Arrestations et intimidations : l’arme politique des Autorités de la Transition

Depuis le 21 décembre 2020, des arrestations extrajudiciaires ont lieu au Mali. Elles seraient l’œuvre de la Direction Générale de la Sécurité de l’Etat (DGSE). On dénombre à ce jour une dizaine de personnalités politiques, Hauts cadres de l’Administration publique et parapublique ainsi que des Hommes de média détenus manu militari. Dr Boubou Cissé, l’ancien PM dIBK, dont le demi-frère fait partie des personnalités arrêtées, est dans la clandestinité. De sources introduites, il serait considéré comme l’ un des principaux cerveaux d’une manuvre de déstabilisation de la Transition.

Mais Boubou Cissé, dans une missive publiée dans les journaux et les réseaux sociaux, nie dêtre « directement ou indirectement associé, de quelque manière que ça soit, à aucun projet de déstabilisation de son pays et défie quiconque d’en apporter la preuve contraire ». Même le Secrétaire Général de la Présidence, Sékou Traoré, pourtant un proche de Bah NDaw, avait été arrêté.

Pourquoi donc les Autorités de la Transition procèdent-elles à une telle brigue ? Est-ce que c’est pour que les arrestations et intimidations de ces personnalités puissent leur servir dépouvantail contre toute éventuelle entreprise politique discordante ? Si oui, les Autorités de la Transition seraient-elles en mesure d’étouffer par les intimidations et la force des armes toutes les voix dissidentes ?

Une chose est évidente, le M5-RFP constitue la principale opposition au régime de la Transition. Ses ténors ne cessent d’accuser les militaires putschistes du CNSP d’avoir dominé le terrain politique en militarisant l’ensemble des organes de la Transition. Mais aussi et surtout le M5-RFP, qui ne cesse de dénoncer les dérives consécutives dans la formation des organes comme dans leur marche, exige une « refondation » de l’Etat et la nation malienne. Cette coalition sociopolitique au régime dIBK a juré de veiller à ce que cette refondation ait lieu. Pour ce faire, le M5-RFP a noué alliance avec l’UNTM, la principale centrale syndicale du pays, qui n’avait pas participé à la chute dIBK, pour faire pression sur les militaires.
Dans un communiqué rendu public, mardi 22 décembre, le président du PARENA, Tiébilé Dramé, a adressé une lettre au président de la Transition pour lui exprimer ses préoccupations relatives à la création par le Gouvernement d’une « Cellule d’appui aux opérations électorales de la Transition ». Ce parti trouve qu’un tel organe de gestion des élections est contraire aux recommandations du DNI pour d’essaisir l’administration du processus d’organisation des élections.
Pour le redressement de la Transition dans notre pays, une coalition politique est portée sur les fonts baptismaux ce mercredi 23 décembre. La Coalition pour le Redressement de la Transition (CRT) « Anka Faso Tilen » fustige le président et le Gouvernement de la Transition d’avoir militarisé les postes politiques et administratifs, laissant transparaitre leur mépris des urgences du pays au grand dam des populations abandonnées à leur sort aux plans sécuritaire, alimentaire, sanitaire. De même le CRT accuse les autorités transitoires de « violation de la Constitution de 1992 et de la Charte de la Transition ainsi que leur manque de transparence dans la gestion des affaires publiques etc.

Au regard de toutes ces conjonctures politiques extrêmement difficile, l’arme des arrestations et intimidations va faire long feu. Il faut forcement que les Autorités de la Transition s’accommodent aux nombreuses voix discordantes afin de mener à bien toutes les réformes nécessaires pour le Mali. Sinon, indubitablement la tâche ne leur serait pas aisée. Tant elles trouveront sur leur chemin des oppositions sociopolitiques légitimes. Tout simplement parce quelles auront méprisé les principaux acteurs politiques du pays.

Gaston Traoré

Source : mandeinfos.com

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