Côte d’Ivoire: pour le RHDP, l’opposition a commis un «acte insurrectionnel»

Le bras de fer se poursuit en Côte d’Ivoire. Les domiciles des principaux opposants qui dénoncent la réélection d’Alassane Ouattara sont toujours encerclés par les forces de l’ordre depuis que l’opposition a annoncé son intention de créer un conseil national de transition. Le RHDP, le parti au pouvoir, affirme que l’opposition a commis un acte insurrectionnel portant atteinte à la sûreté de l’État.

Avec notre envoyé spécial à Abidjan, Laurent Correau

Le parti au pouvoir, le RHDP, se refuse à parler de résidence surveillée. Une bonne source au sein du parti nous a affirmé que les leaders de l’opposition étaient en fait retenus chez eux de manière préventive, et cela en attente d’une instruction judiciaire.

De son côté Adama Bictogo, le directeur exécutif du RHDP, estime que l’opposition est allée trop loin : « Déjà pendant que les élections s’organisent, le président en exercice demeure. Donc il est en exercice. Les institutions fonctionnement. L’État n’est pas en faillite. Comment peut-on accepter que l’opposition puisse mettre en place un gouvernement parallèle ? C’est une atteinte à la sûreté de l’État. Pour moi, c’est insurrectionnel, anticonstitutionnel et c’est inacceptable. »  

Nous ne sommes pas dans un État en faillite, a répété Adama Bictogo dans l’interview qu’il a accordée à RFI. La création annoncée d’un gouvernement de transition est pour lui un acte grave, une procédure judiciaire est en cours pour acte de sédition.

Un « blocus » illégal pour l’opposition

Et de leur côté, les avocats de l’opposition dénoncent l’illégalité de l’encerclement des domiciles des quatre leaders. Dans un communiqué, le collectif des avocats de l’opposition explique que 11 cadres de l’opposition ont été interpellés mardi à la résidence d’Henri Konan Bédié. De même que deux avocats qui ont été remis en liberté après l’intervention du bâtonnier de l’ordre et d’autres personnalités.

Les avocats de l’opposition indiquent qu’en sa qualité d’ancien président, Henri Konan Bédié ne peut être privé de sa liberté que par une procédure spéciale. Ils rappellent que Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du PDCI, qui a été interpellé, bénéficie de l’immunité parlementaire.

Ils indiquent également que ce qu’ils appellent « le blocus » imposé aux résidences des opposants ne rentre dans aucun cadre législatif et réglementaire applicable en Côte d’Ivoire, de sorte « qu’il doit être qualifié de séquestration ». Les avocats de l’opposition demandent au procureur général et au procureur de la République de mettre un terme, sans délai, à « ces actes illégaux d’officiers de police judiciaire placés sous leur autorité ».

Les conseils de M. Bédié et des leaders de l’opposition demandent au procureur de la République « de mettre un terme à ces actes illégaux. » Au RHDP, on répond que ces mesures préventives seront levées une fois que l’opposition s’inscrira de nouveau dans l’ordre constitutionnel.

« L’état de droit doit prévaloir »

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De son côté, la communauté internationale continue d’appeler à l’apaisement et au respect de l’état de droit en Côte d’Ivoire. Ce mercredi, la France et les États-Unis ont condamné les violences et les tensions autour de l’élection présidentielle.

« La France appelle tous les acteurs à mettre fin aux provocations et actes d’intimidation qui perdurent depuis le scrutin. L’état de droit doit prévaloir », déclare la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Agnès Von der Mühl, lors d’un point presse à Paris.

Elle interpelle ainsi aussi bien l’opposition que le pouvoir ivoirien. La France relève, comme l’Union européenne, « les fortes disparités de la participation électorale selon les régions » et prend note simplement des résultats provisoires de l’élection. La France souligne enfin « l’urgence d’une reprise du dialogue politique pour pouvoir tourner la page de la violence et de la division ».

Les États-Unis « appellent les leaders politiques à montrer leur attachement au processus démocratique et à l’état de droit ». Dans un communiqué, l’ambassade américaine en Côte d’Ivoire exhorte les autorités à enquêter sur tous les incidents pour que les responsables rendent des comptes : « Les griefs doivent être résolus de manière pacifique et transparente dans le cadre légal. »

Source : RFI 

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