Comme promis dans notre dernière édition, voici la suite de l’interview que le ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, M. Lamine Seydou Traoré a bien voulu accorder à L’Express de Bamako pour parler des chantiers en cours au sein de son département, mais aussi des perspectives à court, moyen et long termes dans les secteurs stratégiques de Mines, de l’Énergie et de l’Eau. Nous avons pu prendre connaissance des efforts et innovations en cours pour ce qui concerne l’eau et l’électricité, la gestion plus efficiente des sociétés qui s’occupent de ces secteurs. Cette deuxième et dernière partie de l’entretien avec le ministre traite des actions en cours pour les recherches pétrolières et pour comment faire fructifier l’or du Mali au profit des maliens, comme promis par le Président de la Transition Bah N’Daw… Lisons alors !
L’Expresse de Bamako: Monsieur le ministre, le pétrole au Mali, mythe ou réalité ?
Le ministre Lamine Seydou Traoré: Tout comme le secteur minier dans le temps, où plusieurs compagnies minières sont venues au Mali et reparties en disant que la quantité dans le sous-sol malien n’est pas de taille, pour ensuite revenir quand les autres ont commencé exploité (aujourd’hui nous sommes 2ème pays producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud), c’est presque la même chose pour le pétrole. Ce n’est donc pas un mythe, mais bien une réalité.
Pour avoir le pétrole, en principe c’est une question de quantité, mais c’est aussi une question de stabilité. Vous savez, même sur le plan minier, il y a encore des zones que nous n’avons pas exploré, parce que les études géo qu’on doit mener pour montrer aux investisseur que nous avons des indices concordant et prépondérants qui fondent à dire qu’il y a de l’or ici sur ces zones n’ont pas été faites, si bien qu’on peut dire qu’il y en a encore plus qu’on n’y pense.
C’est la même chose pour le pétrole. On a fait des études sur quelques blocs, et l’essentiel de ces blocs se trouve au Nord. La SONATRACT, qui est la compagnie pétrolière Algérienne, avait commencé à fouiller des puits pour avoir des éléments et déterminer la quantité qui pouvait y avoir, afin de faire des études de rentabilité et de faisabilité pour s’assurer qu’elle pouvait récupérer l’investissement qu’elle allait faire à cette fin. Avec l’instabilité, tout est à l’arrêt. C’est pourquoi aujourd’hui, nous travaillons à ce que les études que nous avons mené nous indiquent s’il y a plus de pétrole dans la zone de Nara. Donc, à la question de savoir s’il y a du pétrole au Mali ? Je dirai oui ! Peut-il être exploité dans un court délai, ça c’est la question ! Nous travaillons beaucoup à faire en sorte que nous puissions poser toutes les bases pour une production de pétrole dans les meilleurs délais.
De la même manière, nous avons l’ambition d’organiser le secteur minier malien et les mines traditionnelles. Pour cela, il y a le nouveau code minier dont nous avons approuvé l’adoption et la convention type qui va avec. Ce nouveau code a tenu compte de tous les insuffisances qu’il y avait dans les anciens codes. Ce nouveau code apporte également plusieurs innovations. On peut noter que l’accent a été mis sur le développement local, c’est à dire quand une mine intervient sur un site, déjà elle paye une redevance pour le développement de ladite localité dans laquelle la mine est installée. A côté du développement local, il y a un autre aspect qui est important et qui devient universel : c’est la notion de contenu local. C’est-à-dire, quand une mine s’implante, elle doit faire travailler les Maliens.
Mais au-delà de tout cela, ce qui est important pour l’industrie extractive, c’est la chaine de valeur qui va de l’achat des matières premières jusqu’à la sortie de l’or au niveau de la fonderie. Il faut que les entreprises nationales et locales soient surtout positionnées sur ça.
Aujourd’hui, le prix de l’or à tendance à la hausse, ce qui me met dans une situation confortable pour pouvoir négocier avec les miniers. Car nous avons pris des engagements avec ces sociétés, et il faut que nous honorions ces engagements. Qu’à cela ne tienne, nous sommes dans un dynamique de partenariat avec eux, tout ce qui concoure à faire que l’or brille davantage pour les maliens, les investisseurs sont très réceptifs à cela.
En perspective, nous travaillons à renforcer le contrôle de l’État dans ce secteur. Il s’agit pour nous de créer une Agence de gestion du Patrimoine minier qui va fonctionner comme autorité de régulation et qui sera dotée de ressources financières et humaines nécessaires pour ce faire. Et pour cause, qui dit contrôle, dit des outils ! Il faut que l’or puisse être travaillé de bout en bout et même commercialisé au Mali… Pour cela, nous avons besoin de notre propre unité d’affinage, ce qui n’est pas facile, car il n’existe qu’en Afrique du Sud.
Parallèlement, l’orpaillage traditionnel va être mis en valeur. Il faut à ce niveau faire la part des choses. Ce qui est interdit, c’est d’aller cherche de l’or sur le fleuve, mais aller chercher de l’or dans les couloirs d’orpaillage traditionnel, cela se fait dans les conditions définies par la loi.
Aussi, nous travaillons pour que les maliens qui veulent faire de l’orpaillage traditionnel leur affaire puissent le faire dans des meilleures conditions et en tirer profit, avec la mise en place des comptoirs d’achat et de vente ou à travers la mise en valeur du patrimoine culturel malien avec de l’or… Il faut trouver des moyens afin de faire en sorte que l’or qui est produit au Mali puisse alimenter le marché malien en termes de bijouterie et autres.
Quel le plus grand challenge pour le ministre Lamine Seydou Traoré ?
À cette question, le ministre Traoré dira que la plus grande difficulté à laquelle les autorités font face est la rareté des ressources financières. « Il faut admettre que nous traversons une crise multidimensionnelle qui fait que les bailleurs de fonds sont presque tous partis. Il faut tout faire pour qu’ils reviennent, car l’agent n’aime pas le bruit ! Il faut savoir que notre production propre est très insuffisante aujourd’hui, même le ratio en termes de dette se sent de plus en plus contrarié, parce que le numérateur est faible. Le numérateur qui est notre Produit intérieur brut (PIB) est faible, parce qu’avec la pandémie, tous les pays sont fortement contrariés. Or, nous, en plus de la crise sanitaire, vivons une crise sociale, sécuritaire et une forte crise politique… Sinon la volonté est là, les hommes qu’il faut sont en place ! Maintenant, il faut travailler à trouver des ressources, et nous y arriverons avec l’aide de tous.
C’est d’ailleurs pour cela que je m’adresse particulièrement aux maliens pour leur rassurer que le gouvernement de transition, sous la direction éclairée du Président Bah N’Daw, du Vice-président, le colonel Assimi Goïta, et du Premier ministre Moctar Ouane, reste résolument engagé à tout mettre en œuvre pour leur faciliter davantage la vie de tous les jours. C’est pourquoi j’ai demandé à mes collaborateurs de rester déterminé et débout pour le travail et pour l’éthique, parce que ce n’est qu’avec ça qu’on parviendra à sortir le pays des difficultés, c’est avec ça que nous parviendrons à sortir nos deux sociétés qui fournissent des services publiques indispensables (l’eau source de vie, et sans électricité, il n’y a pas de développement) des déficits structurels dans lesquels elles sont plongées.
Source: L’express de Bamako
Réalisée par Moussa DIARRA
L’Expresse de Bamako: Monsieur le ministre, le pétrole au Mali, mythe ou réalité ?
Le ministre Lamine Seydou Traoré: Tout comme le secteur minier dans le temps, où plusieurs compagnies minières sont venues au Mali et reparties en disant que la quantité dans le sous-sol malien n’est pas de taille, pour ensuite revenir quand les autres ont commencé exploité (aujourd’hui nous sommes 2ème pays producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud), c’est presque la même chose pour le pétrole. Ce n’est donc pas un mythe, mais bien une réalité.
Pour avoir le pétrole, en principe c’est une question de quantité, mais c’est aussi une question de stabilité. Vous savez, même sur le plan minier, il y a encore des zones que nous n’avons pas exploré, parce que les études géo qu’on doit mener pour montrer aux investisseur que nous avons des indices concordant et prépondérants qui fondent à dire qu’il y a de l’or ici sur ces zones n’ont pas été faites, si bien qu’on peut dire qu’il y en a encore plus qu’on n’y pense.
C’est la même chose pour le pétrole. On a fait des études sur quelques blocs, et l’essentiel de ces blocs se trouve au Nord. La SONATRACT, qui est la compagnie pétrolière Algérienne, avait commencé à fouiller des puits pour avoir des éléments et déterminer la quantité qui pouvait y avoir, afin de faire des études de rentabilité et de faisabilité pour s’assurer qu’elle pouvait récupérer l’investissement qu’elle allait faire à cette fin. Avec l’instabilité, tout est à l’arrêt. C’est pourquoi aujourd’hui, nous travaillons à ce que les études que nous avons mené nous indiquent s’il y a plus de pétrole dans la zone de Nara. Donc, à la question de savoir s’il y a du pétrole au Mali ? Je dirai oui ! Peut-il être exploité dans un court délai, ça c’est la question ! Nous travaillons beaucoup à faire en sorte que nous puissions poser toutes les bases pour une production de pétrole dans les meilleurs délais.
De la même manière, nous avons l’ambition d’organiser le secteur minier malien et les mines traditionnelles. Pour cela, il y a le nouveau code minier dont nous avons approuvé l’adoption et la convention type qui va avec. Ce nouveau code a tenu compte de tous les insuffisances qu’il y avait dans les anciens codes. Ce nouveau code apporte également plusieurs innovations. On peut noter que l’accent a été mis sur le développement local, c’est à dire quand une mine intervient sur un site, déjà elle paye une redevance pour le développement de ladite localité dans laquelle la mine est installée. A côté du développement local, il y a un autre aspect qui est important et qui devient universel : c’est la notion de contenu local. C’est-à-dire, quand une mine s’implante, elle doit faire travailler les Maliens.
Mais au-delà de tout cela, ce qui est important pour l’industrie extractive, c’est la chaine de valeur qui va de l’achat des matières premières jusqu’à la sortie de l’or au niveau de la fonderie. Il faut que les entreprises nationales et locales soient surtout positionnées sur ça.
Aujourd’hui, le prix de l’or à tendance à la hausse, ce qui me met dans une situation confortable pour pouvoir négocier avec les miniers. Car nous avons pris des engagements avec ces sociétés, et il faut que nous honorions ces engagements. Qu’à cela ne tienne, nous sommes dans un dynamique de partenariat avec eux, tout ce qui concoure à faire que l’or brille davantage pour les maliens, les investisseurs sont très réceptifs à cela.
En perspective, nous travaillons à renforcer le contrôle de l’État dans ce secteur. Il s’agit pour nous de créer une Agence de gestion du Patrimoine minier qui va fonctionner comme autorité de régulation et qui sera dotée de ressources financières et humaines nécessaires pour ce faire. Et pour cause, qui dit contrôle, dit des outils ! Il faut que l’or puisse être travaillé de bout en bout et même commercialisé au Mali… Pour cela, nous avons besoin de notre propre unité d’affinage, ce qui n’est pas facile, car il n’existe qu’en Afrique du Sud.
Parallèlement, l’orpaillage traditionnel va être mis en valeur. Il faut à ce niveau faire la part des choses. Ce qui est interdit, c’est d’aller cherche de l’or sur le fleuve, mais aller chercher de l’or dans les couloirs d’orpaillage traditionnel, cela se fait dans les conditions définies par la loi.
Aussi, nous travaillons pour que les maliens qui veulent faire de l’orpaillage traditionnel leur affaire puissent le faire dans des meilleures conditions et en tirer profit, avec la mise en place des comptoirs d’achat et de vente ou à travers la mise en valeur du patrimoine culturel malien avec de l’or… Il faut trouver des moyens afin de faire en sorte que l’or qui est produit au Mali puisse alimenter le marché malien en termes de bijouterie et autres.
Quel le plus grand challenge pour le ministre Lamine Seydou Traoré ?
À cette question, le ministre Traoré dira que la plus grande difficulté à laquelle les autorités font face est la rareté des ressources financières. « Il faut admettre que nous traversons une crise multidimensionnelle qui fait que les bailleurs de fonds sont presque tous partis. Il faut tout faire pour qu’ils reviennent, car l’agent n’aime pas le bruit ! Il faut savoir que notre production propre est très insuffisante aujourd’hui, même le ratio en termes de dette se sent de plus en plus contrarié, parce que le numérateur est faible. Le numérateur qui est notre Produit intérieur brut (PIB) est faible, parce qu’avec la pandémie, tous les pays sont fortement contrariés. Or, nous, en plus de la crise sanitaire, vivons une crise sociale, sécuritaire et une forte crise politique… Sinon la volonté est là, les hommes qu’il faut sont en place ! Maintenant, il faut travailler à trouver des ressources, et nous y arriverons avec l’aide de tous.
C’est d’ailleurs pour cela que je m’adresse particulièrement aux maliens pour leur rassurer que le gouvernement de transition, sous la direction éclairée du Président Bah N’Daw, du Vice-président, le colonel Assimi Goïta, et du Premier ministre Moctar Ouane, reste résolument engagé à tout mettre en œuvre pour leur faciliter davantage la vie de tous les jours. C’est pourquoi j’ai demandé à mes collaborateurs de rester déterminé et débout pour le travail et pour l’éthique, parce que ce n’est qu’avec ça qu’on parviendra à sortir le pays des difficultés, c’est avec ça que nous parviendrons à sortir nos deux sociétés qui fournissent des services publiques indispensables (l’eau source de vie, et sans électricité, il n’y a pas de développement) des déficits structurels dans lesquels elles sont plongées.
Source: L’express de Bamako
Réalisée par Moussa DIARRA