Edito : Triste réalité !

A la veille du 20 janvier 2021, fête commémorative de la naissance de larmée malienne, le Président de la Transition a solennellement annoncé que cette institution, « consciente des responsabilités qui pèsent sur ses épaules », est au front. Quelle remporte des victoires. Quelle participe à toutes les opérations conjointes avec ses Alliés. Que lennemi perd du terrain. Et quelle « sera au rendez-vous pour assurer la sécurité des futures élections générales ». Ce discours très optimiste du Chef de lEtat contraste grandement avec celui dune bonne partie de ses concitoyens.
Ces maliens sont convaincus que linsécurité et le banditisme ont plutôt atteint leur paroxysme sur lensemble du territoire national. Que larmée perd plutôt du terrain au profit des rebelles et bandits armés, laissant les populations civiles à leur sort. Ils sont hélas confortés dans leur conviction par les faits et les chiffres qui sont visiblement têtus. Au lendemain de ladresse de Col Bah NDaw,  huit  soldats  maliens  sont tués  entre Mondoro et Koro, près de la frontière avec le Burkina Faso,  dans le centre du pays par un engin explosif improvisé attribué aux « djihadistes ». Ce qui porte à neufs soldats maliens tués en une semaine.
Comme si cela ne suffisait pas : en moins de 72 heures, dans la nuit du samedi au  dimanche, deux postes de sécurité Famas à Mondoro et Boulkessi, localités situées dans la région de Mopti,  sont aussi attaqués simultanément. Et le constat amer est que deux tiers du territoire national (notamment le nord et le centre et une partie du sud et de louest) constituent des zones dinsécurité notoire. Qui échappent au contrôle de lEtat. Encore que des embuscades et attaques contre les Famas et les forces Barkhane et la Minusma demeurent une constante. Sans compter que sur les routes nationales tout comme dans la capitale, lon est très souvent en proie à des attaques à main armée. Linsécurité est incontestablement une triste réalité au Mali.
Venues officiellement pour aider notre pays à combattre le terrorisme international, les forces étrangères senlisent et narrivent pas à mettre fin à cette insécurité pour y asseoir la stabilité. Une autre triste réalité dont les autorités maliennes, incapables de dénoncer, sen accommodent (pourquoi ?). Mais une situation qui inquiète énormément les populations. Elles sont de plus en plus nombreuses à sinterroger sur la nécessité de la présence de ces forces étrangères. En loccurrence, sur leur agenda réel.
Doù le souhait dun grand nombre de maliens de voir rapidement la fin des mandats de Barkhane et la MINUSMA. Certains dentre eux ont eu le courage de le manifester le 20 janvier dernier au monument de lindépendance. Mais ils ont été matraqués et gazés par les forces de sécurité maliennes. Sil est bien une évidence que le départ précipité des forces étrangères du Mali est difficile et problématique. Toutefois, il faut que les autorités maliennes trouvent une alternative crédible à cette présence controversée quinfructueuse.
Bah NDaw, qui séjourne présentement en France, doit sévertuer auprès de son hôte hexagonal afin que les choses changent pour lintérêt de son pays. Mais quoi quil advienne, les manifestations du 20 janvier dernier auront certainement le mérite de  pousser Barkhane et Minusma dapporter plus de coopération avec notre armée et aussi de la transparence dans leur campagne militaire au Mali.

Gaoussou Madani Traoré

Source:  Le Pélican 

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