Edito : Manque de pédagogie

Le Conseil de ministres du 25 novembre 2020 du Gouvernement de la république du Mali, sur proposition du ministre de lAdministration territoriale et de la décentralisation, a procédé à une flopée de nominations de militaires au poste de Gouverneurs de région. Sur 20 régions administratives que compte désormais notre pays, 13 seront dirigés par un militaire. Cette décision de la Transition malienne est suspicieuse pour de nombreux maliens et acteurs sociopolitiques du pays. En loccurrence, le Corps préfectoral qui dénonce une militarisation de leur corps professionnel.
Déjà en grève davertissement pour des revendications corporatistes, notamment pour une meilleure sécurisation de leurs militants, les quatre syndicats de la Plateforme daction commune : Syndicat Autonome des Administrateurs civils (SYNAC), Syndicat Libre des Travailleurs du Ministère de lAdministration Territoriale (SYLTMAT), Syndicat National des Travailleurs des Collectivités Territoriales (SYNTRACT) et du Comité Syndical des Agences de Développement Régional (CS-ADR), qualifie ces nominations de militaires, lors dune assemblée générale tenue le 28 novembre, de « méprisante, insultante et provocante ». Doù leur décision unanime de poursuivre leur grève. Mais cette fois-ci de façon illimitée, jusquà laboutissement total de lensemble de leurs revendications.
Ce bras de fer entre le Gouvernement de Transition et la Plateforme daction commune des travailleurs de lAdministration et de Collectivités Territoriales, sil devait se poursuivre, risque dentraver fortement la bonne marche du processus de Transition. Notamment dans lorganisation des futures élections générales, tant le Corps préfectoral et les travailleurs des Collectivités Territoriales constituent la principale cheville ouvrière pour sa réussite.
Confronté à une quantité de débrayages de syndicats, en loccurrence celui mené par lUNTM, la principale centrale syndicale du Mali, le Gouvernement de Transition fait apparemment montre dun manque criard de pédagogie politique dans ses prises de décisions. Ce, dautant que les deux têtes de lexécutif, en cavaliers solitaires, excellent dans la confrontation alors quelles devraient plutôt privilégier la concertation avec lensemble de ses partenaires sociopolitiques avant toutes prises de décisions importantes qui engagent la nation malienne. Cette nécessaire concertation doit servir de démarche pédagogique. Qui permettrait de créer certainement un climat de confiance entre les deux parties. On aurait ainsi fait léconomie dune nouvelle crise sociale pour la bonne marche de la Transition.
Au regard des textes règlementaires, rien ninterdit la nomination de Gouverneurs militaires en république du Mali. Ce que concède dailleurs la Plateforme daction. Toutefois, toute Transition politique a vocation dêtre consensuelle. Ce qui recommande des concessions réciproques entre lensemble des composantes sociales du pays.
Une telle approche pédagogique aurait amené notre Gouvernement de Transition à se concerter en amont avec la Plateforme daction. Elle aurait également eu le mérite de convaincre la Plateforme sur le bienfondé de ses décisions de nomination. Aura-t-il la force de se transcender pour se concerter in fine avec la Plateforme daction afin de pouvoir reconsidérer sa décision unilatérale de nomination de Gouverneurs, Préfets et Sous-Préfets ? Si linterrogation demeure, de toute façon, la sagesse recommande que le Gouvernement revoie sa copie pour lintérêt supérieur de la nation.

Gaoussou Madani Traoré


Source: Le Pélican 

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