TRANSITION AU MALI : FAUT-IL CROIRE À LA SINCÉRITÉ DU PRÉSIDENT ASSIMI GOÏTA ?

18 août 2020 – 24 mai, le Mali a enregistré son deuxième coup d’Etat en moins d’une année. Tous ces coups de forces sont l’œuvre  des auteurs  de  l’ex-CNSP (Comité  national  pour le salut du peuple), piloté  par  le colonel Assimi Goïta. Ce dernier a justifié  le renversement du président  de  la transition et a accusé  le colonel Major  à la retraite, Bah N’Daw et son premier  ministre Moctar  Ouane, d’avoir  trahi  la charte  de la transition. Selon  le commandant Baba Cissé de  l’équipe  du colonel Assimi Goïta, ces  démissions font suite à une série d’évènements qui avaient empêché le fonctionnement normal de la transition. Il  y avait de différends profonds, tant  sur  la forme  que sur le fond pour  ce qui concerne  le fonctionnement de la transition. « C’est parce que le président  de  la transition, M’Bah N’Daw a démissionné  de toutes ses charges avec toutes les conséquences de droit de même que le chef du gouvernement », dit  le commandant Baba Cissé. Selon  lui, les domaines  de la défense, de la  sécurité,  de la gouvernance, de la gestion du pays en général, sont au  centre des différents blocages. Pour  ce qui concerne la défense  et la sécurité, aux  dires de Baba Cissé, il a été malheureusement  constaté que  les différents  problèmes rencontrés allaient conduire à l’effritement de la cohésion  au sein  des forces de défense et de sécurité  avec les limogeages et les changements abusifs. Toute chose qui était de nature à jouer  sur l’équilibre  des forces et la démoralisation  des troupes sur le terrain de la défense de la partie et une certaine rupture dans la chaîne de commandement. Cela allait aussi, dit-il,  causer  une certaine rupture  en termes de logistique dans l’approvisionnement des opérations sur le terrain.




Sur  le plan  de  la gouvernance, appuie le commandant Baba Cissé, le vice-président  de la transition  avait nourri  l’ambition  de faire  l’audit de la loi  d’orientation  et de programmation  militaire lors d’une séance de conseil de défense. « Il y a eu blocage à ce niveau », affirme le commandant Baba Cissé. Un autre blocage, poursuit le commandant Baba Cissé, a été l’opposition du président de la transition à l’arrestation  de certains dignitaires impliqués dans la mauvaise gestion financière et militaire du régime. Si on avait aussi tenu compte des recommandations de la conférence sociale (Dialogue national inclusif) dont les conclusions, poursuit  le commandant Baba Cissé, auraient pu éviter  les grèves incessantes, notamment celle illimitée de l’UNTM.  Autre  blocage  qui  avait  été constaté, étale  le commandant Baba Cissé, c’est celui concernant le programme des élections. « Longtemps aussi, cette programmation avait été bloquée par les soins du président de la transition », déclare le commandant Baba Cissé.  Ces motifs ont été mis à l’attention des autorités coutumières religieuses, au recotrade, aux partis politiques, aux organisations de la société civile, à la presse, aux femmes, aux jeunes, etc., par le président confirmé par la cour constitutionnelle après la démission constatée du président de la transition : Colonel Assimi Goïta. «Entre le  chaos et la stabilité, nous avons choisi la stabilité », a-t-il dit à ses interlocuteurs tour à tour. Avant de les inviter tous, de même que le peuple malien, à les aider pour arriver à bon port. Dans la foulée de ces interventions, il  a annoncé  aux uns et aux autres son  choix de donner la primature au M5-RFP. Est-ce pour  reconnaître  l’erreur  du passé (la drible jouée au M5-RFP après  le coup d’Etat  du 18 août 2021) ?, ou bien  pour  ne pas avoir le peuple contre lui ? En tout cas, à entendre  parler  le colonel Assimi Goïta, l’on ne peut pas douter de sa sincérité. Mais faut-il croire à cette sincérité du  second  président  de la transition, Assimi Goïta ?  Lui qui avait conduit, sur instruction du président Bah N’Daw, la mise en place du CNT (Conseil national de transition)  en violation de la charte  et qui a été toujours dénoncé par le M5-RFP?  Faut-il  croire  à la sincérité  du président Assimi Goïta  quand il parle  de la charte par  le président Bah N’Daw et le premier ministre Moctar Ouane ? Des questions  qui taraudent  l’esprit des gens. Le M5-RFP ne sera-t-il pas « trahi » de nouveau par  l’auteur  du putsch  du 18 août 2020  dont  le porte-parole colonel  major Ismael Wagué  avait  dit qu’ils avaient parachevé  la lutte  du peuple  et qu’ils allaient constituer  rapidement  une transition  civile, qui par la suite, n’a pas été respectée ?  A  Assimi Goïta  de nous faire croire de sa sincérité ayant  désormais le boulevard ouvert devant lui.

Hadama B. Fofana

  Source: Le Républicain- Mali



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