même cercle. Ces routes sont classées dans la catégorie des routes d’intérêt local. Du point de vue de toutes les responsabilités de conception, de construction, de maintenance, elles relèvent de la compétence des conseils de cercle.
Et nous avons dans la quatrième catégorie, les routes d’intérêt  communal. Ce sont les routes ou les  voies qui  relient  dans une même commune soit des quartiers, soit des villages, soit des hameaux sans toucher à une localité  d’une  autre commune. Et chaque commune, il y a plus de 700 communes répertoriées au Mali, dispose de son réseau routier bien identifié, bien répertorié et connu comme tel. Toutes les voies non répertoriées et identifiées comme telles dans une commune relèvent aussi de la responsabilité de cette commune. 
Voilà en gros la catégorisation des routes en République du Mali, donc qui se répartit en deux grands blocs entre l’Etat central d’un côté et  les collectivités de l’autre côté. C’est un choix politique, et il faut être très clair et très précis là-dessus. C’est un choix politique que les attributions sur une très importante partie du réseau routier soient retirées des mains de l’Etat central pour les affecter aux collectivités.
Et cette partie des collectivités représente 14000 kilomètres  environ sur les 89000 kilomètres. Et les entités des collectivités, les conseils de région, les conseils de cercle et les communes se répartissent le reste des 89000 kilomètres du réseau routier. Mais je vous assure que chaque entité a bien son réseau routier nettement identifié.
Quand on parle de Bamako par exemple, on sait que les routes de la capitale sont dans un état, je ne dirais pas défectueux,  mais dans un état piteux, mais est-ce que vous vouliez me dire que ces routes-là relèvent des collectivités ?
Dans le district de Bamako, sur à peu près 428 kilomètres de routes identifiées et classées, à peu près, l’Etat central n’a d’attributions que sur 25 kilomètres.
Sur l’ensemble des routes de la ville de Bamako ?
Sur l’ensemble des routes du district de Bamako, l’Etat central n’a d’attributions que sur moins une trentaine de kilomètres qui sont la route qui quitte Senou, qui est appelée la voie expresse de l’aéroport, pour venir au monument Tour d’Afrique, pour venir au Pont de Martyr, et pour venir à la Place de la Liberté. Ça, c’est un tronçon dont les attributions sont dévolues à l’Etat central.
Il y a aussi l’axe qui quitte la Tour d’Afrique pour aller se connecter à la route Bamako-Ségou à Yirimadio. Cette section de route aussi est une route qui relève de l’attribution de l’Etat central. Nous représentons l’Etat central dans cette question-là, la Direction nationale des routes, à travers le ministère en charge des routes.
Donc, pour les autres voies de la ville de Bamako, je veux que ça soit très clair pour tout le monde, nous n’avons pas d’attributions et nous n’avons aucune autorisation sur aucune autre route du district de Bamako, sans les autorités concernées, à part ces routes que je suis en train d’énumérer.
L’autre, c’est la route de Titibougou qui vient au rond-point Gabriel Touré pour venir rejoindre la Place de la liberté. Toutes les routes d’intérêt national qui entrent dans le district de Bamako se rejoignent à la Place de la Liberté à côté du Carrefour des Jeunes-là.
La dernière section de route qui relève de l’Etat central dans le district de Bamako, c’est la route qui quitte le poste de Sébénikoro, qui passe par Djicoroni-Para et rejoint l’ascenseur multiple, qui vient aussi à la Place de Gondole et qui rejoint la Place de la Liberté. Voilà les sections de routes dans le district de Bamako, qui relèvent aujourd’hui de la responsabilité de l’Etat central.
Toutes les autres voies dans le district de Bamako appartiennent à une des six communes du district de Bamako. Et c’est là qu’il y a un travail de fond à faire. Nous disons que c’est une volonté politique forte de notre pays d’aller à la décentralisation et la décentralisation a abouti à des transferts d’attributions.
Si les collectivités n’ont pas les moyens comme le disent beaucoup de personnes, alors qu’on leur retire ces attributions-là et les ramener à l’Etat central. Mais tant que les attributions sont transférées de l’Etat central aux collectivités, il appartient, et ça c’est définitif, aux collectivités de s’assumer totalement et à tous points de vue. 
Nous avons une obligation en tant que Etat central, nous avons un devoir, c’est de définir la politique. Vous savez, j’ai observé, dans ce pays, quand on parle de politique, de planification, les gens ont mal à la tête parce que, généralement, les gens ne comprennent absolument rien dans tout ça.
Mais un Etat, c’est cela, c’est de la  vision politique, c’est des questions de stratégie, c’est de la planification. Nous avons la responsabilité de mettre en place ces instruments-là et nous avons ces instruments-là en place. Nous avons dans les secteurs routiers une vision définie jusqu’à l’horizon 2035, une vision politique et ça, c’est très clair.
Nous pouvons mettre à votre disposition ces documents  (Ndlr : nous avons reçu les documents en question) avec huit orientations stratégiques, avec des plans d’action séquentiels dont la politique a été mise en place en fin 2015-2016.
Le premier plan d’action 2015-2016 a été exécuté, nous pouvons  dire, à hauteur de souhait. Nous sommes en train de nous préparer à la mise en place du second plan d’action, mais les instabilités institutionnelles, il faut dire les choses telles qu’elles sont, ont amené du retard dans le travail d’identification et de mise au point de ce second plan d’action.
Donc nous avons mis en place une vision politique sur le secteur jusqu’à l’horizon 2035, avec des stratégies adossées ; 8 orientations stratégiques qui embrassent l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour arriver à notre vision à long terme. Et ce que l’Etat central doit faire comme partition, et ce que les collectivités doivent faire comme partition. Nous, notre responsabilité vis-à-vis des collectivités consiste à leur apporter l’assistance technique, l’appui-conseil, et c’est inscrit dans nos attributions nouvelles, comme obligation vis-à-vis des collectivités.
Mais  Monsieur le Directeur, est-ce que vous assurez cet appui-conseil aux collectivités ? Et comment expliquez-vous l’état défectueux de nos routes dans la ville de Bamako ?
Je vous assure que nous assurons totalement cet appui-conseil aux collectivités parce que nos services déconcentrés sont totalement à la disposition des collectivités ; mais nous comprenons que les collectivités elles-mêmes ont besoin de s’approprier ces  instruments se rapportant à la décentralisation. Et nous sommes dans la dynamique de travailler à cela.
Nous avions même, depuis fin 2019, projeté un grand atelier de vulgarisation de tous ces instruments avec l’ensemble des collectivités du Mali. Mais comme je l’ai dit, les instabilités institutionnelles nous ont amenés de report en report jusqu’à ce que nous n’ayons pu rien faire. Et cela parce que nous avons pris connaissance que les collectivités ne sont pas suffisamment imprégnées de tout ça. Nous sommes en train de travailler pour les imprégner de tous ces instruments afin qu’elles ne nous disent pas qu’elles n’ont pas de moyens, parce que nous ne disposons pas de moyens à mettre à leur disposition.
Ce sont donc les potentielles mobilisations de financements, qui leur ont été transférées, et nous les aiderons à exploiter ces potentialités et il y en a plein. Les communes  mêmes des collectivités des pays voisins font énormément de choses en la matière et nos collectivités peuvent aller s’imprégner des expériences d’un peu partout. Elles ne doivent  pas rester dire qu’elles n’ont pas de moyens, et je ne suis pas du tout d’accord avec ça, car les moyens sont là.
Pour l’état défectueux des routes de la ville de Bamako, nous ne cesserons jamais de le dire. Malheureusement les routes sont comme les humains, elles font aussi leur vie et arrivent à leur fin, la seule différence est que quand une route arrive à sa fin, on peut la régénérer en reconstruisant et ce qui n’est pas le cas pour l’être humain.
Sinon, quand on construit une route, c’est pour une durée, selon le standard, entre dix (10) et vingt-cinq (25) ans, selon que le standard est moindre ou élevé. Mais pendant cette durée de vie, autant l’être humain tombe malade et se soigne, autant la route tombe malade, elle fait l’objet de ce que nous  appelons techniquement les dégradations qui peuvent avoir des causes multiples, qui sont réparées en cas d’entretien routier.
En un moment donné, il y a des phases d’entretien routier : entretien courant qui se rapporte à la réparation  des petites dégradations, à mi-chemin de la vie de la route, il faut obligatoirement un entretien périodique qui est un entretien beaucoup plus lourd ; et ensuite, vers la fin de la vie de la route, son premier cycle de vie, il faut la réhabiliter et quand elle est réhabilitée, elle entame un second cycle de vie. Après la réhabilitation, quand sa vie reprend, ce cycle de vie aussi prend fin, et il faut obligatoirement reconstruire.
Les routes de Bamako aujourd’hui, à part celles que nous avons reconstruites récemment  (la route ascenseur multiple à Sébénikoro, la route ascenseur multiple au Rond-point Eléphant et la route qui passe devant l’ENSUP), l’ensemble des autres routes sont arrivées à leur fin de vie et aucune possibilité d’entretien ne peut donner satisfaction à l’usage de ces routes aujourd’hui.
Alors que faut-il faire ?  
Il faut les reconstruire. Il faut obligatoirement reconstruire toutes ces routes, si elles ne sont pas reconstruites, à chaque hivernage, nous revivrons le même problème et cela est inévitable. Mais nous avons les programmes de reprise de l’ensemble de ces routes-là. Ça fait sept cent milliards, c’est disponible et c’est posé sur la table, mais il faut que les financements soient apportés pour que ça se réalise.
Et c’est là que je fais le lien avec la situation sociopolitique extrêmement difficile que notre pays traverse aujourd’hui, c’est-à-dire le Mali n’est pas dans une situation normale, on a beau crier, on a beau spéculer, tant que nous ne retrouverons pas la paix, nous ne réussirons pas à mettre en œuvre quelque stratégie que ce soit. Les stratégies, nos visions politiques, nous ne réussirons jamais à les mettre en route, nos actions de développement, parce que l’argent n’aime pas la crise.
Monsieur le Directeur, que répondez-vous à ceux qui doutent de la qualité de nos routes ?
Vous savez l’un des maux les plus graves dans notre pays est que, sans humilité, sans honte, tout le monde est devenu expert dans tout. C’est-à-dire, nous les Maliens, nous n’avons plus honte de dire des choses et après, quand on dit que telle personne tient des propos futiles. Ça ne nous fait plus honte dans ce pays. Je dis, ces routes-là ont atteint leurs limites de vie et il n’y a absolument rien à faire et doivent être reconstruites, sinon les bricolages d’entretien que nous faisons ne serviront plus absolument à rien !
Ces bricolages d’entretien tiendront toujours aux yeux de la population, mais, dès les premières pluies, nous retomberons dans la même situation. Vous savez les routes qui ont été construites, mais, on n’était pas encore là, ont été construites avec des standards inférieurs, mais la réalisation  de ces routes ne souffre absolument d’aucune mauvaise qualité ; et ce sont des standards qui ont été réalisés en son temps, qui ont fait leur vie et qui ne répondent plus aux besoins de trafic que nous avons. C’est tout ça que la reconstruction de ces routes-là prend en compte.
L’intensité de la fréquence a augmenté ?
L’intensité de la fréquence de circulation a augmenté de façon exponentielle. Le poids transporté s’est multiplié par des centaines et en plus, tous ces trafics roulent sur les routes déjà usées. Mais quand une route est usée, même s’il n’y a pas de trafic, elle se dégradera. Ces routes, quand elles ont été réalisées, elles ont été réalisées pour une durée de vie qu’elles ont vécue convenablement.
Je veux que les gens comprennent, c’est uniquement parce qu’elles ont dépassé leur durée de vie, qu’elles sont dégradées. Mais un être humain quand il a 18 ans à 20 ans et quand il devient vieillard, est-ce que c’est la même chose, c’est exactement la même chose pour les routes. Ces routes-là, que nous avons aujourd’hui dans le district de Bamako, sont devenues plus que des vieillards.
Il faudra que nous travaillions avec les collectivités parce que c’est leur patrimoine, pour que nous réussissions à faire venir les financements de la reprise de l’ensemble de ces routes parce qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Mais ces financements ne viendront jamais tant que le Mali ne retrouvera pas la stabilité institutionnelle ; ce n’est pas possible.
Monsieur le Directeur, s’agissant de l’entretien des routes, combien de kilomètres de route ont été entretenus cette année ?
Du point de vue de l’entretien des routes, nous entretenons en moyenne par an 15000 kilomètres, un peu plus de 15000 kilomètres des réseaux routiers, à peu près 9000 kilomètres de routes butinées ; les autres routes sont faites en terre. Mais le besoin d’entretien annuel de ces réseaux routiers représente, si nous devons rester dans le cercle d’entretien sans reconstruction, en moyenne autour de 90 milliards FCFA par an y compris l’entretien périodique.
La difficulté que nous avons pour l’entretien des routes rejoint toujours la possibilité de mobilisation des financements. Imaginez, chaque année, sur un programme récurrent tournant entre 80 et 100 milliards de FCFA des besoins. Si nous obtenions 30% de ces besoins  annuels, nous applaudissons pour le jackpot, mais c’est un problème.
Vous n’avez jamais réussi à dépasser les 30% ?  
Nous n’avons jamais réussi à dépasser les 30%.
En termes de mobilisation des ressources ?
En termes de mobilisation des ressources pour les besoins de financements annuels de l’entretien des routes. Vous savez les  gymnastiques et les stratégies que nous déballons pour arranger, amener, au mieux, alléger les souffrances des usagers sur les questions routières, face aux moyens qui sont les besoins réels, les gens ne peuvent pas s’en rendre compte. Mais il y a un véritable problème de mobilisation des financements des actions de développement en général dans notre pays. Et cela est dû à des paramètres exogènes aux secteurs.
Monsieur le Directeur, beaucoup de personnes  critiquent les recours systématiques aux avenants, qu’est-ce qui explique ça ?
Vous savez le recours systématique aux avenants, je m’excuse du terme, j’ai l’habitude de dire, je n’aime pas l’utiliser, mais la lourdeur administrative dans le système de gestion de l’Etat est telle qu’il n’y a pas d’alternatives que d’arriver à des avenants sur les projets routiers. Non, le tout n’est pas que des questions d’augmentation des quantités des tâches à réaliser ou autre.
Mais imaginez, il y a un délai à accorder à une entreprise pour exécuter les travaux en 12 mois, uniquement parce que  des kiosques sont installés là où les travaux doivent être réalisés, et les gens refusent de déguerpir, d’enlever les kiosques, et personne n’est en mesure de faire respecter ça, et l’entreprise perd 9 mois sur ses 12 mois parce que quelques kiosques n’ont pu être enlevés. C’est la responsabilité de qui ? C’est l’Etat ? Bref, pour que le recours aux avenants s’arrête, il faut que le système de gestion de l’Etat soit refondé.
Vous avez dit que si vous avez les 30% de l’argent demandé, vous applausissez. Mais comment vous  choisissez pour entretenir telle route au détriment d’autres ?
Vous savez, nous avons de la chance. J’ai dit au début que nous ne souffrons ni de visions politiques ni d’approches stratégiques, ni d’actions, et je vous ai parlé aussi de toutes les gymnastiques. Nous avons de la chance, nous avons un des meilleurs véhicules logistiques d’identification des besoins d’entretien routier de la sous-région. Quand  nous envoyons le programme primaire qui représente autour de 90 milliards  et quand on nous dit, non, au lieu de 90 milliards ce sont 20 milliards que vous devez utiliser, et c’est ce qui arrive chaque année. Ou bien, ce sont 25 milliards que nous pouvons mettre à votre disposition.
Ainsi, nous retravaillons à répertorier les actions les plus graves. Nous avons un système informatisé avec un véhicule qui dispose d’équipements spécifiques qui va sur les réseaux routiers, qui identifie et détermine les besoins d’interventions prioritaires et c’est ainsi que les priorités sont redéfinies.
Mais ce qui se passe régulièrement aussi, c’est que les routes sont dans un état tel que nous sommes en constante évolution, même si nous avons un budget calé d’un milliard, quand nous définissons une priorité, le temps que la structure en charge de réaliser les travaux d’entretien routier, l’AGEROUTE, fasse les marchés.
C’est l’Ageroute qui est chargée de l’entretien des routes ?
Oui, mais aussi avec les collectivités. Il y a des collectivités sur leurs réseaux qui n’ont  pas l’obligation de passer par l’Ageroute.  Les collectivités peuvent passer par toute autre structure que l’Ageroute, mais en ce qui nous concerne, en tant qu’Etat central, nous passons obligatoirement par l’Ageroute. Sauf pour les travaux d’extrême urgence parce que nous prévoyons quand même un peu de ressources chaque année, et nous avons une cellule spécifique que l’on appelle CETRU (Cellule des travaux routiers d’urgence), en période d’hivernage, les ponts qui font des ruptures à cause des pluies et autres.
Donc le temps que les marchés soient passés, une dégradation qui était évaluée à 1 million, entre-temps revient à 2 millions, à 2 millions et demi. Et tout ce que nous avons comme difficultés et qui nous amène à des jeux d’équilibriste pour réussir à faire le minimum, ça n’amènera jamais les routes-là à des niveaux de satisfaction maximale, tant que nous ne les reconstruisions pas.  Mais, c’est cela l’entretien routier.
Et  même là, nous avons dit, avec nos partenaires au développement, à un moment donné. Bon, ils étaient forts comme toujours, mais il y a une forme de prise en charge de  l’entretien routier qui a été imposée  et que souverainement notre pays a acceptée. Dans aucun pays développé du monde, l’entretien des routes ne se fait comme on le fait au Mali.
Mais comment ça ?
Pour que l’entretien routier soit efficace, ça se fait en régie, c’est-à-dire des entreprises doivent être là, en permanence, et quand il y a un problème quelque part, elles doivent être prêtes à intervenir automatiquement. Mais l’approche dont nous avons convenue avec tous nos partenaires, depuis l’an 2000, est qu’il faut identifier le programme d’entretien routier, ensuite il faut que l’Ageroute recrute des entreprises qui vont ensuite se mobiliser pour aller réaliser une dégradation identifiée. Mais, en ce temps-là, la dégradation va évoluer.
Donc nous avons dit quand les choses vont être stables, nous avons projeté de revoir tout ça et de revenir sur les accords avec les partenaires sur la question. C’est de leur dire que cette forme-là, en plus des autres difficultés, ne peut permettre à l’entretien routier d’être performant. Même la question de financement de l’entretien routier, s’il y a tant de difficultés, c’est parce que dans les années 2000, nous avons convenu avec les mêmes partenaires que l’Etat ne finance plus les programmes d’entretien routier.
Mais il y a une structure qui a été créée en charge de mobiliser les ressources financières destinées à l’entretien routier. Mais cette structure ne réussira jamais à mobiliser les ressources pouvant satisfaire les besoins d’entretien routier à hauteur de souhait, ce n’est pas possible. Ce sont des questions qu’il faut remettre sur la table, convaincre nos partenaires que c’est vrai qu’à un moment donné, nous avons accepté des modèles qu’ils nous ont amenés, mais que ces modèles ont montré leurs limites et ces modèles ne peuvent pas assurer nos performances. Ces réformes ne peuvent se tenir dans une situation d’instabilité institutionnelle du pays, et tout cela mis ensemble qui fait qu’il y a vraiment beaucoup à faire.
On va revenir  un peu à la réunion annuelle  des routes  qui s’est tenue en novembre dernier à Sikasso. Lors de cette rencontre, Madame la ministre de l’époque, Sénaïbou  Diop, vous a exhorté, c’est-à-dire la Direction nationale des routes, à jouer pleinement votre mission de supervision afin que le délai des travaux soit respecté. Qu’en est-il aujourd’hui ?
C’est ce que j’ai expliqué. Vous savez, nous jouons ce rôle. Mais je veux dire que l’Etat doit être repensé parce que toutes les responsabilités de ces dépassements de délai relèvent en réalité de la lourdeur de l’Etat, et c’est ce que j’ai dit plus haut. C’est-à-dire que quand un avis est attendu sur dossier, qui peut arriver en 72 heures, mais qu’on attend cet avis dans les structures administratives pendant 45 jours, mais ce retard n’est pas imputable aux structures techniques.
Quand on n’est pas en mesure de déguerpir quelques kiosques qui occupent la voie publique pour que les travaux se fassent, mais le délai, il va être dépassé. Sauf que nous, en tant que structure technique en charge de supervision des progrès, nous n’avons pas la charge de déguerpir. L’Etat est un tout. Il faut refonder tout le système de gestion même de l’Etat pour que les choses se fassent convenablement.
Politiquement, les départements  n’aiment  pas parler des responsabilités des autres. Mais, à un moment donné, il faut que les gens s’assument, il faut que les tâches se réalisent dans la plénitude, car c’est la seule voie où nous pouvons maîtriser les délais. C’est la seule façon pour réussir à maîtriser les délais.
Vous pouvez prendre tout projet que vous voulez, on peut tenter l’exercice, et que vous scrutez à fond les causes des reports, des prolongations de délais, je vous assure que la faute revient toujours à la lourdeur administrative dans les circuits administratifs de réalisations des projets.
Quelle évaluation faites-vous du plan d’action 2015-2019 de la politique nationale de transport, des infrastructures de transport et de désenclavement et de programme pluriannuel d’entretien des routes ?
Je veux laisser le jugement à d’autres car je ne ferai absolument aucun auto-satisfecit, mais je vais juste vous dire que sur une quinzaine de projets programmés sur la période, trois ont connu des difficultés majeures.
Quand on prend la route de Banconi-Dialakorodji-Safo-Nionssobougou, où la moitié du marché de l’entreprise est inexploitable parce que l’Etat n’a pas encore réussi à déguerpir les populations qui occupent les emprises que nous n’avons pas encore pu achever ; à part aussi la voie de contournement de la ville de Koulikoro dont toute l’emprise est aussi occupée par les populations, que l’Etat n’a pas réussi à libérer, sur une voie où pendant la réalisation des études, il n’y avait absolument aucune construction, et c’est quand les études ont été réalisées que toute l’emprise de la route a été occupée et des maisons construites.
Mais une situation comme ça, est-ce qu’il faut abandonner pour aller à d’autres solutions ? Mais en ce moment, on ne fera plus de projet parce que si l’on peut se permettre d’occuper toutes les voies, mais on ne réalisera plus de projet dans ce pays. Ce sont  deux sur les quinze que nous n’avons pu réaliser à cause des difficultés que je suis en train de citer.
Nous allons, inchallah, quand la situation va se calmer, organiser une sortie avec la presse pour que vous alliez constater ce que nous rendons aux populations comme routes finies ; les standards des routes que nous rendons aux populations. Et dans ces projets, il y a deux gros ponts : le deuxième pont de Kayes et le pont de Koulikoro. Voilà, sur les 15 projets qui étaient prévus pour être réalisés et achevés, 12 d’entre eux sont finis et rendus avec des standards extrêmement élevés.
Tous les projets qui étaient prévus sur la période, à part le projet de quatrième pont de Bamako, sont réalisés. À Ségou, il n’y avait pas de réseau routier, mais nous avons rendu la ville moderne avec  un réseau routier efficace. Kayes, c’est la même chose et Sikasso, c’est en cours de réalisation et le réseau routier dans la ville de Mopti démarre en 2020. Là, on a eu les financements mais pour le district de Bamako, nous n’avons pas encore eu des financements parce que c’est une enveloppe extrêmement importante.
Donc, pour que nous réussissions à faire tout ça, ça nécessite 700 milliards de FCFA. Au Centre et au Nord, nous avons des milliards et des milliards de projets routiers dont les travaux font l’objet de sabotage.
À vous entendre, le besoin reste immense en matière de routes au Mali ?
Oui, le besoin reste immense mais nous demandons seulement que nous soyons accompagnés dans nos stratégies pour que nous puissions satisfaire ce besoin-là, parce que dans notre vison politique jusqu’à l’horizon 2035, nous avons intégré comme autre axe stratégique de trouver des financements innovants pour les projets routiers. Mais il faut que l’on accepte quelque part de mettre en route ces stratégies. J’ai l’habitude de dire sur une chaîne que si nous sommes accompagnés dans ces stratégies, nous réussirons à faire réaliser les projets routiers qui se prendront en charge jusqu’à hauteur de 75%. 
C’est-à-dire, si nous devons réaliser un programme routier à 100 milliards, il ne faut pas penser que ces 100 milliards sont trop pour l’Etat. Parmi les stratégies de financements innovants, nous sommes en train de travailler des approches qui feront que sur les 100 milliards, 75 milliards vont être remboursés par l’exploitation de la route même et ainsi l’Etat rapportera les 25 milliards qui restent.
Nous avons ces stratégies et nous avons des propositions, mais nous n’avons pas encore le retour favorable parce que les priorités sont ailleurs. Dans tous les cas, elles nécessitent un accompagnement obligatoire, rien que du point de vue garantie. De toutes les façons, ce sont les services financiers de l’Etat qui doivent s’en charger.
Monsieur Mamadou Nama Keita, quel est votre dernier mot ?
Oui, c’est de demander à tous les Maliens de la compréhension, de l’indulgence ; nous comprenons, malheureusement, le pays vit une situation d’exception depuis l’année 2012 qui ne facilite pas les choses. Mais nous rassurons les uns et les autres que les efforts sont en cours pour améliorer les conditions de vie des populations, en ce qui concerne leur mobilité.
C’est extrêmement difficile, je ne cesserai jamais de le dire, du fait que les efforts soient prioritairement orientés à d’autres fins. Les efforts de guerre ne sont jamais des efforts minimes et la guerre distrait les ressources, financièrement, qui auraient dû normalement être dédiées aux actions que nous devons mettre en œuvre.
C’est donc de solliciter la compréhension de tous, d’appeler à la communion des esprits et des cœurs afin qu’ensemble nous puissions convenir de l’essentiel pour notre pays, et c’est la seule voie par laquelle nous pouvons véritablement nous orienter vers les actions de développement pour notre pays.  

 
Abdrahamane SISSOKO

Fadiala N. Dembélé/Stagiaire
Source: Le Wagadu 

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