SEUL LE CONSENSUS SAUVERA LA DÉMOCRATIE MALIENNE

Le président burkinabé Roch Kaboré a nommé, le 10 janvier 2021, l’opposant Zéphirin Diabré au poste de ministre d’État, chargé de la Réconciliation.

Cette décision a la même portée patriotique que celle qui a consisté, pour le Sénégalais Macky Sall, à nommer l’opposant Idrissa Seck à la tête du Conseil économique.

J’en déduis que 8 ans après le général ATT (paix à son âme), les présidents Sall et Kaboré ont enfin compris que pour tropicaliser la démocratie et prévenir les violences politiques, il faut partager le pouvoir, gérer le pays dans le consensus, de concert avec l’essentiel des forces politiques.

Je suis un partisan viscéral de ce système de gouvernance consensuel qui, seul, permet d’adapter la démocratie à l’Afrique.Ceux qui prétendent qu’il faut une majorité et une opposition en démocratie se focalisent sur l’exemple européen ou américain. Ils ne comprennent pas que la majorité n’est pas réelle en Afrique, et ce, pour deux raisons majeures:

* le président élu en Afrique l’est toujours par une minorité du peuple. Par exemple, lors de la présidentielle de 2018 au Mali, seuls 3,4 millions de personnes ont voté. Soit moins de 20% de la population. Et dans ces 20%, le président élu, IBK, n’a obtenu au 1er tour que 41% des voix. Soit 1,3 millions de voix, c’est-à-dire 6% de la population. Comment, avec 6% de socle social, un président peut-il prendre tout le pouvoir et l’exercer sur les 94% restants ? Il lui faut partager le pouvoir s’il veut gouverner en paix;

* le peuple malien est majoritairement illettré et pauvre. Son illettrisme l’empêche de distinguer les bons programmes politiques des mauvais et sa pauvreté l’empêche de voter librement puisqu’il préférera vendre son vote pour une miche de pain. Or, à ce jeu d’achat des votes, le président sortant a 1000 fois plus de moyens que ses rivaux. Ces derniers n’obtiendront donc jamais l’alternance par les voies légales. D’où les coups d’État à répétition.

Cheick  Oumar Konaré 

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